**Journal intime**
Aujourdhui devait être un jour de fête, un moment où lamour unit deux familles autour dun nouveau couple. Pour une mère, voir son fils se marier est un tournant émouvant. Pourtant, ce qui mattendait nétait que solitude et amertume.
Tout a commencé bien avant la cérémonie. Ma belle-fille, Élodie, ne ma jamais appréciée. Son regard était toujours froid, ses paroles mesurées, comme si ma présence la mettait mal à laise. Nous vivions à des kilomètres lune de lautre, elle à Lyon, moi à Bordeaux, et cette distance na fait quaccentuer notre malaise.
Quand jai appris le mariage, jai espéré que cette journée apaiserait les tensions, que lamour de mon fils, Théo, effacerait les vieilles rancœurs. Hélas, ce fut linverse.
Arrivée directement de Bordeaux, le cœur léger démotion, jai poussé la porte du restaurant. Lambiance était joyeuse : les rires, les conversations, les tables richement décorées sauf une. Dans un coin isolé, une table solitaire, avec une seule chaise. La mienne.
Et cétait son idée.
La vérité, je lai découverte plus tard, et elle ma transpercée. Élodie avait insisté pour que je sois mise à lécart, car, selon elle, je prenais « trop de place » dans la vie de son mari. Ma présence, disait-elle, menaçait leur union.
Pourtant, je nai jamais voulu être un obstacle. Comme toute mère, jaime mon fils, parfois maladroitement, peut-être trop fort, mais toujours sincèrement. Et cest cet amour même qui ma valu cette mise à lécart.
Ce petit geste cette table isolée était un message clair : désormais, cest elle, et non moi, qui compte avant tout pour Théo.
Jai compris alors que ce mariage scellait bien plus quune union. Il marquait, en silence, la séparation dune mère et de son fils.
