Mais qu’est-ce que tu fais là ? On ne t’attendait vraiment pas…» murmura la belle-sœur, déconcertée en apercevant Rita sur le seuil de sa maison de campagne.

Mais quest-ce que tu fais là ? On ne tattendait pas murmura la belle-sœur, déconcertée, en apercevant Margot sur le seuil de sa maison de campagne.

Margot éteignit le moteur et contempla la petite maison à travers le pare-brise. Rien ne semblait avoir changé le même toit bleu, les mêmes bouleaux bordant le terrain, la même barrière que son père avait peinte en vert autrefois. Seule la lumière allumée sur la véranda la surprenait. Des voisins, peut-être ? Mais ceux-ci savaient bien quelle nétait pas venue depuis près dun an.

Elle se pencha pour attraper son sac à larrière et simmobilisa. Quelquun se promenait dans le jardin. Une silhouette furtive passa entre les pommiers, puis réapparut, plus près de la maison. Une femme en débardeur et short, un enfant dans les bras.

Quest-ce que cest que cette histoire marmonna Margot en sortant de la voiture.

Elle sapprocha de la barrière et sarrêta net. Des voix, des rires, le bruit de vaisselle résonnaient à lintérieur. Sur la véranda, du linge denfant séchait. Sous lauvent, des vélos deux adultes, un pour enfant. Et la barrière la barrière nétait pas fermée. Margot la poussa, elle souvrit avec un grincement familier.

Ses pieds la portèrent jusquau perron. Une seule pensée martelait son esprit : quelquun vivait ici. Chez elle. La porte dentrée était aussi ouverte, et dans le couloir, elle faillit trébucher sur des sandales denfant. Des vestes inconnues pendaient aux patères, deux grandes valises et un panier de jouets encombraient un coin.

Son cœur battait à tout rompre. Margot écouta une voix féminine venait de la cuisine, parlant dune promenade en forêt le lendemain, puis un rire denfant et un froissement dassiettes. Une odeur de pommes de terre sautées et daneth flottait dans lair.

Maman, on peut aller à la rivière demain ? demanda une voix claire de petit garçon.

On verra, Théo. Sil ne pleut pas

Margot avança dun pas vers la cuisine. Puis un autre. Elle se figea sur le seuil.

Attablés, un homme dune trentaine dannées en chemise à carreaux, une femme du même âge cheveux blonds en queue-de-cheval avec une fillette de trois ans sur les genoux. En face deux, un garçon plus âgé agitait sa fourchette en racontant quelque chose avec enthousiasme.

La femme la vit la première. Son visage se décomposa, ses yeux sécarquillèrent. La tasse à thé lui glissa des mains et se brisa sur le carrelage.

Mais quest-ce que tu fais là ? murmura-t-elle, déconcertée. On ne tattendait pas

Margot reconnut la voix. Élodie. La sœur de son ex-mari. Une belle-sœur toujours souriante et aimable tant que Margot était mariée à Laurent. Après le divorce, elle avait disparu.

Élodie ? la voix de Margot était étrangement rauque. Quest-ce que vous faites ici ?

Lhomme son mari, sans doute se leva lentement. Le visage empourpré, embarrassé. Les enfants se turent, observant cette tante inconnue avec curiosité.

Margot commença-t-il. On Laurent nous a dit que tu ne venais plus ici. Que la maison restait vide.

Laurent a dit ? Margot sentit la colère monter. Et quoi dautre a-t-il dit ?

Élodie ramassa les morceaux de tasse, toujours avec sa fille dans les bras. Celle-ci se blottit contre sa mère, inquiète.

Enfin on ne pensait pas bredouilla Élodie, nerveuse. Cest juste quon a des vacances, et louer un logement coûte cher. Laurent nous a dit quil avait encore les clés Tu te souviens ? Quand on venait tous ensemble, pour ton anniversaire il y a trois ans

Les clés étaient restées, répéta lentement Margot. Et vous avez pensé que vous pouviez vous installer chez moi comme chez vous ?

On aurait demandé, ajouta vite le mari dÉlodie. Mais ton numéro on ne savait pas comment te joindre.

Margot cligna des yeux. Est-ce quils croyaient vraiment que le seul problème était de ne pas avoir demandé ? Quelle aurait accepté de leur prêter sa maison avec le sourire ?

Depuis combien de temps êtes-vous là ?

Une semaine, avoua Élodie à voix basse. On prévoyait de rester encore dix jours

Dix jours, répéta Margot comme un écho.

Un silence pesant sinstalla. Le garçon posa sa fourchette et regarda ses parents. La petite fille se mit à geindre, sentant la tension.

Écoute, Margot, reprit le mari dÉlodie. On ne voulait pas de mal. La maison était vide. On a nettoyé, arrosé les fleurs, tondu la pelouse. On na rien abîmé.

Rien abîmé ? la voix de Margot monta dun ton. Vous vous êtes introduits chez moi, vous vivez ici comme si cétait chez vous, et vous osez dire que tout va bien ?

On ne sest pas introduits ! sindigna Élodie. Laurent nous a donné les clés ! On a cru

Quavez-vous cru ? Que jétais morte ? Que cette maison nappartenait à personne ?

Élodie serra sa fille plus fort. Son visage était livide.

Tu ne comprends pas, murmura-t-elle dune voix tremblante. On na que deux semaines de vacances par an. Pas dargent pour louer. Les enfants rêvaient de venir à la campagne

Et en quoi est-ce mon problème ? Margot fit un pas en avant, et toute la famille recula. Cest ma maison ! La mienne ! Je lai héritée de mon père !

On sait marmonna le mari dÉlodie. On a juste pensé

Pensé quoi ? Quon peut prendre ce qui ne nous appartient pas ?

Le garçon éclata en sanglots. Margot tressaillit. Pauvre enfant Mais non. Cette maison était son refuge, son unique lieu de paix.

Margot supplia Élodie. Sil te plaît Laisse-nous quelques jours encore. On a tout préparé, fait les courses. Les enfants étaient si heureux

Et où est-ce que je dors, moi ? Dans la rue ?

La maison est grande, hasarda le mari. On peut se serrer

Margot le foudroya du regard.

Me serrer ? Dans ma propre maison ?

Elle contempla la cuisine. Des assiettes inconnues sur la table, de la vaisselle dans lévier. Un bouquet de fleurs des champs dans le vase de son enfance. Une casserole de pommes de terre sur le feu.

Ils sétaient installés comme chez eux. Comme si cétait normal.

Et Laurent, il est où ? demanda soudain Margot.

Élodie et son mari échangèrent un regard.

Laurent ? Pourquoi ?

Parce que les clés venaient de lui. Et lautorisation aussi, apparemment.

Il est en ville, répondit Élodie à contrecœur. Il a ses affaires.

Ses affaires Margot sourit, sans joie. Donner la maison des autres, ça fait partie de ses affaires ?

La petite fille se remit à pleurnicher. Le garçon sanglotait dans sa manche.

Margot, sil te plaît implora Élodie. On est presque de la famille. Tu ne peux pas avoir un peu de cœur ?

De la famille ? Margot se raidit. On létait tant que jétais mariée à ton frère. Main

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Mais qu’est-ce que tu fais là ? On ne t’attendait vraiment pas…» murmura la belle-sœur, déconcertée en apercevant Rita sur le seuil de sa maison de campagne.
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