Six mois plus tard, je fus conduite à lorphelinat, tandis que ma tante vendit lappartement de mes parents au marché noir.
Lorsque jeus cinq ans, je devins orpheline. La responsabilité de moccuper revint à ma tante, la sœur de mon père. Du vivant de mes parents, nous ne manquions de rien. Ils occupaient des postes importants, nous avions un grand appartement et une petite maison de campagne près de Bordeaux. À leur mort, tout bascula.
Ma tante soccupait de sa fille, Élodie, mais nous ne formâmes jamais de lien. Ma cousine se moquait constamment de moi, bien quelle fût plus jeune. Tante Agnès, charmante en public, était en réalité avare et calculatrice. Elle ne laissait jamais passer une opportunité. Je ne reçus jamais une caresse, un soutien ou une parole douce de sa part.
Dès mon plus jeune âge, mes tâches incluaient nettoyer la maison et faire la vaisselle. La télévision métait interdite, et les bonbons nétaient achetés que pour Élodie. Bientôt, tante Agnès vendit la voiture de mon père. Les vêtements et bijoux de ma mère disparurent, tandis quelle et sa fille semblaient toujours plus élégantes. Elles allaient dans des cafés et restaurants, mais jamais ne memmenaient.
Enfant, je ne comprenais pas quAgnès avait tout vendu en prétendant que largent servait à mon éducation. Quelques années plus tard, nous déménageâmes dans son petit studio en banlieue. Six mois après, je fus confiée à lorphelinat, et lappartement familial fut vendu.
Il fut difficile de mhabituer, mais je madaptai vite. Jobtins une bonne éducation et, après mes études, je louai un petit appartement. Je travaillais comme agent dentretien dans un supermarché, mais on me promit une promotion. Un jour, le propriétaire vint en visite.
Quand Monsieur Laurent me vit, il minvita dans son bureau après ma journée. Je le trouvai seul. Il me demanda de raconter ma vie et ce que faisaient mes parents. Je lui dépeignis tout depuis le début.
Il sourit et dit se souvenir de moi, petite. Cétait un ami de mes parents. Des années plus tôt, il avait monté une affaire et ouvert une chaîne de magasins. Maintenant, il construisait un nouveau centre commercial. Une fois les travaux finis, il aurait besoin dun gérant. Il moffrit le poste, mais je navais pas les qualifications.
Jallais refuser quand il promit de maider à obtenir la formation nécessaire. Dans ces conditions, je ne pus décliner. Les études furent ardues mais captivantes. Je terminai sans encombre et reçus enfin cette proposition bien payée.
Quelques années passèrent. Jachetai un deux-pièces. Un jour, ma cousine frappa à ma porte. Comment avaient-elles découvert mon adresse ? Élodie, dun ton arrogant, exigea que je la laisse entrer et laide à trouver un emploi.
Sans diplôme, je lui proposai un poste temporaire dagent dentretien. Outrée, elle refusa et appela aussitôt sa mère. Tante Agnès hurla au téléphone que je lui devais tout, que sans elle, mon destin eût été incertain. Elle menaça de se venger si je naidais pas Élodie.
Les sentiments menvahirent. En toutes ces années, elle navait pas changé. Mais moi, si. Je nétais plus cette enfant sans défense. Je décidai que je navais plus besoin dune telle tante, ni dune telle cousine.







