**LA DEUXIÈME FEMME**
Jétais persuadé que mon ex-femme allait bientôt fuir cette femme. Ella nétait pas de son monde. Maladroite, capricieuse, une aventurière impénitente. Elle avait six ans de plus que Vincent.
Certes, Ella était jolie, toujours habillée avec élégance. Elle savait se draper de mystère, jouer avec les apparences. Mais dès quelle ouvrait la bouche, tout ce charme sévaporait. Vincent, lui, était son opposé : doux, attentionné, calme. Vous vous demandez pourquoi nous avons divorcé, alors quil était si parfait ? La faute était mienne. Je ladmets
Quand nous nous sommes séparés, Vincent sest jeté à corps perdu dans les excès. Dabord, il a flirté avec une collègue, Anaïs. Elle le courtisait depuis des années, rêvant de lépouser. Anaïs avait un fils qui avait besoin dun père. Elle aurait tout fait pour devenir une mère pour Vincent. Elle le couvrait dattentions : repas savoureux, chemises repassées à la perfection Mais Vincent cherchait une épouse, pas une mère. Cette liaison na duré que trois mois.
Ensuite, ce fut au tour de ma meilleure amie, Olivia. Elle plaisait à Vincent depuis longtemps. Libre, sans attaches, assoiffée damour. Dès quelle a senti notre couple vaciller, elle sest transformée en épaule réconfortante. Vincent a passé un an à osciller entre elle et notre foyer éteint. Tout son argent filait vers Olivia. On aurait cru un mariage imminent
Puis Ella est apparue, comme un coup de théâtre. Ils se sont rencontrés chez des amis communs. « Vous êtes tous les deux seuls, avec des enfants, vivez et aimez-vous ! » ont-ils dit. Vincent lui a parlé dOlivia. « Une fiancée nest pas une épouse. Elle peut bien attendre ! » a rétorqué Ella.
Olivia a dû céder la place. Ella a traîné Vincent à la mairie, emménagé avec sa fille, Iris. À lépoque, nous avions déjà vendu notre appartement. Iris avait quatorze ans, une enfant difficile, fugueuse, trop indépendante.
Une fois mariée, Ella a convaincu la mère de Vincent déchanger son deux-pièces contre un studio. « Cest plus facile à entretenir à votre âge », a-t-elle dit. La pauvre femme a obéi, souhaitant seulement la paix pour son fils. Avec largent restant, Ella a rénové lappartement et sy est installée officiellement.
Ella était toujours dans les ennuis : une fourrure volée en boutique, une caisse qui ne tombait pas juste, des clients riches quelle vexait Son patron a fermé les yeux tant que Vincent remboursait les dettes. Dès le dernier centime payé, Ella a été licenciée.
Vincent lui a proposé de rester à la maison. « Ce sera plus économique. » Ella a accepté, mais point de tricot ni de cuisine. Ce furent cafés entre copines, salons de beauté, shopping. Vincent rentrait du travail, se faisait une omelette et attendait sa dulcinée. Comme on dit : « La femme samuse, lhomme ronge ses os. »
Chaque été, ils parcouraient lEurope. Vincent aimait sans compter.
Les années ont passé
À vingt ans, Iris a eu un enfant, père inconnu. Ella a dû soccuper du petit. Iris enchaînait les « papas » pour son fils, ce qui agaçait Vincent. Ella lui a alors demandé dacheter un appartement à Iris, un trois-pièces, bien sûr « Comme ça, elle trouvera un vrai père. » Vincent a obéi. Un homme bien est entré dans la vie dIris, aimant lenfant comme le sien. Mais Ella la rejeté : « Il ne gagne pas assez ! » À force de critiques, il est parti. Maintenant, cest Vincent qui paie tout.
Pour ses trente ans, notre fille voulait réunir la famille éclatée. Ella na pas laissé Vincent y aller seul. Elle sest invitée. Après quelques verres, elle sest mise à me parler de ses préférences masculines. Daprès elle, Vincent nétait même pas son type Mais il était sa baguette magique. « Un petit moue, et le voilà prêt à tout. Avec lui, cest la belle vie ! »
Las







