— Ma mère mérite de fêter son anniversaire à la campagne, alors que tes parents misérables feraient mieux de disparaître ! — a lancé mon mari

Ma mère mérite de fêter son anniversaire à la campagne, et tes parents misérables nont quà déguerpir pour loccasion ! lança lhomme.

La maison de campagne, aux poutres sculptées et au toit légèrement penché, se dressait parmi les vieux pommiers. Olympe lavait héritée de ses parents après le décès de sa grand-mère. Cest là que sétait écoulée son enfance, chaque recoin imprégné de souvenirs. Elle y vivait désormais avec son mari, Sébastien, depuis trois ans déjà.

Un soir de septembre teintait le ciel de pourpre. Sur la véranda, Olympe disposait les tasses pour le thé. Par la porte entrouverte, les voix de ses parents lui parvenaient Théophile racontait à sa mère comment il avait récolté les dernières tomates de la serre.

Marguerite, il faudra déterrer les carottes demain, disait-il en sessuyant les mains sur un torchon. Les premières gelées ne vont pas tarder.

Bien sûr, Théophile. Olympe, tu pourrais nous aider demain ? demanda sa mère.

Olympe acquiesça, tout en versant le thé fumant. Ses parents étaient arrivés au début de lété et depuis, ils aidaient aux travaux de la maison. Son père réparait la clôture, soccupait du potager, tandis que sa mère confectionnait des confitures avec les groseilles et les framboises du jardin. La maison sétait emplie dune douce routine le craquement des planchers, lodeur des gâteaux frais, les conversations murmurées à la lueur des bougies.

Sébastien apparut sur le seuil, secouant les gouttes de pluie accrochées à sa veste. Ingénieur en ville, il faisait la navette chaque jour.

Théophile, où en est le toit de la remise ? demanda-t-il en sasseyant.

Il faudrait remplacer quelques planches. Les anciennes sont pourries, répondit le père dOlympe.

Sébastien sirotait son thé en silence, hochant vaguement la tête aux remarques de son beau-père. Olympe remarqua quil était distrait ces temps-ci, souvent renfrogné sans raison. Quand ses parents montaient se coucher, il restait des heures devant la télévision, zappant sans but.

Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle un soir, sasseyant près de lui.

Non, rien de grave, marmonna-t-il sans la regarder.

Olympe ninsista pas. Les hommes avaient leurs humeurs, surtout en automne. Peut-être était-il simplement fatigué.

Mais quelques jours plus tard, son attitude changea. Quand Théophile proposa de laider à réparer le garage, il refusa sèchement. À table, il restait muet, répondant par monosyllabes. Marguerite sinquiéta, mais Olympe la rassura.

Un samedi matin, alors que ses parents étaient partis cueillir des champignons, Sébastien la rejoignit dans la cuisine.

Olympe, il faut quon parle, dit-il en sasseyant.

Elle essuya ses mains et se retourna. Son visage était grave.

Maman fête ses soixante ans bientôt. Élodie veut organiser une réception ici. Elle compte inviter toute la famille. Tu sais comme elle aime recevoir.

Olympe acquiesça. Sa belle-mère adorait les grandes tablées. Pour chaque occasion, elle cuisinait pendant des jours.

Quest-ce que tu proposes ?

Sébastien hésita, puis la regarda droit dans les yeux.

Tes parents devront partir. Juste une semaine. Maman veut tout réorganiser à sa guise. Il ny aura pas assez de place pour tout le monde.

Olympe resta immobile, le torchon suspendu entre ses doigts.

Partir ? Où ça ? Cette maison est à moi, ils y ont tous leurs droits.

Pas pour toujours ! Juste quelques jours. Ils pourraient aller chez ta tante ou dans une résidence.

Olympe accrocha lentement le torchon. Les mots de son mari résonnaient comme une sentence.

Sébastien, tu es sérieux ? Les chasser pour une fête ? Ils nous aident chaque jour. Sans eux, on ne sen sortirait pas.

Il se rapprocha.

Écoute, maman a rêvé de ça toute sa vie. La famille viendra de partout. Tes parents un peu de repos leur ferait du bien.

Mes parents ? sa voix se fit tranchante. Théophile et Marguerite vivent ici parce quils en ont le droit. Personne ne les délogera.

Sébastien serra les poings.

Tu ne comprends pas. Maman a tout organisé. Les réservations, les musiciens. On ne peut pas tout annuler.

Alors quelle loue une salle.

Son visage vira au rouge.

Ma mère mérite de fêter ça ici ! Tes parents nont quà se faire oublier !

Un silence glacial tomba. Olympe le dévisagea, les mains tremblantes.

Répète ça.

Ma mère mérite cette maison, et tes parents nont quà disparaître !

Le choc la cloua sur place. Puis, dune voix calme :

Ils restent. Sil te plaît une salle, ta mère na quà chercher ailleurs.

Sébastien frappa la table. Une tasse se brisa.

Tu gâches tout par entêtement !

Mon entêtement ? Olympe ramassa les morceaux. Ça sappelle du respect.

Et moi ? Et ma mère ? Je suis ton mari !

Un mari ne demande pas ça.

Il la fusilla du regard.

Très bien. Débrouille-toi. Je pars chez maman. Là-bas, au moins, on me respecte.

La porte claqua. Le moteur rugit dans lallée. Olympe resta seule, les éclats de porcelaine au creux de la main.

Ses parents rentrèrent avec des girolles et des branches de houx.

Où est Sébastien ? demanda Marguerite.

Chez sa mère.

Théophile observa sa fille.

Quelque chose ne va pas ?

Rien, papa. Sa mère fête son anniversaire bientôt.

Marguerite hocha la tête.

À son âge, cest important. Il faudrait préparer un cadeau.

Olympe monta dans sa chambre. Les mots de Sébastien lui vrillaient le crâne. Comment avait-il pu ? Théophile, ancien mécanicien, et Marguerite, infirmière, toujours dignes, jamais un reproche.

Le lendemain, Sébastien revint avec Élodie. Elle portait une robe bleue, sourire forcé.

Olympe, ma chérie, commença-t-elle. Parlons en adultes.

Mais la discussion tourna court. Théophile proposa de partir quelques jours, Olympe refusa net.

Cest leur maison, dit-elle.

Sébastien fulmina.

Alors on fêtera sans toi !

Le silence sabattit.

Sans moi ?

Oui. Maman a raison.

Olympe se leva.

Aucun homme ne me fera renier mes parents. Retiens ça.

Élodie pinça les lèvres.

Réfléchis bien, ma chérie.

Ils partirent, laissant derrière eux un nuage de poussière.

Ce soir-là, ils dînèrent en silence sur la véranda. Théophile coupa le pain, Marguerite servit la terrine maison.

Tu es sûre de ton choix ? demanda-t-il.

Tout à fait.

Marguerite essuya une larme.

Ne pleure pas, maman.

La nuit tomba, douce. Olympe fit le tour des pièces. Tout était en ordre Marguerite veillait au grain. Dans leur chambre, ses parents chuchotaient, planifiant la récolte des pommes.

Elle s

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Tout ceci est à moi, et toi tu n’es personne ici !» déclara la fille en exigeant qu’on libère la chambre