Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» murmura le mari d’un ton sec.

«Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» gronda le mari d’une voix sifflante.

«Arrête de m’ennuyer avec ta mer !» lança Mathieu en jetant la télécommande sur le canapé. «Élodie arrive demain avec les enfants, et on ne part nulle part !»

Les mots tombèrent dans le salon comme une douche glacée. Claire se figea au milieu de la pièce, une brochure de voyage avec des photos d’une mer turquoise tremblant entre ses doigts.

*M’ennuyer ?*

Elle posa lentement la brochure sur la table basse. Mathieu s’était affalé dans le fauteuil, zappant d’une chaîne à l’autre, et la lumière de l’écran rendait son visage lointain, indifférent.

«Tu as dit quoi ?» Sa voix était douce, mais quelque chose de dangereux se cachait derrière.

«J’ai dit ce que j’ai dit.» Il ne quitta pas l’écran des yeux. «Élodie vient avec Thomas et les enfants. Pour un mois. Alors oublie ta mer et arrête de m’embêter.»

Un mois. Le mot resta suspendu dans l’air, lourd, insupportable. Claire sentit quelque chose se nouer en elle.

«Mathieu, on a prévu ces vacances depuis l’hiver. J’ai déjà réservé. Payé.» Elle parlait lentement, comme pour un enfant. «J’ai attendu toute une année…»

«Et moi je te dis d’oublier !» Il frappa la table du plat de la main. «La famille passe avant tes caprices !»

*Caprices ?* Claire sentit son visage s’échauffer. Ces nuits blanches à compter chaque centime ? Renoncer à un manteau neuf pour économiser ? Ces rêves d’air marin qu’elle imaginait chaque matin en allant travailler ?

«Quels caprices, Mathieu ?» Elle s’avança vers lui, le corps tendu d’une étrange détermination. «Je travaille sans relâche. À la maison, au bureau. Quand me suis-je reposée pour la dernière fois ?»

«Ne commence pas tes jérémiades.» Il monta le volume. «Élodie, c’est ma sœur. Elle vient rarement. Point final.»

*Rarement ?* Claire éclata d’un rire sec. Élodie débarquait chaque été comme une tempête inévitable. Avec ses trois enfants, son mari Thomas un homme capable de vider un frigo et d’en redemander. Et à chaque fois, Claire devenait la bonne à tout faire.

«Mathieu, écoute-moi.» Elle s’assit en face de lui. «Je comprends que la famille compte. Mais je suis une personne, moi aussi. J’ai des besoins, des envies…»

«Quelles envies ?» Il la regarda avec moquerie. «Te prélasser sur la plage ? Nager ? T’es une poule mouillée, ou quoi ?»

*Poule mouillée ?* Claire fixa son mari l’homme avec qui elle vivait depuis quinze ans. Quand avait-il changé à ce point ? Quand ses yeux étaient-ils devenus si froids ?

«Oui, je veux voir la mer.» Elle se leva. «Je veux me réveiller au bruit des vagues. Marcher pieds nus sur le sable. Être juste Claire, pas la cuisinière, la femme de ménage et la nounou des enfants des autres.»

*Des autres ?* Mathieu bondit de son fauteuil. «Ce sont mes neveux et nièces !»

«Qui saccageront la maison dès le premier jour !» Claire ne se retint plus. «Ils crieront, casseront, exigeront tout ! Et Élodie sera vautrée sur le canapé à se plaindre !»

«Comment oses-tu !» Le visage de Mathieu s’assombrit. «Élodie est une mère formidable !»

«Une mère formidable n’élève pas des monstres !» Les mots tombèrent comme des pierres. «Tu te souviens de l’an dernier ? Le vase de mamie cassé, les murs barbouillés de feutre, le petit qui a failli mettre le feu à la cuisine !»

«Ce sont des enfants…»

«Et moi ? Je ne suis pas un être humain ?» Une chaleur incontrôlable monta en elle. «Je dois subir ce cauchemar parce que ‘ce sont des enfants’ ?»

Mathieu la regarda, surpris comme s’il voyait sa femme ainsi pour la première fois : échevelée, les yeux en feu, prête à se battre.

«Élodie arrive demain,» dit-il calmement. «C’est comme ça.»

«Alors accueille-les seul.» Elle se dirigea vers la porte.

«Où vas-tu ?»

«Dans la chambre.» Elle se retourna sur le seuil. «Réfléchir.»

Réfléchir à comment vivre avec un homme qui ne voyait en elle qu’une domestique.

La porte claqua, et un silence lourd envahit la maison. Un silence tendu, avant la tempête.

Claire s’allongea sur le lit, fixant le plafond. Dans sa main, elle serrait encore la brochure froissée. La mer… Elle l’avait imaginée si clairement. Les promenades matinales, l’air salé, la liberté. Et maintenant, un mois à servir des enfants mal élevés et leurs parents indifférents.

*Mais que puis-je faire ?*

Elle s’endormit avec cette pensée, tenant le dernier fragment de son rêve.

Dehors, les arbres bruissaient, un son semblable au ressac lointain la mer que Claire n’entendrait pas cet été.

Ou peut-être que si ?

Le matin la réveilla sous une pluie grise et le grondement d’une voiture. Elle se posta à la fenêtre, sirotant son café, observant un groupe familier descendre d’un SUV noir.

Élodie en premier grande, blonde peroxydée, vêtue d’un survêtement rose fluo. Déjà, elle gesticulait, criant après son mari.

«Thomas, fais attention à la valise ! Ce sont mes nouvelles chaussures !»

Thomas un homme trapu au crâne dégarni chargeait les bagages en silence, la mine résignée.

Les enfants… Claire grimça. Maxime, dix ans, avait déjà sauté dans une flaque, éclaboussant tout. Chloé, sept ans, hurlait pour une poupée oubliée dans la voiture. Et le petit Lucas, quatre ans, criait sans raison, comme ça.

«Claire !» Mathieu appela depuis l’entrée. «Ils sont là ! Viens !»

*Ils sont là.* Comme si elle ne les avait pas vus. Comme si elle n’avait pas entendu ce cauchemar depuis cinq minutes.

Claire finit son café et descendit lentement. Le hall était un champ de bataille. Élodie embrassait Mathieu, laissant des traces de rouge à lèvres sur sa chemise. Les enfants couraient entre les valises, et Thomas essayait en vain d’essuyer la boue sur ses chaussures.

«Claire !» Élodie se précipita vers elle, les bras ouverts. «Comment ça va, ma chérie ? Tu as maigri ! Tu étais malade ?»

Une odeur de parfum sucré et de cigarettes flottait autour d’elle. Claire se retint de reculer.

«Bonjour, Élodie. Le voyage s’est bien passé ?»

«Affreux !» Elle roula des yeux. «Les enfants étaient insupportables, Thomas s’est perdu trois fois, et j’ai cru mourir de chaud. Où est la clim ? Vous en avez une, hein ?»

«Oui,» répondit Claire sèchement. «Dans la chambre.»

«Et dans le salon ?» Élodie inspectait déjà la pièce. «On dormira là. Thomas ronfle, tu sais, il me faut de l’air frais.»

*Bien sûr.* Claire regarda Mathieu. Il évitait son regard, s’occupant des valises.

«Maman, où sont les toilettes ?» Maxime tirait Élodie par la main. «Je dois vraiment y aller !»

«Là-bas,» indiqua Claire.

Le garçon partit en courant, laissant des traces mouillées. Chloé, elle, avait trouvé le bougeoir en crist

Оцените статью
Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» murmura le mari d’un ton sec.
Ta mère ne vit plus ici» – me dit mon mari en me voyant arriver avec mes affaires