La Vie Solitaire d’un Célibataire Endurci : Serein dans Sa Propre Compagnie

La Vie Solitaire dun Vieux Garçon : Serein en Sa Compagnie

Pierre était un célibataire dun certain âge. Il menait sa vie sans hâte, et la solitude ne lavait jamais dérangé. Il travaillait comme un forçat, mais adorait son métier. Méticuleux, tout devait être parfait, chaque objet à sa place. Il avait connu bien des femmes, mais aucune ne lui avait semblé idéale. Cet été-là, fin juillet, il décida de prendre des vacances et de filer vers le sud. Las de la routine, il rêvait déchapper à la civilisation. Il se connecta et posta une annonce.

Une femme lui répondit, mère de deux enfants, habitant un petit village provençal. La plage était à vingt minutes à pied, mais lendroit était loin des stations balnéaires et des villes. Il y avait une chambre privée et, en échange des courses quil apporterait, elle lui préparait des repas maison. Il se laissa convaincre. Le voyage se passa bien, le GPS ne le trahit pas. La maison était vieille mais propre, la chambre douillette, et la propriétaire, Élodie, charmante. Dans le jardin gambadait une petite chienne, un épagneul nain. Les arbres fruitiers ployaient sous les fruits, tandis que les deux enfants, un garçon et une fille denviron neuf ou dix ans, aidaient aux tâches quotidiennes. Élodie ne lembêtait pas, se contentant de lui demander ce quil voulait manger, lui remplissait son assiette de fraises et lui souriait avec gentillesse.

Pierre passait ses journées à la plage : nageant, escaladant les rochers, prenant des photos et échangeant des messages avec un vieil ami sur Facebook. Parfois, il se demandait comment une femme de cinquante ans pouvait avoir des enfants si jeunes. Un jour, il osa poser la question :

Élodie, ce sont vos petits-enfants ?

Non, répondit-elle en riant, ce sont mes enfants, juste un peu tardifs. La vie ne ma pas menée au mariage, mais jai voulu être mère. Et je ne suis pas si vieille, jai 48 ans.

En parlant, Pierre lobserva mieux. Elle était sympathique, riait facilement, et son nom lui plaisait. Élodie. Élodinette. Ça lui rappelait sa mère. Et elle sentait la fraise et le beurre frais. Le vin rosé était léger, les nuits douces, et le ciel, étoilé. Aucun des deux ne tournait autour du potils étaient adultes. Le jour, tout semblait normal, mais la nuit, Pierre se glissait discrètement du côté de la maison où dormait Élodie. Puis il retournait dans sa chambre. Les enfants ne devaient rien savoir. La chienne ne jappait même pas, le regardant dun air malin, comme si elle comprenait tout. Brave bestiole, économe. Deux cuillerées de pâtée et elle montait la garde fidèlement. Elle sappelait Bijou.

Et Bijou se mit à laccompagner à la plage : nageant avec lui, se roulant dans le sable, séchant au soleil et rentrant avant lui. Il la suivait ensuite. Mais un jour, Bijou ne revint pas. Pierre la chercha partout, hurla son nom, colla des dizaines daffiches dans le village. Où était-elle ? Une voisine suggéra que des touristes louant une maison à lautre bout du village auraient pu la prendre. Pierre sy rendit. Il arriva juste à temps pour apprendre quils étaient partis, une petite chienne avec eux, une heure plus tôt, en direction de la nationale.

Pierre sauta dans sa voiture et accéléra. Il les rattrapa quatre-vingts kilomètres plus loin, leur bloquant la route. Deux jeunes filles descendirent du 4×4, insolentes et sûres delles.

Hé, dégage ta caisse ! Tu sais pas conduire ? On appelle les flics !

Appelez, rétorqua Pierre, mais rendez-moi la chienne dabord.

Tas de la chance, ricana la plus grande. Elle était abandonnée, on la sauve.

Elle nest pas abandonnée, riposta-t-il. Elle a une famille. Elle nest pas à vous.

Dégage ! cria lautre. Si tu bouges pas, on te casse la gueule !

Pierre les contourna et appela : Bijou ! La chienne se mit à japper et à sauter sur les sièges, essayant datteindre la vitre entrouverte. Les filles la retenaient, linsultant et menaçant Pierre. Il ne savait que faireil ne frapperait pas des femmes.

Heureusement, un gendarme apparut, suant et lair épuisé. Bouchant ses oreilles face aux cris, il prit Bijou.

Silence ! La chienne va avec celui quelle choisit. Aucun de vous na ses papiers.

Viens, ma puce, tentèrent les filles, agitant un bout de jambon.

Allez, Bijou, dit Pierre.

Le gendarme la posa par terre. Elle fila vers Pierre, remuant la queue et jappant joyeusement.

On dirait que cest réglé, soupira le gendarme.

Non, elle est à nous ! hurlèrent les filles. Vous navez pas le droit ! On va se plaindre !

Le gendarme rougit.

Soit vous partez maintenant, soit je contrôle lassurance, lextincteur, le triangle, la trousse de secours et je compte tous vos comprimés. La voiture est sale, et en plus, je vérifie si elle nest pas volée. Et le système est seulement à la gendarmerie

Le 4×4 disparut en un clin dœil.

Pierre serra la main du gendarme.

Merci.

De rien. Jai un toutou pareil. Malin et têtu. Lhiver, il porte un manteau, il craint le froid. Bonne race, fidèle. Et la taille est pratique. Bonne chance. Ne roulez pas trop vite.

Pierre remonta en voiture. Bijou sinstalla sur ses genoux, bien au chaud, son pelage doux comme du velours. Il se sentit biença faisait longtemps. La route était calme, le moteur ronronnait, et Bijou était tranquille. Mais dans cette paix, son cœur se serra. Bientôt, il devrait repartir. Personne ne lattendait chez lui. Lidée de faire demi-tour et demmener Bijou lui traversa lesprit. Après tout, que possédait-il ? Quelques t-shirts, des sous-vêtements, un jogging. Lidée clignota. Pierre la nota mentalement, soupira et rentra chez Élodie.

La dernière semaine fut pluvieuse, mais Pierre continua daller à la plage. Avec Bijou. La nuit, il se faufilait dans la chambre dÉlodinette, et le matin, la tristesse grandissait. Le jour du départ, le soleil brillait. Pierre fit ses valises la veille. Il laissa un cadeau à Élodie, lui dit au revoir, lui donna son numéro et monta en voiture.

Il démarra lentement, songeant que les vacances et lidylle estivale se terminaientil fallait retrouver la routine. Il venait de quitter le chemin de terre pour le goudron quand il aperçut Bijou courant derrière la voiture. Il accéléra. Elle courut plus vite. Pierre appuya sur laccélérateur.

La chienne commença à

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La Vie Solitaire d’un Célibataire Endurci : Serein dans Sa Propre Compagnie
Au cimetière, une femme élégante entend la question d’un sans-abri : ‘Vous aussi, vous avez connu ma mère ?’ Elle s’effondre, terrassée par l’émotion.