Dans le couloir, à genoux…
Le petit Édouard, âgé de cinq ans, fut emmené à lhôpital et conduit à létage supérieur. Sa mère, interdite de laccompagner, resta en bas, assise sur une de ces chaises de bois éraflées, tressaillant à chaque bruit. Lesprit embrumé, elle appela son mari : « Édouard est en danger. Je suis à bout. Cest grave. »
Son mari répondit avec calme : « Il tient de moi et de son grand-père. Nous sommes solides comme le fer. Ne taffole pas. Tout ira bien. Nous sommes à la campagne avec maman, nous cueillons des champignons. Rentre chez toi, laisse les médecins faire leur travail, ils savent ce quils font. »
Comme ce couloir était sombre, indifférent à toute détresse.
Elle sortit sur le perron de lhôpital : « Maman, Édouard va mal. Je lai vu dans les regards des médecins. Il va très mal, maman. » Et les larmes coulèrent.
Sa mère répliqua aussitôt : « Écoute bien. Le mal attire le mal. Chasse ces idées, pense à du positif. Crois au meilleur. La lumière appelle la lumière. Les tourments ne mènent à rien de bon. Reprends-toi. »
Lair était lourd dans ce couloir. Linfirmière de service lui intima de se calmer : « Allons, madame, pas de scènes ! Vous dérangez le personnel. »
Seule sa sœur, uniquement elle : « Sophie, Édouard est dans un état terrible. Les médecins ne disent rien. Il est inconscient ! »
Sa sœur lui murmura avec douceur : « Ces choses arrivent aux enfants. Cest ce quon appelle les douleurs de croissance. Crois-moi. Si tu pleures, tu ne feras quempirer les choses. »
La mère séloigna vers le fond du couloir, où lombre était plus épaisse. Le bâtiment datait davant-guerre, jamais rénové.
Retirant discrètement sa croix, elle sagenouilla, pressant le métal contre ses lèvres. Peu lui importait quon la vît ou non : « Toi qui es tout-puissant, je le sais, jy crois. Tu as connu la souffrance. Tu sais ce quest la douleur. Ta Mère a pleuré comme je pleure maintenant. Étends Ta main, console-moi. Il ny a que Toi, moi et ma peine. Je réclame Ta miséricorde, Ton amour. Aide-moi, mon Seigneur. Il ny a que Toi, seulement Toi. »
Et elle se figea.
La porte souvrit, une silhouette lumineuse apparut. Cétait le médecin. Il laperçut, sapprocha, lui tendant la main : « Relevez-vous. Respirez, votre enfant ira bien. Je vous le promets. Allons, debout. »
Sappuyant sur cette main bienveillante, elle se releva : « Je ne trouve pas les mots. Merci. Puis-je rester ici cette nuit, sur les chaises ? »
Le vieux docteur sourit : « Rentrez chez vous. Cest tout ce quil faut faire. Demain, vous mappellerez. » Et il lui glissa sa carte.
Le lendemain, son mari, sa sœur et sa mère lui affirmèrent quils avaient raison. Quelle aurait dû les écouter au lieu de sagiter comme une folle.
Mais aucun ne comprit que la vraie raison les dépassait tous. Elle résidait dans la prière dune mère, dans son amour infini, dans Celui qui ne labandonnerait jamais, ne détournerait jamais Son regard…







