«J’ai 67 Ans, Je Vis Seule… J’ai Demandé à mes Enfants de m’Accueillir, mais Ils Ont Refusé. Je Ne Sais Plus Comment Vivre»

**Journal personnel 17 octobre 2023**

Jai 67 ans. Je vis seule à Lyon, dans un vieil appartement de deux pièces où résonnaient autrefois les rires des enfants, où lodeur des gâteaux maison embaumait les couloirs, où les soirées ségayaient de musique et où les vestes et les cartables traînaient toujours quelque part. Maintenant, il ny a plus que le silence. Un silence si lourd quil semble parfois que les murs ont cessé de respirer. Mon mari est mort il y a huit ans. Mes enfants ont grandi. Et je suis seule. Vraiment seule. Ce nest pas une métaphorecest une solitude pure, qui résonne dans chaque coin.

Je continue à travailler. Pas par besoin dargentma retraite, bien que modeste, suffit. Je travaille parce que cest la seule chose qui mempêche de perdre la raison. La routine me sauve du silence, de la télévision qui parle toute seule, du frigo où un bol de soupe dure trois jours.

Je nai pas de passions. Et pour être honnête, je nai même pas envie den trouver. Je pensais être trop vieille pour commencer quelque chose de nouveau. Cest ce que je me suis répété pendant des années. Jai demandé à mon filsil a trois enfants, ils vivent dans une maison en banlieue. Je lui ai proposé : « Je pourrais minstaller chez vous, aider avec les petits-enfants. » Mais ma belle-fille a refusé. Elle a été claire : cest difficile de partager son quotidien avec une personne âgée. Je ne lui en veux pas. Les jeunes sont différents. Ils ont besoin de leur espace, de leurs habitudes, de leurs règles.

Jaimerais vivre avec ma fille. Elle a une famille, un travail, deux enfants. Elle maime beaucoup. Elle maccueille toujours avec joie, minvite à déjeuner, écoute mes histoires en souriant. Mais vivre ensemble ? Elle ne veut pas. Pas par manque damour, mais parce que sa vie est déjà tracée. Quand je suis chez elle, mon cœur se remplitbruit, mouvement, vie. Mais plus je reste, plus il est difficile de rentrer dans mon appartement vide. Pourtant, je rentre. Parce que je nai nulle part ailleurs où aller.

Je me suis souvent demandé : la vieillesse doit-elle être ainsi ? Une solitude inévitable ? Puis quelque chose en moi sest brisé. Jai compris : je nen peux plus. Ce nest pas normal. Ce nest pas une question dâgecest une question davoir perdu le goût de vivre.

Le psychologue que jai consulté récemment ma dit une chose importante : « À 67 ans, madame, vous nêtes pas vieille. Vous êtes vivante. Vous êtes simplement perdue. » Il ma expliqué que ce manque de passions, ou même denvie den avoir, est un signe dalerte. Peut-être le début dune dépression. Et que jai besoin daidedun médecin, dun thérapeute, de la vie.

Il ma aussi rappelé : vos enfants ne sont pas obligés de partager leur maison avec vous. Ils ont construit leur vie. Et cest sain. Mais vous aussi, vous pouvez bâtir quelque chose de nouveau. Vous avez du temps, de lénergie. Personne nattend rien de vous, personne ne vous presse. Cest une liberté, pas une condamnation.

« Cherchez des activitésclubs gratuits, expositions, ateliers, conférences. Trouvez quelque chose qui éveille votre curiosité. Visitez des endroits où vous nêtes jamais allée. Faites des rencontrescest possible à tout âge », ma-t-il conseillé.

Jai réfléchi. Et cest vrai. Combien dendroits ai-je repoussés à « un jour » ? Combien de livres ai-je empilés « pour plus tard » ? Combien de personnes, comme moi, sont chez elles, se disant quelles ne servent plus à rien ?

Jai encore peur. Avoir peur nest pas un péché. Le péché, cest abandonner. Et je nabandonnerai pas. Pas maintenant. Je me suis promis : je vais essayer. Une petite chose. Marcher deux arrêts de bus de plus. Faire un saut à la bibliothèque. Minscrire à un cours de dessin. Ou à un club de jardinage. Qui sait ?

Et mes enfants Ils sont là. Même si ce nest pas sous le même toit. Ils mappellent. Ils me serrent dans leurs bras. Ils maiment. Et ça aussi, cest du bonheur. Cest assez pour ne pas me sentir abandonnée. La vie a changé. Et il est temps que je change avec elle.

Jai 67 ans. Je suis vivante. Et il y a encore de belles choses devant moi. Limportant, cest de men souvenir au réveil. Et de ne pas avoir peur de recommencer. Même si ce recommencement nest quune tasse de café et un pas dehors.

Aujourdhui, jai appris : la solitude est un choix. Et je choisis douvrir la porte.

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