15 février 2025
Cher journal,
Je commence ce soir par un grand merci à tous ceux qui ont aimé mes petites histoires, qui ont commenté, qui se sont abonnés et surtout qui ont offert leurs dons. Ce soutien me réchauffe le cœur, tout comme les ronrons de mes cinq chatons qui se lovent sur mes genoux chaque matin. Nhésitez pas à partager les récits qui vous plaisent sur les réseaux; cela fait toujours plaisir à lauteur.
Hier, après une soirée très agréable, nous nous sommes retrouvés autour dune table dans le petit appartement de Gaston, mon cousin, et de sa femme Valérie. Nous avons joué aux cartes, ri, et dégusté les plats délicieux que prépare Gaston. Cest surprenant de se rendre compte quil travaille depuis des années comme chef dans un restaurant du Marais, et pourtant il trouve toujours le temps de concocter des mets exceptionnels pour ses proches.
Maëlle, mon épouse, et moi, de bonne humeur, avons quitté les invités pour prendre le métro en direction de la station République. Le ciel était gris, la nuit tombait tôt, mais nos esprits étaient légers, réchauffés par le souvenir dune soirée réussie.
Depuis longtemps, Gaston et moi entretenons de bons rapports avec notre cousin Antoine et son épouse Valérie. Ils seront à la maison pour lanniversaire de Théodore, qui est né quelques jours avant le Nouvel An. Nous parlerons encore de nouveaux films à voir, nous régalerons de quelques spécialités festives, même si, au quotidien, le temps nous manque pour cuisiner. Cest une vieille tradition daccueillir les invités avec les meilleures choses de la table, de prendre petit à petit, de laisser les soucis pour demain. Aller rendre visite, cest un rappel de lenfance, une petite fête qui attend toujours dêtre célébrée.
Ces retrouvailles donnent de lénergie pour les projets à venir, et parfois un proche partage une idée qui peut même changer notre vie.
«Cest facile de parler avec ton frère et sa femme, cest un bon gars», a souri Théodore en me répondant.
«Moi, je nai ni frère ni sœur, mais jai Gaston. Avant, on ne se voyait pas souvent parce quil est plus âgé, mais maintenant je le considère comme mon frère, même sil est mon cousin,» a ajouté Maëlle, puis, se rappelant, a demandé :
«Théodore, tu nas pas de cousine ? Il me semble quune Jeanne vit pas loin, en banlieue, non? Pourquoi ne les avonsnous jamais vus ?»
Antoine, un peu hésitant, a haussé les épaules :
«Je ne sais pas, cest une vieille histoire. Mon père ne sentendait pas bien avec sa sœur, alors nos familles ont peu communiqué. Jeanne a deux ans de plus que moi»
«Il faut réparer ça! Jai compris à quarante ans quon ne doit pas oublier la famille. Gaston nest pas parfait, mais on a trouvé des points communs et jaime nos petites visites. La parenté, cest du sang, ça vaut la peine de la cultiver. Réparons le lien avec ta cousine, sinon il ne restera plus que moi.»
Antoine nétait toujours pas convaincu, mais Maëlle sest enflammée dencouragement.
Jeanne sourit toujours, pourtant
«Tu as son numéro? Je peux lappeler, si tu es gêné,» a proposé Maëlle.
Sous linsistance de Maëlle, Antoine a fouillé dans les vieux carnets et a trouvé lancien numéro de maison de Jeanne, mais il ne répondait pas. Maëlle a persévéré, a déniché le portable de Jeanne et, quelques jours plus tard, nous lavons appelée.
«Bonjour, cest la femme de votre cousin Antoine,» a commencé Maëlle, avant dentendre :
«Bonjour, il est mort?»
Choquée, jai dabord été muette, puis jai repris :
«Théodore était embarrassé dappeler, mais je lai convaincu. À notre âge, on réalise que la famille compte. Nous voulons reprendre contact, si cela ne vous dérange pas»
Après un moment de silence, Jeanne a demandé, méfiante :
«Théodore veut-il la maison de notre grandmère? Elle ma léguée il y a longtemps, je vis encore avec mon mari, nous navons nulle autre habitation.»
Antoine a haussé les épaules, ne se rappelant aucune discussion à ce sujet. Maëlle a expliqué calmement :
«Nous ne voulons que renouer, partager un repas, surtout que lanniversaire de Théodore approche. Venez nous voir, et nous parlerons de tout.»
Le ton de Jeanne sest adouci, elle a noté notre adresse et a accepté de passer au tutoiement, comme de vrais membres de la famille.
En raccrochant, jai plaisanté avec mon mari :
«Ta «Jeanne» était dabord surprise, puis elle a promis de venir. Tu verras, ce sera agréable de se remémorer les souvenirs denfance.»
Il a ri :
«Oui, mais nous ne sommes pas encore cinquantenaires»
Maëlle, rassurée, a mentionné quune collègue venait aussi de retrouver de la parenté en Biélorussie, ce qui la rendait heureuse.
Le jour de lanniversaire de Théodore, Jeanne et son mari Vincent sont arrivés. Ils étaient charmants et très accueillants. Ne sachant quoi offrir, ils ont apporté une petite mallette doutils; Vincent était ravi. Autour de la table, Gaston a préparé de savoureux amusebouches et un gâteau. Il avait lhabitude doffrir ce genre de présent, des spécialités maison, ce qui plaisait à tous, et Maëlle na pas eu à cuisiner davantage, bien quelle aurait pu préparer ses plats fétiches.
La soirée était chaleureuse. Gaston et Valérie ont apprécié la compagnie de Jeanne et Vincent. Vincent a animé une partie de cartes; chacun jouait avec enthousiasme, puis il a montré quelques tours de magie. Plus tard, Théodore a pris sa guitare, et nous avons chanté les vieux tubes dAntonov, rappelant notre jeunesse. Le temps entre nous sest réduit, nous ressemblions davantage à des égaux quà des aînés et des jeunes.
En raccompagnant les invités, Maëlle et moi avons flâné dans les rues illuminées, la neige scintillant sous les réverbères.
«Cest vraiment bien passé, nestce pas? Tu avais peur?», a murmuré Maëlle, en serrant mon bras.
En février, comme convenu, Jeanne et Vincent sont venus pour lanniversaire de Maëlle. Encore une fois, la joie était au rendezvous.
«Bientôt, nous irons chez Jeanne et Vincent, ils disent que cest facile darriver, et le jour de son anniversaire approche,» aije pensé à la fin du mois de mars. Jaime savoir que Théodore a maintenant une cousine proche avec qui il partage des moments.
Antoine a réagi dune façon étrange :
«Je ne sais pas, on ira peutêtre sils nous invitent»
«Que veuxtu dire? Je nai pas compris», aije demandé.
«Jai entendu Jeanne dire quelle serait toujours contente de nous voir,» a-til répliqué, souriant mystérieusement.
Linvitation nest jamais venue, ce qui ma surprise, mais peutêtre les circonstances ont changé. Quand Maëlle et moi avons appelé Jeanne pour la féliciter, elle a été ravie :
«Merci beaucoup, votre message me touche.»
«Voici le cadeau que vous demandiez, en argent,» aije dit en lui transférant la somme en euros.
Jeanne ne savait pas quoi offrir, alors elle a préféré recevoir de largent. Jai donc envoyé le même montant que cadeau, puis jai ajouté :
«Jeanne, nous te souhaitons une santé de fer, plein de bonheur, de prospérité et de chance.»
Elle a répondu en riant :
«Merci, Maëlle, à bientôt! Une amie vient bientôt, on fêtera comme dhabitude.»
Théodore, voyant Maëlle songeuse, a commenté :
«Je crois que le père de Jeanne et son frère ne se parlaient pas beaucoup à cause de la mère de Jeanne. Elle voulait que les proches viennent sans invitation, juste pour la féliciter.»
«Alors elle ninvitait personne?», aije demandé.
«Oui, elle ne préparait rien, juste du vin, du fromage et des biscuits, et on venait simplement pour partager.»
Nous avons ri, rappelant que nos traditions restent simples: une bonne table, des rires, et la présence de ceux quon aime.
Aujourdhui, je me sens plus proche de mes racines, plus riche de ces liens renoués. Même si parfois la famille semble distante, il suffit dun appel, dun petit geste, pour faire revenir la chaleur du foyer. Jespère que, comme Jeanne, nous apprendrons à ne jamais être des invités non désirés, mais toujours les bienvenus.
À demain, cher journal.
