**Journal intime 15 novembre**
Cest toi qui las changé voilà ce que ma lancé lex-femme de mon nouveau mari.
« Maman, pourquoi est-ce quÉtienne na pas le même nom que nous ? » a demandé Lucas en feuilletant le cahier de son demi-frère.
Je me suis figée au-dessus de la marmite de pot-au-feu, la louche suspendue en lair. La question a plané comme une corde trop tendue. Lucas, assis à la table de la cuisine, faisait ses devoirs sans même lever les yeux, attendant ma réponse.
« Parce quil a un autre papa », ai-je répondu doucement en continuant à remuer.
« Et où est son papa ? »
« Il vit ailleurs. »
Lucas a enfin levé les yeux de son cahier pour me regarder avec une attention qui me perçait. À onze ans, il comprenait déjà beaucoup trop de choses.
« Pourquoi est-ce quÉtienne pleure parfois la nuit ? »
Mon cœur sest serré. Je le savais, bien sûr. Étienne, sept ans, étouffait ses sanglots dans loreiller. La psychologue scolaire parlait de stress, dadaptation difficile après le divorce et larrivée dun nouveau beau-père.
« Il a du mal à shabituer à notre nouvelle famille », ai-je murmuré en éteignant la gazinière.
« Moi, je my suis fait, à Philippe. Il est génial, non ? »
Jai souri. Oui, Philippe était un mari et un père merveilleux. Après mon divorce, javais élevé Lucas seule pendant trois ans, cumulant des emplois, mendormant épuisée sur ses devoirs. Puis je lavais rencontré à une réunion de parents lui aussi divorcé, père dÉtienne.
Nous avions pris notre temps, par peur de souffrir à nouveau, de blesser les enfants. Mais lamour avait été plus fort.
« Chérie, je suis rentré ! » a crié Philippe depuis lentrée.
« Papa est là ! » sest réjoui Lucas en courant vers lui.
Je les ai suivis du regard. Tout avait été si simple avec Lucas. Mais pour Étienne, rien nétait évident.
Philippe est entré dans la cuisine, ma enlacée, embrassée sur la tempe.
« Tout va bien ? Où est Étienne ? »
« Dans sa chambre. Philippe il faut parler. Sophie a appelé. »
Son visage sest fermé. Sophie, son ex-femme, la mère dÉtienne. Chaque coup de fil était une épreuve.
« Quest-ce quelle veut cette fois ? »
« Prendre Étienne ce week-end. Elle dit quil a changé, quil est renfermé, que ses notes sont mauvaises. »
« Et tu as répondu quoi ? »
« Quelle pouvait le prendre. Mais elle a insinué » Jai hésité.
« Quoi ? »
« Que cétait de ma faute. Que je ne moccupais pas bien de lui. »
Philippe a soupiré, sest assis à table.
« Tu sais que ce nest pas vrai. Depuis le début, tu fais tout pour lui. »
« Mais est-ce que ça suffit ? » Ma voix sest brisée. « Lucas ta accepté tout de suite. Étienne, lui, me regarde encore comme une étrangère. »
« Donne-lui du temps. Sa situation est différente. Lucas a vu comment tu as lutté seule. Étienne, lui, a vu son monde sécrouler. Et Sophie le monte contre toi. »
Je le savais. Après notre mariage, elle avait déclaré la guerre. Elle ne supportait pas que Philippe soit heureux avec une autre.
« Tu te souviens de notre mariage ? »
Il a grimacé. Bien sûr. Sophie avait fait irruption pendant la cérémonie, exigeant quon lui rende son fils. Elle avait hurlé que javais détruit leur famille alors quils étaient divorcés depuis six mois quand nous nous sommes rencontrés.
« Elle ne lâchera jamais. Mais nous tiendrons bon. Limportant, cest de protéger les enfants. »
Étienne est apparu dans lencadrement de la porte. Un petit garçon mince, blond, avec des yeux tristes. Il restait là, indécis.
« Viens dîner, mon chéri », ai-je dit doucement.
Il sest approché lentement, sest assis loin de moi. Cette douleur familière ma transpercée. Quest-ce que je fais mal ?
« Comment sest passée lécole ? » a demandé Philippe.
« Ça va », a marmonné Étienne, les yeux rivés sur son assiette.
« La maîtresse dit que tu es distrait en classe. »
Il a haussé les épaules.
« Quelque chose te tracasse ? » ai-je osé demander.
Il ma jeté un regard furtif, puis a détourné les yeux.
« Tout va bien. »
« Maman Claire essaie de taider », a repris Philippe avec patience.
« Cest pas ma maman ! » a explosé lenfant. « Jai déjà une maman ! Une vraie ! »
Jai pâli. Philippe a serré les poings.
« Étienne, excuse-toi tout de suite ! »
« Non ! » Il a bondi de sa chaise. « Je veux pas vivre ici ! Je veux aller chez maman ! »
La porte de sa chambre a claqué.
Jai caché mon visage dans mes mains. Philippe ma enlacée.
« Pardonne-lui. Il ne comprend pas ce quil dit. »
« Si. Il a raison. Je suis une intruse. Peu importe mes efforts, je suis celle qui a brisé sa famille. »
« Claire, ne dis pas de bêtises. Sophie et moi, cétait fini bien avant toi. Tu connais les raisons. »
Je les connaissais. Elle lavait trompé, ouvertement, disant étouff







