Eh bien, dans ce cas – je vais chez ma mère ! — a déclaré le mari.

Bon, si cest comme ça, je vais chez ma mère! déclare Mathieu.
Et restetoi seule ici! sécrie sa maman.

Ophélie se retrouve à la dérive, sans compagnon, sans travail, sans perspectives. Et comment vatelle fêter le Nouvel An?

Tous ces nerfs maudits! conclut sa mère en entendant les nouvelles fracassantes. Cest lui le fautif, ton petit galopin: il ta carrément plantée! Tu crois que cest à cause de qui?

Alors? sourit Mathieu. Fais la paix, jattends!

La vie dOphélie Dubois comporte deux malheurs: pas de mari et pas de route. Bien que le premier point suscite quand même quelques doutes.

Les véritables fléaux se manifestent sous la forme du mari quelle chérit et de la «chère» patronne. Comme cela arrive souvent aux autres.

Ils ne se trompent pas, ils ne se trompent pas! Aucun na trahi lautre! Cest simplement quils empoisonnent la vie dOphélie chacun à leur façon.

Mathieu est intelligent, plein desprit, un interlocuteur brillant, imprégné de romantisme. Mais ce ne sont que des mots.

Quand il sagit de «travailler», il apparaît soudainement malade, épuisé, débordé, voire même affamé! Car Mathieu adore manger un bon repas.

En bref, tout se déroule comme dans une vieille fable française:

Allez, prends ta cuillère!
Où est ma grosse cuillère?

Avant le mariage, quand les rencontres duraient à peine, tout le monde était satisfait: dîner léger avec une pizza livrée, intimité de qualité, conversation pétillante lidéal du couple!

Ophélie, folle amoureuse, ne remarque pas que son fiancé est en quête permanente delle-même et dun emploi:

Je te le dirai dès que je trouve! Tu seras la première à lapprendre! plaisante lhomme.

Ils rient tous les deux, trouvant la situation hilarante.

Mathieu, toujours plein desprit, lappelle affectueusement «Fée» ou «Petite Fée». Elle le surnomme «Mathinou».

Pas du tout un singe! Le K de «Mathinou» porte un petit goût de plaisanterie, comme une petite blague de poisson.

Tout le monde sait ce quest un petit singe.

Le surnom «Mathinou» sonne plus sérieux, plus respectable, et noffense pas Ophélie, qui ne veut blesser personne.

Le mariage a lieu, Mathieu emménage chez Ophélie: il na pas son propre logement, même à trente ans.

Les blagues ne paient pas les factures! conclut la mère dOphélie, qui napprécie pas le gendre.

Qui larrête? Il nest ni un humoriste célèbre, ni un clown!

Le premier malentendu surgit quand il faut payer le loyer. Ophélie na pas dargent et fait ce que font les bonnes épouses: elle demande à son mari.

Il savère que Mathinou reste à la maison! Oui, il cherche: un travail et son identité!

Et il le fait le mieux allongé sur le canapé, histoire de réfléchir!

Si on tappelle demain à la guerre, tu seras trop fatigué? plaisante-til.

Paye avec tes sous! propose Mathieu, lœil malicieux.

Mes sous sont épuisés: jai tout dépensé en courses! répond Ophélie, surprise, nayant jamais imaginé la vie à deux.

Alors prends ce qui a été offert, je rembourserai plus tard!

Quand? demande-telle.

Quand le chat et la soupe seront prêts! lance le mari, riant de sa propre blague.

Ils reçoivent environ deux cent mille euros comme cadeau de mariage, leur livret A débordant. Mais ils nont dautre choix: les parents ont cessé daider depuis le mariage, «Que ton mari te nourrisse!»

Mathieu, qui a longtemps vécu chez ses parents, est aussi privé de confort: «Tu es parti? Bien sûr, tout est fini!»

Le salaire dOphélie sépuise. Elle puise dans le livret A, puis encore. Pas étonnant que lépargne de «jour noir» fonde comme neige au soleil.

Un jour, en ouvrant la boîte promise, elle découvre quelle est vide, alors que selon ses calculs il devait rester quelque chose.

La boîte, pourtant pleine au départ, est vide: Mathieu a pris les «restes» pour sacheter de nouveaux écouteurs.

Le mari ne comprend pas pourquoi il ne devait pas faire ça: «Les vieux écouteurs ne fonctionnent plus!» plaisante-til.

Questce que tu vas faire, Raymonde? sexclame Ophélie.

Inventez quelque chose, vous êtes ma bricoleuse!

Elle crée, mais se tait, dépassée par la décence. Le lendemain, elle emprunte à sa mère «jusquau salaire».

Et cela bloque le mari? Il ne court pas chercher un emploi! Il plaisante encore: «Je ne supporte pas lignorance, surtout dOphélie!»

Il revient et tente de concilier: «Assez de disputes, petite fée! Tu mas manqué»

Ils se réconcilient, elle aussi, la jeunesse reprend ses droits, même sil reste des traces.

Emprunter à sa mère devient une habitude, qui najoute rien à son moral.

Un jour, la bellemère en a assez:

Mathieu, tu as gagné le moindre sou? Ou tu te contentes de vivre aux dépens dOphélie?

Mathieu reste muet, sans réplique, la vérité le frappe.

La seconde malédiction dOphélie provient de sa patronne, «Madame Martine», quon surnomme la «boss». Ophélie travaille comme analyste économique.

Madame Martine est une vieille sorcière solitaire, haineuse de tout le monde simplement parce quils sont nés sans son accord.

Elle méprise hommes et femmes: trois mariages ratés, tous trahis.

À cinquante ans, elle dirige un service, sans enfants, sans amants, deux chats, deux cours de tango par semaine.

Des ordres de licenciement pleuvent de tous côtés.

Quand le collègue Pierre, évoquant les cours de tango, plaisante que la patronne devrait plutôt mener un «cercle», tout senchaîne en six secondes.

«Vous ne travaillez plus ici!» crie Madame Martine, froide.

Et cest tout! Les supplications restent vaines, cest juste une blague, pourtant personne ne rit.

Ophélie craint Madame Martine, reste figée comme les autres. Mais un ange garde encore sa porte.

La veille, une nouvelle dispute éclate avec Mathieu, de plus en plus fréquente, toujours pour des broutilles qui accumulent les rancœurs. Cette fois, il évoque le divorce.

Le lendemain, Ophélie se rend au travail, décidée à envoyer un SMS au mari fautif.

Elle veut lappeler «Mathinou» plutôt que «Mathinou», pour le blesser davantage.

Le message est prêt: «Ne pense pas, petit singe, que je crains tes mots! Je partirai seule, tu mordras tes coudes! Arrête de te la jouer, sinon je tenvoie au zoo!»

Elle signe non plus «Petite fée», mais «Dubois», pour montrer son sérieux.

Elle sourit, le texte est parfait, avec humour comme le mari laime, et exprime tout ce quelle voulait, sans cruauté.

Le Nouvel An approche: comment le fêter si le couple se sépare? Ils nont même pas passé une année complète ensemble.

Alors, la patronne entre, crie: «Amusezvous, Dubois, mais votre rapport annuel est complètement foiré! Corrigezle rapidement, sinon le licenciement approche!»

Madame Martine, satisfaite de son dose dadrénaline, sen va, le regard fier.

Ophélie reste figée, comme il faut se lever quand la «boss» arrive; la mauvaise passe sétend.

Elle corrige le rapport, envoie un SMS à la patronne, puis à Mathieu.

Trois minutes plus tard, Madame Martine lappelle:

Qui, selon vous, est la vraie petite singe? demandetelle, sans sourire. Vous allez me livrer au zoo, Dubois?

Le cœur dOphélie se serre, elle a mal compris le SMS.

Madame Martine, le mot «singe» lui va à merveille.

Quelque chose de similaire aurait pu être dans un roman ou dans une comédie, mais aucune des deux femmes ne rit.

Ophélie reste silencieuse, regardant le sol: expliquer serait inutile, la scène semble irréelle.

Madame Martine pense que ses employés sont trop audacieux! «Comment osezvous écrire cela?»

«Vous vouliez partir? Votre rêve se réalise: vous navez plus de poste!», annoncetelle, voulant même les jeter dans les toilettes.

«Vous recevrez le calcul aujourdhui: plus de travail! Et une visite au zoo, si vous voulez!»

Puis, en riant, elle ajoute: «Les leurs sont sûrement déjà là!»

En somme, la patronne lemporte. Ophélie sort du bureau, se prépare, perd une heure et demie.

Avec largent quelle a reçu, elle paie immédiatement, puis part avec son cactus.

Allez, réconcilietoi, dit Mathieu en sortant du hall. Cest le moment, tu avais promis de régler ça pour le déjeuner!

Mathieu reçoit le SMS destiné à la patronne, comprend quOphélie a demandé le répit, et arrive à temps.

Pourquoi mastu apporté un cactus au lieu de fleurs? sexclame le mari, content. Et cest normal, les roses, ce nest pas vraiment mon truc!

Ton «style» est là, tu le sais! crie Ophélie, les nerfs à vif. Tu vois où je vais mettre ce cactus? Tu mas fait perdre mon travail!

En principe, cest logique! Si elles ne sétaient disputées hier, elle nenverrait pas ce SMS.

Et il naurait pas fallu lenvoyer à personne.

«Pourquoi cest à cause de moi?» sinterroge Mathinou, sincère. «Encore une bourde?»

Encore une bourde, cest trop: le mari a piétiné le «mal», elle a vraiment foiré le rapport.

«Ce nest pas tes affaires!» hurle Ophélie.

«Quoi?», sétonne lhomme, ignorant ses paroles sur le licenciement. «Ce sont des broutilles, elles passeront!»

«Alors, tu ne veux pas faire la paix?»

Bon, si cest comme ça, je vais chez ma mère! sécrie-telle. Et restetoi seule!

Ophélie se retrouve à la dérive, sans homme, sans travail, sans perspectives. Et comment fêter le Nouvel An

Tous ces nerfs maudits! conclut sa mère, entendant les nouvelles fracassantes. Cest lui, ton petit galopin: il ta plantée! Tu crois que cest à cause de qui?

Questce que tu cherches chez lui, je ne comprends pas? Il est comme une bulle de savon: brillant à lextérieur, vide à lintérieur.

Choisis tes prétendants avec plus de soin, ma fille! Et questce que tu as ramené chez toi?

Daccord, ne pleure pas: personne nest mort. Reposetoi un peu, ton père et moi te nourrirons facilement.

Sa mère linvite à passer le Nouvel An chez elle; son amie promet damener son fils célibataire et charmant.

La grandmère se joint à elles :

Une perte, rien de grave, que dautres tapent la cuillère ailleurs!

Et elle ajoute, comme sa mère :

Choisis mieux, ma petite, choisis mieux!

Ophélie et Mathieu divorcent: ils ne se comprennent plus, deux êtres misérables, cruels et indifférents.

Comme le disait le vieil humoriste, il aurait fallu quelle fasse tout plus soigneusement.

Souviensten, Ophélie! Et surtout, fais attention aux SMS: vois ce qui peut arriver, sinon tu te retrouveras à tout nettoyer.

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Eh bien, dans ce cas – je vais chez ma mère ! — a déclaré le mari.
Elle n’a pas déclaré son mari à la mairie, il est parti travailler après une discussion et n’est jamais revenu