Après vingt-cinq ans d’absence, jai décidé dassister à une réunion danciens élèves. Laissez-moi vous confier ce que la vie my a enseigné.
Bonsoir à tous. Ce soir, jaimerais partager une tranche de vie qui ma profondément marquée : mon retour, bien des années plus tard, parmi mes anciens camarades de classe.
Aujourdhui, jai quarante-trois ans. Je suis installée, avec une famille aimante : un mari attentionné et deux fils pleins de vie. Tout ce que la jeune femme que jétais avait pu souhaiter, je lai obtenu. Des enfants brillants et charmants, un compagnon tendre je ne pourrais rêver mieux.
Je navais, depuis longtemps, plus de nouvelle de mes anciens camarades. Ce détachement remonte à la façon dont on me traitait quand jétais adolescente. Je portais des lunettes épaisses et ma peau était couverte dacné.
Tout le monde sait quau collège, une apparence différente coûte cher. Les moqueries étaient mon pain quotidien, parfois si cruelles que jen pleurais le soir dans ma chambre.
Après le bac, mes camarades avaient institué une tradition : tous les cinq ans, nous retrouver autour dun dîner pour évoquer nos vies, nos réussites, nos regrets.
Jétais venue à la première rencontre. À lépoque, javais vingt-trois ans. Nous étions encore jeunes et beaux, mais la soirée avait si mal tourné une dispute vive, presque une bagarre que je métais jurée de ne plus jamais y remettre les pieds.
Jai décidé quun jour, vingt ans plus tard, je pousserais à nouveau la porte, juste pour observer ce que le temps avait fait de nous.
Ce jour est finalement arrivé. Quarante-trois ans, lâge de la sérénité. Lannonce de ma venue parmi eux provoqua létonnement, mais personne ne refusa ma présence.
Nous nous sommes donné rendez-vous dans un restaurant de Bordeaux.
Quand je suis arrivée, la première chose qui ma frappée, cest lallure des anciens meneurs, ceux qui me prenaient pour cible jadis : cheveux négligés, vêtements défraîchis, ventre gonflé de bières bon marché.
Pendant tout le repas, il était évident que tous les regards étaient braqués sur moi. Ils ne tarissaient pas de commentaires sur ma nouvelle beauté, sur lharmonie de ma vie, sur mes succès.
Plutôt quen être flattée, jai ressenti un profond malaise devant ce spectacle. Jai élégamment rassemblé mes affaires, prétexté une obligation, et je suis partie sans un regard en arrière.
Quen ai-je retenu? Dabord, que ceux qui régnaient sur la cour de récré nont pas vraiment percé dans la vie. Beaucoup sont seuls, aucun na construit ce quils pensaient mériter.
Ensuite, et cest la plus grande leçon : il ne faut jamais juger quelquun à son apparence. Jamais.
Voilà mon histoire. Et vous, avez-vous revu vos anciens camarades? Partagez avec nous vos souvenirs les plus marquants !
