L’ex-mari à bout de nerfs – prêt à fuir ses propres enfants !

Tu mas transformée en volcan en éruption ! lança Ninon, le ton acéré. Tu vas enfin parapher ces satanés papiers ?

Cest justement pour ça que jai réclamé le divorce ! rétorqua Sylvain. Tu ne mas jamais compris ! Tes crises, je les esquive. Ce qui mimporte, cest le futur des enfants !

Justement, ils seront chouchoutés ! répliqua Ninon. Ma mère sera là, en prime !

Un faux prétexte, marmonna Sylvain.

Encore tes histoires ! sagaça Ninon. Je pars bosser, tu captes ?

Je capte ! admit Sylvain. Mais je vois bien que tu vas te dégoter un mec là-bas, te remarier et tinstaller pour de bon !

Je ne touche pas des montagnes deuros pour traverser la frontière juste pour voir mes gamins !

Je nai aucune intention de poser mes valises ! rétorqua Ninon, tendue comme un fil.

Je nen crois pas un mot ! Sylvain haussa le ton. Tu embarques ta mère, et hop, plus personne dautre. Tu déménages tout le clan !

Ne me fais pas avaler des salades, si tu peux rester, tu resteras ! Je refuse de perdre mes enfants à cause de tes lubies !

Sylvain, contrairement à toi, les enfants sont restés avec moi après le divorce ! Et il y en a trois, au cas où tu aurais la mémoire courte !

Les femmes avec trois marmots ne sont pas très cotées ! lança Ninon. Je pars juste pour le boulot !

Mais je ne vais pas larguer les enfants ! Pendant que je bosse, ma mère les trimballera au parc, à la plage, partout où ils pourront se défouler !

Ta mère peut très bien les balader ici ! Et toi, tu peux filer où bon te semble ! Sylvain esquissa un sourire crispé.

Sylvain, ne sois pas plus casse-pieds que dhabitude ! balança Ninon. Les enfants sont en vacances, jai du taf à létranger. Cest la haute saison là-bas ! Laisse-les samuser un peu !

Ils nont pas besoin de vacances, ils peuvent très bien séclater en France ! affirma Sylvain. Je refuse de perdre mon droit déduquer mes enfants à cause de tes virées à létranger !

Je donne la moitié de mon salaire pour eux ! Jai tous les droits !

Si cest une histoire de sous commença Ninon.

Non ! sécria Sylvain. Largent na rien à voir ! Je ne veux pas perdre mes enfants !

Donc cest comme ça que tu vois les choses ? demanda Ninon, tendue.

Exactement ! Je ne donnerai pas mon feu vert pour emmener les enfants hors de France !

Heureusement que jai anticipé, soupira Ninon. Je sentais que ça allait être coton. Et te convaincre, cest mission commando ?

Absolument ! Sylvain hocha la tête, ravi.

Dis-moi, tu as quelquun en ce moment ? demanda Ninon.

Pourquoi tu me demandes ça ? Sylvain fut pris de court.

Je te le demande en tant quex-femme, réponds-moi !

Non, je nai personne, répondit Sylvain. Avec la moitié du salaire envolée, difficile de se lancer dans une romance

On va régler la question du salaire, acquiesça Ninon. On va même booster ta situation !

Quest-ce que tu mijotes ? Sylvain se méfia.

Rien ! On va passer devant le juge ! Tu vas demander la garde des enfants chez toi pendant mon séjour pro à létranger !

Du coup, tu nauras plus à payer de pension, et tu toucheras la moitié de mon salaire !

Les enfants resteront en France, comme tu le veux, et avec toi !

Tu es sérieuse ? Sylvain était déconcerté.

Sinon, je demanderai la déchéance de tes droits parentaux ! Payer la pension ne suffit pas, il faut aussi simpliquer dans leur vie !

Depuis le divorce, il y a trois ans, tu nas jamais pris le temps de voir les enfants !

Sylvain resta figé, abattu.

Mais tu peux simplement signer les papiers pour leur sortie du territoire, Ninon lui adressa un sourire si doux que Sylvain en frissonna.

Les enfants restent avec moi, articula Sylvain comme un automate.

Parfait ! Il me reste trois mois avant de partir. On aura le temps de tout organiser. Et ma mère pourra venir tépauler !

***

Tout le monde savait que Sylvain et Ninon ne feraient jamais un vrai foyer. Trop de différences, trop de galères. Tout était excessif : paroles qui claquent, promesses en lair, projets trop grands.

Ils navaient pas vraiment quitté leur fougue de jeunesse.

Quand ils se sont mariés, cétait à contre-courant, et certains amis pariaient sur la date du divorce.

Ils le disaient sans détour. Et demandaient :

Comment vous faites pour vivre ensemble ?

Les jeunes mariés trouvaient ça normal. Oui, ils se prenaient la tête, mais ils se rabibochaient ! Ninon lâchait parfois, Sylvain aussi.

On espérait quils sadapteraient. Les parents y croyaient. Chaque dispute les stressait, ils ne comprenaient pas pourquoi les jeunes restaient si zen.

Mais les jeunes avaient leurs propres soucis.

Les parents de Ninon leur avaient offert un appart. Il fallait le retaper, le meubler, et bien plus encore. Mais à cause de leurs réconciliations passionnées, les travaux avançaient à la vitesse dun escargot.

Vivre dans les gravats, cétait marrant, mais pas très confortable. Et franchement désagréable quand la poussière crisse sous les dents. Les pieds, même lavés, restaient noirs

Mais il a fallu accélérer les travaux, Ninon est tombée enceinte.

Là, Sylvain sest révélé sous son meilleur jour.

Contrairement à Ninon, Sylvain était bricoleur. Il a fini la rénovation deux semaines avant la naissance de leur fille.

Ninon nétait pas totalement satisfaite. Son âme de décoratrice voulait autre chose. Mais le bébé la obligée à accepter létat des lieux.

Après leuphorie, la déception a pointé. Sylvain avait fait les travaux, mais la gestion du quotidien, il la laissait à Ninon.

Le ciment, le béton, la sciure, il savait balayer tout ça. Mais passer un simple coup de balai, inutile de lui demander.

Nettoyer les fringues des traces de chantier, pas de souci. Mais lancer une machine et étendre le linge, jamais.

Sylvain savait cuisiner, mais il détestait ça.

À ce moment-là, ils ont failli divorcer. Cest fou, mais ils ont tenu onze ans sur le fil. Même les sceptiques ont dû admettre quune famille, même comme ça, pouvait durer.

Ils ont eu deux autres enfants. Ce qui était incompréhensible.

Le divorce fut terrible.

Sylvain a fait ses valises, souhaité bonne chance à tous, et quitté lappart. Parti, envolé. Trois ans sans nouvelles.

Cétait dur. Laînée avait onze ans, le fils sept, la petite trois, et il les a oubliés en un clin dœil.

Seuls les virements de pension rappelaient quil avait existé.

On laurait oublié si Ninon navait pas reçu une proposition de mission de deux mois à létranger, avec des conditions de rêve.

Non seulement on lui offrait une maison toute équipée, mais elle pouvait emmener ses trois enfants et une personne en accompagnement.

Heureusement, Ninon na pas traîné pour les papiers. Il fallait laccord du père.

Mais Sylvain a refusé. Il a fallu agir vite. Et le punir pour son rôle de père !

***

Comme toute maman, Ninon était inquiète de laisser les enfants à leur père deux mois. Si Sylvain avait été un peu présent après le divorce, tout aurait été plus simple, pas besoin de toutes ces démarches judiciaires.

Mais linquiétude restait. Elle était atténuée par le fait que laînée, maintenant quatorze ans, était devenue la petite assistante de sa mère.

Le fils et la petite nétaient plus des bébés. Dix et six ans, ils se débrouillaient. Et ils obéissaient à laînée, Océane.

Sylvain savait que son ex-belle-mère restait pour aider. Mais en réalité, Hélène Dubois était envoyée comme contrôle populaire et conseillère.

Avec ses connaissances, elle devait remettre Sylvain sur le droit chemin ! Elle avait même le pouvoir de menacer dappeler les services sociaux pour lui faire peur.

Vu de lextérieur, Sylvain allait vivre deux mois tranquilles, avec des décisions prises pour lui et de laide à disposition. Mais les enfants restent des enfants.

Deux mois plus tard, quand Ninon est revenue à Paris, elle a dabord appelé sa mère pour prendre des nouvelles.

Il a perdu vingt kilos, dit Hélène Dubois, des cernes comme un panda, les nerfs en vrac. Et il me doit trente mille euros. Il na pas tenu le budget.

Et les enfants ? demanda Ninon. Comment vont-ils ?

Ils sont ravis ! rassura sa mère. Ils ont dressé leur père en trois jours ! Quand il a voulu protester, jai sorti les lois. Sil râlait, je le recadrais.

Ils nont pas trop abusé ? sinquiéta Ninon.

Elle imaginait des montagnes de déchets, de la malbouffe et des distractions sans fin.

Océane les tient à carreau ! Elle oblige même Denis à lire !

Alors je suis rassurée !

Ninon voulait garder son retour secret. Mais il sest avéré quune chasse à lhomme avait été lancée dans tout Paris.

Une semaine avant le retour prévu de Ninon, Sylvain sest activé.

Il a supplié tous ses amis, voisins, commerçants, de prévenir sils voyaient Ninon. Il a même promis une récompense : dix mille euros. Tout ça pour rendre les enfants à leur mère !

Évidemment, Ninon a été dénoncée comme une bouteille consignée après les fêtes.

Sylvain a quitté son travail en trombe et sest précipité à lappartement où Ninon venait darriver.

Ça suffit ! Reprends-les ! lança-t-il dès quelle ouvrit la porte.

Certainement pas ! répliqua Ninon. Je ne suis pas vraiment revenue ! Je suis là pour une semaine, puis je repars ! Jai signé un contrat dun an !

Ne mens pas ! Je suis allé à ton boulot ! On ma dit que tu ne partirais plus ! Cétait une mission unique ! dit Sylvain.

Incroyable ! Tu es allé jusquà mon travail ? sétonna Ninon.

Jai parlé au directeur, confirma Sylvain. Alors, reprends les enfants ! Si tu veux partir, je te donnerai lautorisation ! Je ten supplie, reprends-les !

Sylvain, tu ne comprends pas ! sourit Ninon. On est allés au tribunal, non ? On a fixé la résidence des enfants chez toi, et je paie la pension !

Pour tout changer, il faudrait que je retourne au tribunal ! Mais jai trop de travail ! Je préfère payer la pension et venir une fois toutes les deux semaines ! Si ça ne te dérange pas !

Sylvain pâlit, suait, prêt à sévanouir.

Tu es le père de lannée ! Tu as gagné au tribunal, à toi délever les enfants ! tonna Ninon, les yeux brillants. Moi, je vais essayer dêtre une bonne maman du dimanche ! Pas comme toi, qui na pas vu les enfants en trois ans !

Ninon, ma chère ! Prends-les, je ten supplie ! Je nen peux plus ! Je jure de venir tous les week-ends ! supplia Sylvain. Prends-les ! Ils mont épuisé !

Il faut les nourrir, les abreuver, les divertir, les habiller, les déshabiller, ranger, laver ! Je suis prêt à menfuir dans la forêt !

Voilà ! acquiesça Ninon. Cest comme ça que jai vécu ! Et de mon ex-mari, aucune aide !

Je te jure, je vais taider ! Mais débarrasse-moi deux !

Sylvain tomba à genoux et rampa vers Ninon :

Sil te plaît !

Au tribunal, ce fut la fête, et la famille fut placée sous surveillance. « On ne joue pas avec les enfants ! » Mais lenquête montra que les enfants avaient pris ça comme une aventure amusante.

Finalement, les enfants ont retrouvé leur père. Pas parfait, un peu perdu, mais un père. Et avec les années, ils nont gardé aucun mauvais souvenir de Sylvain. Il na jamais été le père idéal, mais il a fait de son mieux.

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