« Ici, tu n’es personne, tout comme ton marmot ! » – voilà ce que m’a lancé la sœur de mon mari. La vie pas si dorée d’une jeune mariée dans une riche famille rurale française : mariage arrangé à 18 ans, fête villageoise, traditions pesantes, belle-sœur amère et premières difficultés avant d’être reconnue chez son époux…

« Tu nes personne ici, tout comme ton mioche ! » lança la sœur du mari.

Romane sétait mariée assez jeune son père lui avait trouvé un mari le jour de ses 18 ans. La famille de son futur époux était pleine aux as que demander de plus pour être heureuse ? Le mariage fut une vraie fête : tout le village de Saint-Laurent était là ! Seuls les jeunes mariés semblaient légèrement déboussolés.

Romane apprit à apprécier son mari, bien quelle neût eu aucune occasion de le connaître auparavant. Sa sœur, elle, navait pas eu cette chance : on lavait mariée à un quinquagénaire grincheux du village voisin. Tout le monde pensait quelle finirait vieille fille, mais leur père sétait démené pour organiser ce mariage la dot sous le bras, évidemment.

Fraîchement épousés, ils sinstallèrent dans la maison dÉdouard, le patriarche. Pas beaucoup de place, mais on sarrangeait. La tête de la famille avait promis : « Quand y aura des petits-enfants, on agrandira la maison. » Le chantier en perspective.

La belle-mère, bienveillante, aidait Romane à prendre ses marques et à sacclimater à sa nouvelle vie de jeune épouse. Mais la belle-sœur, Adèle, voyait dun tout autre œil larrivée de Romane dans le foyer. Adèle, laînée, vivait toujours chez ses parents. Mariée une première fois, elle avait rapidement été renvoyée chez papa-maman, accompagnée de son baluchon et dune réputation daspic. Faire tourner la maison ? Très peu pour elle. La famille ? Encore moins. Elle menait donc une vie solitaire, broyant du noir.

Dans la tradition du cru, la jeune bru ne devient véritablement la maîtresse de maison que lorsquelle accouche dun premier fils. Jusque-là : discrétion, on ne fait pas de vagues. Pas la peine de préciser que les jeunes épouses faisaient tout pour se mettre rapidement en condition.

Romane prit la chose au sérieux. Tant que le test de grossesse restait négatif, Adèle lui faisait faire toutes les corvées les plus ingrates, à faire pâlir Cendrillon. Ce qui frôlait labsurde : la famille avait des ouvriers agricoles payés au SMIC. Mais quimportait, Adèle jubilait à lidée de martyriser la pauvre Romane.

Quand Édouard apprit quil allait devenir père, il rayonna comme un panneau solaire en pleine canicule. Les beaux-parents jubilaient, fiers comme Artaban de leur belle-fille. À peine lannonce faite, ils foncèrent commander des parpaings et du ciment pour agrandir la maison. Adèle, elle, sombra dans la déprime. Lidée de finir éternellement chez ses parents, sans mari, sans pavillon, la plongeait dans labîme.

Six mois plus tard, voilà Romane réveillée par un tambourinage à la porte. Cétait Adèle.

Tas pas honte de glander ainsi ? Tas fini le ménage ?
Dans la maison, oui, mais Édouard veut pas que je sorte dehors.
Tu parles ! Tes juste une flemmarde !
Que veux-tu, Adèle ?
Comment tu me parles, là ? Tu tentraînes à me donner des ordres ? Je te rappelle que tant que tas pas pondu, tu commandes rien ici !
Je… jy ai même pas pensé.
Tu nes PERSONNE ici, ni toi ni ton morveux ! Tu saisis, ou il faut te faire un dessin ?

Lattitude dAdèle frisait la comédie psychodramatique. Objet lancé, cris en rafale il ne manquait plus quun rideau pour le théâtre. Édouard père débarqua, rembarqua la furie de fille. Romane caressa doucement son ventre arrondi et se rassura : tout finirait bien. Cétait la France, après tout Tout finirait forcément bien.

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« Ici, tu n’es personne, tout comme ton marmot ! » – voilà ce que m’a lancé la sœur de mon mari. La vie pas si dorée d’une jeune mariée dans une riche famille rurale française : mariage arrangé à 18 ans, fête villageoise, traditions pesantes, belle-sœur amère et premières difficultés avant d’être reconnue chez son époux…
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