11 décembre 2025
Ce jour-là, la voix acérée de ma belle-mère, Françoise, sest élevée dans la cuisine, tranchant lair comme une épée : « Tu envisages dagrandir la tribu sans fin ? » Son sarcasme ma heurtée, chaque syllabe imprégnée dun reproche à peine masqué. Elle a poursuivi, implacable : « Un nouveau-né chaque année, cest ton ambition ? Tu comptes tarrêter un jour ? » Avec une maîtrise feinte, jai répliqué : « Bonjour, Françoise. Pourrais-tu épargner les remarques aujourdhui ? Pierre ta annoncé la nouvelle, cela ta contrariée ? »
Elle a rétorqué sans détour : « Bien sûr ! Après le troisième garçon, je tai suppliée darrêter cette expansion familiale. Mais tu ignores toujours mes recommandations ! Lors du réveillon, je tai offert une boîte de préservatifs, espérant que tu prendrais enfin tes responsabilités, et voilà que tu recommences ! » Ce souvenir me revient, ce soir où elle ma tendu la boîte devant tous, le jour de lanniversaire de notre fils aîné, Louis. Elle avait insinué quil était temps de mettre un terme à cette succession de naissances.
Javais simplement répondu, dun ton posé : « On entend tes remarques, mais on ne peut pas aller contre la nature. » Elle na pas apprécié, lançant : « Vous voulez faire les malins ? Occupez-vous de vos enfants, je ne vous aiderai plus »
Nous attendons notre quatrième enfant, et cela semble la mettre hors delle. Je ne comprends pas cette colère, ni cette obsession pour notre vie familiale. Jamais Françoise na pris soin de ses petits-enfants, ni apporté un soutien financier. Elle passe voir les enfants une fois par mois, apportant des cadeaux uniquement lors des fêtes. Cette distance me pèse, mais je préfère me taire. Elle nest pas dans le besoin, elle pourrait offrir des friandises, mais elle sen abstient. Je garde mes frustrations pour moi, sans en parler à Pierre. Lessentiel est que nos enfants ne manquent de rien.
Pierre gagne bien sa vie, et de mon côté, je développe mon activité depuis la maison. Dès que mon entreprise a commencé à rapporter, jai embauché une nourrice, Élodie, pour soccuper des enfants pendant que je travaille. Elle les emmène jouer au Jardin du Luxembourg, leur lit des histoires, pendant que je me concentre sur mes projets.
Notre famille est soudée, heureuse, mais lattitude de Françoise jette une ombre sur notre quotidien. Depuis le début, elle ne ma jamais acceptée, et chaque naissance semble attiser son ressentiment.
Je me souviens de la première fois où elle a refusé daccueillir notre troisième fille, Chloé. Elle avait insisté pour que jinterrompe la grossesse. Avec le temps, elle sest attachée à la petite, les tensions se sont apaisées, puis jai découvert que jétais de nouveau enceinte. Ce quatrième enfant nétait pas prévu, mais il est arrivé, comme un cadeau du destin. Nous laccueillerons, quoi quil arrive.
Je soupçonne Françoise de craindre que Pierre cesse de laider financièrement. Il lui verse régulièrement de largent, et avec un enfant de plus, les dépenses vont grimper. Je nai rien contre le fait quil soutienne sa mère, tant que cela ne pénalise pas nos enfants. Nos finances sont stables, alors je lencourage à continuer. Nous avons payé ses soins dentaires, lavons emmenée à Biarritz, réglé les travaux de son appartement.
Si mes soupçons sont fondés et que Françoise sinquiète pour son confort matériel, la situation risque de se détériorer. Mais rien de ce quelle dira ne nous fera changer davis : ce bébé, nous le voulons. La question demeure : a-t-elle vraiment le droit de décider du nombre denfants que nous devrions avoir ?

