Réussir en une heure : le défi ultime !

Je nai eu quune heure pour tout régler.
Rien ne me faisait plus mal, sauf son âmeArlette ne savait plus où elle se trouvait, ni ce qui était réellement arrivé.
Elle scrutait le paysage, mais devant, audessus, en dessous et derrière elle, il ny avait presque rien Un épais brouillard gris tourbillonnait autour delle.
Bienvenue dans léternité, dit une voix douce et insidieuse.
Et Arlette se souvint, elle se souvint de tout!
Comment sa voiture sétait rebellée, comment elle avait quitté la chaussée, comment le véhicule sétait renversé en plein vol, et ce dernier choc violent qui avait brisé et arrêté sa vie.
Mais je ne peux pas! sécria-t-elle. Jai un mari et un fils à la maison, ma mère est très malade. Ils ont besoin de moi! Aidemoi! Aidemoi à revenir! Je te donnerai tout ce que tu voudras!
Proposition intéressante Arlette ressentit presque physiquement un sourire invisible. Je taiderai. Mais, tu sais, je suis quasiment certain que même toi-même ne pourras pas te sauver. Le prix sera terrible. Croismoi, je connais les tourments de lenfer
Je ten supplie, qui que tu sois, ppps!
Daccord, ça mintrigue
Je diviserai ton âme en quatre parties égales. Trois resteront avec toi, la quatrième sera ma garantie. Tu auras exactement une heure. Mais quelque chose me dit que tu te méconnais bien

Arlette sortit dans la cour, pressée il fallait quelle évite les embouteillages du soir. Son fils était chez la bellemère à la campagne et elle devait le récupérer.

Près de la voiture se tenait un corbeau au plumage désordonné, blessé à laile. Il se balançait maladroitement, puis, avec peine, sélança vers Arlette.

Vous avez besoin dune voiture? sexcusa la voisine, haletante. Emmeneznous, corbeau et moi, à la clinique, je paierai. Il risque de mourir

Arlette, très pressée, rétorqua:
Prenez un taxi, je nai pas le temps pour les oiseaux blessés.

Le corbeau fixa Arlette du regard, se jeta à ses pieds, criait dune voix rauque, ne faisant quaccroître son irritation. Arlette le repoussa dun revers de pied, monta dans sa voiture, démarra le moteur et séchappa à toute vitesse.

Derrière elle, la voisine resta désemparée; le corbeau disparut comme évaporé sous ses yeux.

À la stationservice la plus éloignée, alors quArlette faisait le plein, une petite chienne maigre et errante se plaça sur son chemin. La bête, la queue frémissante, le regard suppliant, saccrocha à elle.

Fuye! claqua Arlette du pied.

La chienne, loin dêtre intimidée, se pressa, aboya faiblement, puis mordit la jupe dArlette et la tira. Une odeur de boue et dhumidité lenveloppa, et sous loreille du chien, un puce se baladait.

Dégage! cria Arlette, dégoûtée.

Un coup de pied projeta la chienne sur le côté. Arlette, se massant le flanc douloureux, ferma les portières et, sans un regard pour lanimal, séloigna.

Sans ralentir, elle passa une lingette antibactérienne sur ses mains. «Merde! Pas encore un animal à nettoyer» pensat-elle.

Sur lautoroute, la circulation était dense, chacun se dépêchait vers sa destination. Arlette relâcha un peu laccélérateur, mais ne put se détendre complètement.

Au centre de la voie, un chaton blanc, poussiéreux, faisait des pirouettes. Son petit corps semblait crier au secours, implorant dêtre sauvé.

Arlette secoua la tête, convaincue que cétait une illusion. Elle passa à toute vitesse, puis jeta un œil dans le rétroviseur. Le chaton, debout sur ses pattes arrière, plaça ses petites pattes avant sur sa poitrine, comme pour supplier.

Tu vas mourir, petit! Pourquoi traîner sur la route?

Quelque chose dans la voiture se tordit, murmurant quil fallait le ramener, au moins le couvrir dun sac pour le sortir de la chaussée. Mais le temps pressait.

Arlette regarda sa montre: cela faisait 58minutes quelle était partie, il ny avait plus de place pour ce minuscule être. Elle jeta un dernier regard, le chaton la suivait, désespéré, mais elle ne pouvait plus lentendre.

Elle évacua le souvenir du chaton, se concentra sur sa route. «Les oiseaux, les chiens et les chatons, que quelquun dautre sen occupe, et ces puces me laissent tranquille.»

Deux minutes plus tard, la voiture dévia soudainement de la route. En tombant dans le même épais brouillard gris, Arlette entendit un rire aigu et malicieux, puis la même voix sexprima:

Pourquoi les hommes me blâmentils toujours? Étaitce ma faute? Jai même essayé de taider, je tai offert trois merveilleux occasions juste assez pour gagner un peu de temps.

Pourquoi ne pas avoir emmené le corbeau à la clinique, ou le chien, qui tappelaitFaire un arrêt, ralentir un instant, prendre le chaton?

La voix ricana à nouveau, mais cette fois avec amertume:

Cest toi qui essayais de tarrêter, sous les formes dun oiseau, dun chien, dun chaton trois fragments de ton âme Tu te souviens?

Arlette hocha la tête, elle se souvenait. Elle se rappelait sêtre suppliée, avoir imploré un instant de pause. Mais elle était trop pressée de vivre, refusant daccueillir dautres dans sa précieuse existence.

En réalité, ces autres ne cherchaient quà la sauver, même si leurs apparences semblaient étranges.

La voix poursuivit:

Ne pense pas que tu es la seule. Beaucoup ont demandé une seconde chance, et je leur en ai toujours donné trois, sans que cela ne suffise. En plusieurs siècles, seuls quelques rares ont échappé à mon enfer, et je suis heureux quand les hommes continuent à vivre et que leur destin change. La quatrième partie de lâme je la rends à ceux qui la réclament, sans regret.

Arlette tenta de supplier à nouveau, mais des pattes poilues, terrifiantes et griffues surgissaient du brouillard pour la saisir

P.S.Chaque fois que tu passes près de quelquun qui a besoin daide, réfléchis peutêtre que cest une part de ton propre cœur qui veut tarrêter, te mettre en garde et tépargner le pire. Elle sait déjà ce qui tattend.

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