Au quatrième année de faculté, Élodie tomba amoureuse. Et pas dun garçon ordinaire, mais dun véritable Apollon, que toutes les filles de sa promo trouvaient génial. Parce que Théo venait dune famille aisée.
Élodie était elle-même une jolie fille, intelligente, mais avec Théo, ils venaient de milieux différents : ses parents étaient ouvriers. Elle savait bien quils nappartenaient pas au même monde, mais lamour était plus fort que tout.
« Élodie, tu perds ton temps avec ce Théo, lui disaient les filles de sa chambre en résidence universitaire. Il se prend pour quelquun, il méprise certaines personnes. Il ne fréquente que des gens de son milieu. »
« Et alors ? Moi aussi, je connais ma valeur, répondait Élodie. Je ne suis pas moche, jai de bonnes notes, et je peux parler de tout. »
« Si tu veux, mais ne viens pas pleurer après. Ses parents doivent être du genre à ne pas se laisser approcher facilement », insistaient-elles.
« Oh, arrêtez de me faire peur ! admit Élodie. Cest vrai que ses parents minquiètent, surtout sa mère »
Au début, elle nimaginait même pas que Théo pourrait laimer en retour. Pourtant, sans effort, ce fut lui qui fit le premier pas, linvitant au cinéma.
Ils sortirent ensemble presque toute lannée. Avant les vacances, Théo lui annonça :
« Élodie, samedi, on va chez mes parents. Ma mère narrête pas de me demander qui tu es. »
« Oh, Théo, cest si soudain Je ne me sens pas prête ! » saffola-t-elle.
« Pourquoi ? Mes parents sont normaux. Mon père est discret, mais ma mère adore poser des questions. Ne tinquiète pas. »
Élodie était certaine quils se marieraient. Restait à convaincre ses parents. Le jour venu, terrifiée à lidée de commettre une impaire, elle relut toutes les règles de bienséance.
Théo vint la chercher. En entrant dans lappartement, son cœur battait.
« Bonjour », murmura-t-elle en apercevant la mère de Théo, une femme élégante qui lui sourit.
« Bonjour, Élodie. Je suis Valérie. Allez, Théo, passez au salon. »
À table, le père de Théo, Pierre, les salua dun simple hochement de tête. Élodie se tenait droite, mangeait avec soin, mais dans un moment de nervosité, sa fourchette lui échappa. Elle rougit, mais Valérie la rassura :
« Théo, tu ne sais pas toccuper dune femme ? Va lui chercher une autre fourchette. »
« Élodie, détends-toi, lui dit Valérie. Nous ne sommes pas à un dîner officiel. Mange, sinon je vais croire que tu naimes pas ma cuisine. »
« Oh, mais cest délicieux ! Je pensais que vous aviez une aide à la maison. Théo ma parlé de Mme Denise. »
« Nous en avons une, mais aujourdhui, jai tout préparé moi-même. »
« Pourquoi ? »
Valérie éclata de rire. « Parce que je voulais impressionner ma future belle-fille ! »
Élodie, soulagée, sourit à son tour. « Alors nous sommes deux à vouloir bien faire aujourdhui. »
Le repas se passa à merveille. Deux semaines plus tard, ils sinscrivirent en mairie, et deux mois après, ils se marièrent.
« Théo, où allons-nous vivre ? » demanda Élodie.
Ses parents leur offrirent un studio dans leur immeuble.
Sa mère, venue de sa province natale, lui dit : « Dieu existe, ma fille. Tu as de la chance davoir un toit. »
Élodie pensait que lavenir était radieux. Mais en cinquième année, elle découvrit quelle était enceinte. Ravie, elle annonça la nouvelle à Théo, qui semporta :
« Un enfant ? Cest trop tôt ! Nous sommes encore étudiants. Je veux que tu y mettes fin. »
Élodie, choquée, refusa. Elle senfuit en larmes et croisa Valérie, qui la prit sous son aile.
« Je suis avec toi. Quel est ton terme ? »
« Huit semaines. »
« Tu auras ton diplôme à temps. Va te reposer, je vais parler à mon fils. »
Théo finit par sexcuser. Après lobtention de leurs diplômes, Élodie accoucha dun petit garçon. Théo se montra distant, rentrant souvent ivre.
Un soir, elle le confronta :
« Tu me trompes ? »
Il partit sans répondre. Elle en parla à Valérie, qui lui proposa de rester chez eux avec lenfant.
« Trouve un travail, occupe-toi. Tu mérites dêtre heureuse. »
Cinq ans plus tard, Élodie, remariée à un collègue, Romain, vivait heureuse avec leurs deux enfants. Valérie et Pierre adoraient leurs petits-enfants, passant lété à la campagne avec eux.
La vie lui avait enseigné une chose : le bonheur ne dépend pas des circonstances, mais de la force avec laquelle on choisit de le saisir.







