Redémarrage après quarante ans
Je me souviens des matins où Claire se réveillait toujours avant la sonnerie du réveil. Non quelle ait dormi des nuits complètessimplement, le compte à rebours invisible du matin se déclenchait aussitôt ses yeux ouverts : se lever à temps, filer sous la douche, attraper ses cheveux en queue-de-cheval, avaler un yaourt, vérifier ses courriels tandis que leau du thé commençait à bouillir. Lappartement était silencieux: seul le réfrigérateur soupirait par moments, ponctué parfois par un grondement de moteur quelque part en bas, dans la cour. Claire vivait à Paris avec son époux, Laurent, et leur fils adolescent, Paul, qui se levait plus tard et grognait sil fallait le presser. Laurent partait tôt au bureau, et leurs échanges matinaux se résumaient le plus souvent à des phrases brèves.
Le titre du poste de Claire sonnait bien: «coordinatrice de projets». En vérité, cela voulait dire feuilles de calcul, courriels, validations, délais à tenir, attentes de tous, et lobligation constante de garder calme et disponibilité. Elle maîtrisait lart du sourire poli, savait lisser les angles, jamais un mot de trop. On lappréciait pour cela. Son salaire arrivait toujours à lheure, déclaré, avec un planning de congés, une mutuelle quelle nutilisait presque pas.
Son bureau sentait le café en capsules et la poussière de papier. Elle sasseyait près de la fenêtre, ouvrait son ordinateur portable, et la journée se découpait en tâches comme dans un jeu de cartes. Il arrivait quelle croise le regard sur ses mains posées sur le clavier et quelle se demande: depuis combien dannées tapaient-elles des phrases pour les autres? La pensée lui paraissait absurde, mais elle sy accrochait. Dans ces moments-là, elle repensait à ce vieux cahier du collège, sur les marges duquel, en cinquième, elle dessinait des visages et des arbres. Sa professeure darts plastiques lui avait dit un jour: «Tu as lœil.» Cela sonnait comme une promesse qui sétait dissoute dans les contrôles, les examens, la fac, le travail, le prêt immobilier.
Sur un placard de la cuisine, une boîte daquarelles dormait toujours: achetée dix ans plus tôt, «pour essayer». Elle y était restée si longtemps quelle faisait partie de la déco. Parfois Claire dépoussiérait autour, mais jamais ne louvrait.
Les choses ont commencé à se déplacer, non à cause dun grand événement, mais dune succession de petites secousses, chacune supportable seule, mais fatale dans lensemble.
Dabord, ce lundi-là, son chef de serviceun homme sec, habitué à parler doucement et à faire taire tout le mondelappela dans son bureau:
Claire, vous navez pas assez relancé le prestataire. On a perdu deux jours. Cétait à vous.
Il ne haussait jamais la voixce qui, paradoxalement, était pire. Claire expliqua: le prestataire ne répondait plus, elle avait envoyé des mails, téléphoné, tout était dans les messages. Le chef acquiesça dun mouvement de tête comme sil faisait semblant découter, mais conclut tout de même:
Il fallait régler.
En sortant du bureau, Claire sentit ses doigts trembler. Elle resta longtemps à fixer son écran sans lire.
Le mercredi, une ancienne collègue lappelaelles avaient fait leurs débuts ensembleet lui apprit quun ami commun, à peine plus âgé que Claire, venait de faire un AVC.
Il est toujours vivant, mais puis suivirent des détails sur lhôpital et la vitesse de laccident.
Claire écoutait, hochait la tête même si lamie ne pouvait pas la voir. Après lappel, elle se réfugia aux toilettes, ferma la porte du box et fondit en larmes. Ce nétait pas un chagrin intime, mais leffroi: imagine si cela lui arrivait à elle, comment la routine peut seffondrer soudain.
Le vendredi soir, à la maison, Laurent déclara calmement:
Ma prime sera encore en retard la semaine prochaine. Ce nest pas dramatique, mais il va falloir surveiller le budget.
Claire hocha la tête, sentant une crispation en elle. Elle comprenait ce que «pas dramatique» signifiait: moins de commandes à emporter, retarder lachat des baskets pour Paul, oublier ce mini week-end prévu. Surtout, cela voulait dire éviter toute incartade financière.
Le samedi, elle retrouva sa meilleure amie, Bérénice, dans un petit café près de la station Saint-Paul. Bérénice, psychologue scolaire, avait toujours lair zen, comme si elle savait mieux respirer que quiconque. Elles parlèrent de leurs fils, du prix des légumes, de ces douleurs lombaires partagées. À un moment, Bérénice fixa Claire attentivement:
Comment tu vas, vraiment?
La réponse automatique«ça va»resta bloquée. Claire se rendit compte quelle mentait ce «ça va» depuis des années.
Je suis fatiguée, dit-elle. Et jai limpression dêtre à côté de ma vie.
Bérénice nessaya pas de consoler. Elle hocha la tête, comme si elle l’avait toujours su.
Tu as toujours dessiné, non? Tu te rappelles, au repas de Noël au boulot, tu avais couvert la nappe de croquis en attendant les plats?
Claire eut un sourire gêné, prise sur le fait.
Cest rien, juste pour samuser.
Et si ce nétait pas que pour samuser? demanda Bérénice en se penchant. Dis, cétait quand la dernière fois que tu as fait quelque chose juste parce que ça te plaisait?
Claire ne trouva rien à répondre. Elle ne se rappelait que les «il faut» quotidiens et, parfois, des soirées abruties sur le canapé à scroller les infos.
Jai quarante-trois ans, murmura-t-elle. Et à quarante-trois ans
Bérénice haussa les épaules:
Quarante-trois, ce nest quun chiffre. La vraie question, cest: quest-ce que tu veux faire maintenant?
Ce soir-là, Claire tourna longtemps dans le lit. Laurent dormait déjà, Paul jouait dans sa chambre, et Claire contemplait le plafond plongé dans lombre. Elle comprit que si rien ne changeait, rien ne changeraitni dans un an, ni dans dix. Elle pensa à lAVC de lami, à son chef, à la prime, à la boîte daquarelles. Cette question sourde quelle repoussait toujours surgit plus claire: avait-elle seulement le droit daspirer à autre chose?
Le lendemain, elle monta sur un tabouret, descendit la boîte daquarelles. Le couvercle grinça un peu; les godets, bien alignés, avaient séché par endroits. Elle trouva une feuille dimprimante, plaça un verre deau et trempa le pinceau. La couleur fila, le papier gondola, cétait laid. Mais Claire ressentit un soulagement étrange, comme si elle sautorisait à rater.
Le lundi, lors de la pause-déjeuner au bureau, elle ouvrit le site du centre culturel du XIe: «Initiation au dessin et à laquarelle pour adultes». Deux soirs par semaine, trois mois, un coût qui restait supportable en rognant sur quelques achats. Claire resta longtemps figée sur le bouton «Inscription», intimidée, puis compléta le formulaire, paya en euros, reçut la confirmation, les mains moites.
Avouer à Laurent fut plus difficile que cliquer.
Je me suis inscrite à des cours, annonça-t-elle le soir au dîner. Paul tapotait distraitement son smartphone, Laurent dînait en silence.
Quels cours? demanda Laurent, relevant la tête.
De dessin et aquarelle. Pour adultes.
Laurent suspendit sa fourchette.
Pourquoi?
Claire avait préparé des justifications: «pour me détendre», «par envie». Mais le ton de Laurent lui donna limpression de redevenir collégienne demandant la permission.
Parce que jen ai envie, répondit-elle simplement, sétonnant de sa propre franchise.
Laurent posa sa fourchette.
Tu sais quon nest pas vraiment dans une période pour des loisirs. Ya le crédit, Paul va bientôt choisir Parcoursup. Et puis, tu as une bonne place. Pourquoi compliquer?
Paul regarda Claire:
Maman, tu veux devenir artiste?
Dans sa voix, il y avait simplement de la curiosité, aucune moquerie. Un peu de chaleur monta dans la poitrine de Claire puis séteignit.
Je ne sais pas, dit-elle honnêtement. Je veux juste essayer.
Laurent soupira:
Essaie. Mais fais attention que ça nempiète pas sur le reste.
La phrase «nempiète pas sur le reste» sinscrivit comme une condition tacite.
Les premiers cours eurent un goût de retour à lécole, sans la rature au stylo rouge. Dans la salle sentant la gouache et le papier humide, des adultes de tous âges: une jeune femme en pull coloré, un homme dune cinquantaine dannées à barbe taillée, une dame à coupe courte, lair dune médecin. Lenseignante, vive, attentive, montrait comment tenir le crayon, observer une forme, démystifier la peur de la page blanche.
Claire avait peur. Son crayon était crispé, sa main sengourdissait. Tous lui semblaient meilleurs. Dès que la prof passait, Claire se redressait instinctivement, comme à une inspection. Mais, de séance en séance, elle remarqua que sa peur reculait lorsquelle sabsorbait dans un trait, une ombre, le reflet de la lumière sur une pomme.
Chez elle, elle saccorda du temps, un peu: une demi-heure après le dîner, pendant que Laurent regardait les infos, Paul ses devoirs. Le papier, le verre deau, les pinceaux sétalaient sur la table. Parfois Laurent jetait un œil sans rien dire. Parfois il demandait:
Alors? Ça avance?
Dans son «ça avance», il y avait de la curiosité, et du doute.
Au bureau, Claire sobligea à sortir déjeuner dehors, à regarder les gens passer, noter mentalement la lumière sur une épaule, langle dun visage, imaginer comment elle pourrait le dessiner. Cétait à la fois étrange et agréable. Mais la culpabilité grandissaitvoler du temps à sa famille, au travail.
Un mois passa, et le chef annonça un nouveau projet, demandant à chacun de rester plus tard. Claire, à la réunion, avait en tête: «mes cours sont mardi et jeudi». Elle leva la main:
Jai des engagements les mardis et jeudis en soirée, dit-elle prudemment. Je peux rester les autres jours.
Le chef la fixa, comme si elle venait dannoncer une bizarrerie.
Quels engagements?
Claire sentit le rouge lui monter aux joues.
Des cours.
De formation continue?
Non. Artistiques.
Quelquun étouffa un petit rire. Claire ignora. Le chef soupira:
Claire, on a une grosse charge. On rame tous ensemble. Merci déviter les caprices.
Le mot «caprices» piqua plus quelle ne pensait. Claire acquiesça, la gorge serrée. Après la réunion, un jeune collègue lança en souriant:
Ah, lartiste! Tant que tu rends les bilans, ça va.
Elle répondit dun sourire de façade.
Ce soir-là, elle alla tout de même au cours. Dans le métro, elle ressassait: peut-être ont-ils raison, ce nest quune lubie. Elle douta. Mais, devant la nature morte une simple tasse et une pomme posées sur du lin elle sentit un apaisement. Ici, pas besoin dêtre utile. Juste observer, voir.
À mi-parcours, lenseignante proposa de participer à une exposition délèves à la bibliothèque du quartier, rien dofficiel: un stand, des noms, invitation aux proches. Claire voulut dabord décliner, montrer ses dessins lui semblait plus effrayant que de rester tard au bureau.
Ce nest pas un examen, expliquait lenseignante. Juste loccasion de regarder ce que vous avez fait.
Claire accepta. Elle choisit trois œuvres: une nature morte au crayon, un paysage parisien à laquarelle, et le portrait de Paul, dessiné en cachette daprès photo. Un peu étrange, mais vivant.
La tuile financière tant redoutée tomba alors: Laurent perdit une partie de ses primes, rentra sombre.
Il va falloir revoir le budget du mois, dit-il un soir, la voix lasse. Le crédit reste le crédit.
Claire se sentit déjà réduire ses achats, rogner sur tout.
Et puis, continua Laurent, tu pourrais peut-être mettre ces cours en pause? Tu reprendras plus tard.
Une vague de résistance monta en Claire. Ni colère, ni tristesse: une volonté muette.
Jai déjà payé jusquau bout, répondit-elle. Il reste moins dun mois.
Ce nest pas la dépense, dit Laurent en fronçant le nez. Mais tu rentres tard, tu es crevée. Paul se débrouille tout seul, moi aussi.
Claire eut envie de objecter que Paul, comme Laurent, se débrouillaient seuls depuis longtemps, et quelle était épuisée quoi quil arrive. Mais elle resta muette. Elle vit soudain que Laurent nétait pas un adversaire, seulement inquiet que leur équilibre fragile ne vacille.
Je pourrais passer à temps partiel, ou en télétravail deux jours, lança-t-elle, se surprenant elle-même.
Laurent haussa ses sourcils.
Tu es sérieuse?
Claire nen était pas sûre, mais les mots, une fois dits, existaient.
Je ne veux pas continuer comme ça, murmura-t-elle. Juste survivre.
Laurent garda le silence, puis posa:
Je ne comprends pas, mais je ne veux pas que tu le regrettes après.
Déjà, elle éprouvait du regretmais pas à cause des cours.
Le découragement culmina lors dun cours sur les bustes en plâtre. Claire sappliqua deux longues heures, mesurant, gommant, recommençant. Elle croyait avoir réussi. Lorsque lenseignante sarrêta, Claire leva les yeux, pleins despoir.
Lenseignante observa, puis dit:
Claire, vous êtes très soigneuse. Mais on sent que vous craignez de rater. Du coup, il manque le volume. Cest un contour, pas un vrai visage.
Le commentaire nétait pas sévère, mais précis. Claire perçut, au-delà du dessin, sa vie entière: une perpétuelle volonté de ne pas déraper. Elle contempla la tête en plâtre, lenvie de tout lâcher pour retourner à une zone de confort, là où sa rigueur suffisait.
Chez elle, ce soir, elle laissa son sac au vestibule, senferma dans la salle de bains, mains sur le lavabo. Le miroir reflétait une femme aux traits tirés, des traces de graphite sur les doigts. «Cest ridicule, pensa-t-elle. Croire que je peux recommencer… Et voilà.» Lidée de prévenir lenseignante quelle arrêtait, dannuler lexpo, de remiser la boîte daquarelles. Tout la tentait.
En ressortant, elle découvrit Paul à la table, sur ses devoirs. Laurent lisait. Claire mit la bouilloire, sortit trois tasses. Les mains tremblaient.
Maman, tu viens à mon match demain? On joue contre les Terminales.
Claire cligna des yeux.
Je viendrai, oui.
Sois pas en retard, dit Paul sans lever les yeux.
Laurent releva la tête.
Comment tu vas?
Claire voulut dire «ça va», mais non.
Pas bien. Aujourdhui la prof ma dit que je dessine mort.
Laurent sembla surpris.
Qui ta dit ça?
La prof daquarelle. Mais… cétait sur le dessin. Pourtant… cest aussi vrai pour moi.
Laurent laissa son téléphone, plus doux:
Je ne comprends pas ton besoin de dessiner. Mais je remarque que tes différente quand tu en parles. Ta prof te critique, tu le vis malmais cest ça, apprendre. Nimporte qui.
Claire sentit quelquun la rejoindre, non comme un gestionnaire dun foyer, mais comme un proche.
Jai peur de jouer à lartiste, confia-t-elle. Que ce soit puéril.
Et le sérieux, cest quoi? demanda Laurent. Se contenter dendurer? Tu ne vas pas quitter ton boulot demain.
Soudain, Claire comprit: il ne sagissait pas de tout abandonner ou de tout continuer. Mais de cesser de seffacer, de soffrir un coin vivant.
Le lendemain, elle alla au match de Paul, le travail, puis aux cours. Elle arriva tôt, sinstalla, décida: tant pis si cest raté. Elle traça, plus librement, acceptant les erreurs, les ratures. Un relief se dégageaitmaladroit, mais réel.
La semaine suivante, elle se rendit aux ressources humaines pour demander un temps partiel ou deux jours de télétravail: possible, avec accord du chef, salaire réduit dautant. Elle sortit avec la feuille des modalités, le ventre serré. Moins deuros, moins de certitude. Mais moins la sensation que la vie sécoulait en dehors.
Elle hésita, puis choisit un moment de calme.
Jaimerais parler de mon emploi du temps, dit-elle à son supérieur. Je pourrais réduire un peu ma présence, avoir deux jours en télétravail.
Le chef soupira:
Claire, vous savez que ce nest pas le moment.
Je sais, répondit Claire. Moi non plus, je ne vais pas bien. Je suis en train de brûler.
Le mot était quasi un aveu. Elle sattendit à lironie; mais il soupira:
Bon. On tente deux jours à distance pour trois mois. Si le boulot suit, on continue. Sinon, retour à la normale.
Claire accepta, les jambes flageolantes, ce compromis. Ce nétait pas une victoire. Mais cétait réel.
Le jour de lexposition à la bibliothèque, Claire arriva tôt pour aider à installer. Le hall était lumineux, sentait les livres et la cire dabeille. Sur les panneaux, les dessins sétalaient: natures mortes vives ou timides, croquis ratés ou drôles. Claire accrocha les siens, apposa létiquette à son nom. Les mains moites.
Laurent et Paul passèrent, regardèrent, sarrêtèrent devant le portrait.
Cest moi, ça? demanda Paul, étonné.
Oui, répondit Claire.
Paul se pencha:
Bizarre ça me ressemble, mais jai lair sérieux.
Claire faillit sexcuser de ne pas saisir lexpression. Mais dit:
Tu es parfois comme ça.
Paul sourit, doucement ironique:
Cest chouette, maman.
Laurent resta un moment silencieux.
Je ne pensais pas que cétait aussi réel, murmura-t-il.
Claire regarda ses dessins : au-delà des défauts, il y avait toute cette parcelle de temps tirée de lordinaire, le lent effort pour ne pas se cacher derrière la «propreté». Ses peurs étaient là, mais navaient plus le monopole.
Le public parti, Claire décrocha ses dessins, les rangea dans une chemise. Lenseignante sapprocha.
Vous aviez lair plus paisible aujourdhui.
Jai compris que je nai pas à être bonne tout de suite, répondit Claire. Juste à faire.
Lenseignante sourit:
Cest ça, le travail.
Plus tard, chez elle, Claire posa la chemise à côté des BD de Paul, pas sur le haut du placard. Sur la table, la fiche des RH côtoyait leur budget familial, où ils avaient noté les lignes à réduire.
Elle se versa un verre deau, saccouda à la fenêtre et contempla la cour sombre. Les lumières séteignaient aux fenêtres den face. Demain la routine, les mails, les délais. Le soir, un nouveau face à face avec la page blanche. Elle avait peur, elle le savait. Mais désormais, la peur nempêchait plus davancer.
Elle sortit du dossier ce dessin manqué, la tête en plâtre sans relief. Au dos, elle écrivit: «Le droit de rater». Puis elle rangea la feuille, referma la chemisecomme on referme la porte dune pièce où lon pourra toujours revenir.
