**« Jai surpris ma belle-sœur en train de comploter pour me voler mon appartement je lui ai réservé une surprise inattendue »**
Marine empila la vaisselle sale dans le lave-vaisselle et lança le programme rapide. Le dîner du vendredi avait été un succès : Thibault avait dévoré sa tarte aux champignons avec enthousiasme. Même Élodie, qui fronçait toujours le nez devant les plats de « cette parvenue » comme elle surnommait Marine dans son dos en avait repris deux parts.
« Je vais prendre une douche, lança Thibault depuis lentrée. On a un match de foot demain avec les gars, il faut que je sois en forme. »
« Vas-y, répondit Marine en essuyant le plan de travail. »
Élodie était installée dans le salon, scotchée à son téléphone. Elle était arrivée la veille comme dhabitude, sans prévenir, avec des sacs de shopping et son air renfrogné. « Juste pour le week-end », prétendait-elle.
« Tu veux du thé ? » proposa Marine depuis la porte.
« Non », rétorqua Élodie sans lever les yeux.
Marine haussa les épaules et retourna dans la cuisine. Elle était habituée à ces comportements. Trois ans de mariage lui avaient appris à ignorer les piques de sa belle-sœur. Thibault répétait souvent : « Élodie est comme ça, mais elle finit par sadoucir. Ne la prends pas à cœur. »
Le bruit de leau coula dans la salle de bains. Marine alluma la bouilloire et ouvrait larmoire pour prendre sa tasse préférée lorsquelle entendit la voix dÉlodie dans le salon :
« Maman, ça va ? Oui, je suis chez eux Non, elle a encore cuisiné ses trucs infects Écoute, jai parlé à lavocat. »
Marine se figea, la tasse en suspens. Élodie baissa la voix, mais dans lappartement silencieux, chaque mot résonna clairement.
« Oui, par le tribunal Comme lappartement vient de Mamie à Thibault, et pas aux deux Non, cette idiote ne sait même pas quon peut la radier Thibault signera nimporte quoi si on sy prend bien »
La tasse échappa des mains de Marine et se brisa sur le carrelage.
« Quest-ce qui se passe ? » sexclama Élodie, la voix soudain plus forte.
« Jai fait tomber une tasse », répondit Marine, le cœur glacé.
Lappartement Ce trois-pièces en plein centre où ils vivaient depuis trois ans. Un cadeau de sa grand-mère. « Pour le jeune couple », avait-elle dit. Et maintenant, cette vipère voulait la mettre à la rue ?
« Comme dhabitude », ironisa Élodie depuis la porte. « Tu es vraiment maladroite. »
« Désolée, je me suis déconcentrée. » Marine se baissa pour ramasser les morceaux, soulagée quÉlodie ne voie pas son visage.
« Pourquoi tu mets de lordre à la main ? Prends la pelle et la balayette. »
Marine obéit, les mains tremblantes.
« Pourquoi tu trembles ? Cest juste une tasse. »
« Jai eu un sursaut », mentit-elle.
« Ah oui, notre petite fleur fragile », ricana Élodie avant de retourner au salon.
Une seule pensée tournait dans la tête de Marine : *Ils veulent me mettre dehors. De chez moi. Cest pour ça quÉlodie est venue*
Thibault sortit de la salle de bains en sifflotant.
« Oh, tu as cassé une tasse ? sourit-il. Ne ten fais pas, on en rachètera dix. »
« Oui », fit Marine en forçant un sourire.
Thibault lui déposa un baiser sur le front et partit dans la chambre.
Cette nuit-là, Marine ne dormit pas. Thibault ronflait paisiblement à ses côtés tandis quelle fixait le plafond, réfléchissant. En parler à son mari ? Mais il adorait sa sœur et la défendait toujours. Se plaindre à sa belle-mère ? Elle était visiblement dans le coup avec Élodie ! Elle navait jamais été tendre avec Marine, malgré ses faux semblants.
*Je dois agir seule*, décida Marine à laube. *Mais comment ?*
Au matin, elle se leva la première et se faufila dans la cuisine. Ses mains tremblaient tant quelle rata deux fois la tasse en versant le café.
« Calme-toi, murmura-t-elle. Réfléchis. »
Son regard tomba sur une carte de visite davocat collée sur le frigo depuis un mois. Maître Laurent avait aidé leur voisine à régler un problème de succession. Marine attrapa son téléphone.
« Bonjour ! Maître Laurent ? Ici Marine Lefèvre, la voisine de Sophie Martin. »
Elle parlait bas, surveillant la porte.
« Jai besoin dune consultation urgente. Cest possible aujourdhui ? À treize heures ? Parfait ! »
Thibault entra dans la cuisine, encore ensommeillé, une marque doreiller sur la joue.
« Bonjour, il se pencha pour lembrasser. Pourquoi tu es levée si tôt ? »
« Je me suis réveillée comme ça. Thibault, je vais voir une amie aujourdhui, daccord ? Ça fait longtemps. »
« Quelle amie ? »
« Claire », lança-t-elle, le premier nom qui lui vint.
« Ah, daccord », il bâilla. « Je vais au ciné avec Élodie. Elle a insisté hier. »
*Bien sûr*, pensa Marine, mais elle ne dit rien.
Le bureau de Maître Laurent sentait le café et le papier. Lhomme, chauve et portant des lunettes, écouta attentivement.
« Donc, lappartement vient de la grand-mère de votre mari Vous y êtes inscrite ? »
« Oui, juste après le mariage. »
« Et à qui est le titre de propriété ? »
« Pardon ? »
« Le document officiel. Acte de donation ? Testament ? »
Marine cligna des yeux.
« Je ne sais pas Thibault sest occupé de tout. »
Lavocat soupira.
« Voici ce que vous devez faire, Marine. Dabord, vérifiez qui est propriétaire. Si cest seulement votre mari, vous avez un problème. Si cest vous deux, sa sœur ne peut rien contre vous. »
« Comment je vérifie ? »
« Demandez une copie de lacte sur le site des impôts ou à la mairie. Faites-le aujourdhui. »
Marine rentra avec un plan clair. Dans lentrée, elle trébucha sur les chaussures dÉlodie.
« Te voilà ! sexclama Élodie depuis la cuisine. Où étais-tu ? On ta perdue. »
« Chez une amie », répondit Marine en gardant son calme.
« On est allés au ciné avec Thibault, ricana Élodie, sappuyant contre le mur. Mon petit frère ne change pas il a encore choisi un film daction débile. »
Marine passa son chemin avec un hochement de tête. Dans la chambre, elle ferma la porte et sortit son téléphone. Rapidement, elle trouva le site des impôts, commanda une copie de lacte. Paiement effectué. Plus quà attendre.
Ce soir-là, pendant que Thibault dormait et quÉlodie sétait enfermée dans la chambre damis, Marine vérifia ses emails. La copie était arrivée. Dune main tremblante, elle ouvrit le fichier.
« Propriétaire : Lefèvre Thibault Jean. »
Marine retint un cri. Élodie avait raison légalement, lappartement nappartenait quà lui. Et elle ny était quinscrite. La pe







