Il y a quelques années, mon frère Laurent ma sollicité pour obtenir ma part de la propriété familiale nichée dans la campagne bretonne, arguant quil avait pris soin de notre père durant les trois dernières années.
Dès le début de mon parcours universitaire, jai quitté le foyer parental. Après avoir achevé mes études, jai déménagé à Lyon, décroché un poste stable et épousé Solène, une femme prévenante. Notre fils, Théo, est né peu après notre mariage.
Laurent, de son côté, sest uni à Éloïse, une femme remarquable, et ils ont choisi de rester auprès de nos parents. Je nai jamais eu de griefs à son égard ; il a toujours agi avec droiture. Ensemble, ils ont partagé le quotidien avec nos parents pendant de longues années, jusquà la naissance de leurs deux enfants. Même si nous étions indépendants et rendions visite régulièrement à la ferme, mon beau-père nous avait offert une Peugeot pour faciliter nos allers-retours.
Chaque été, nous partions souvent en vacances, mais nous revenions toujours aider nos parents pour les tâches ménagères et lentretien du potager. Solène entretenait une relation très complice avec ma mère, et chacun cherchait à lui apporter du réconfort. Trois ans plus tôt, ma mère sest éteinte, et je nai rien pu faire pour atténuer la douleur de la famille. À cette époque, la crise économique ma contraint à accepter un second emploi pour subvenir aux besoins de notre appartement lyonnais.
Le temps nous manquait pour nous rendre en ville. Il y a un mois, notre père nous a quittés. Nous avons organisé les funérailles ensemble, partageant équitablement les frais avec Laurent.
Hier, Laurent ma appelé pour me demander de lui céder ma part de la maison à la ferme, justifiant sa requête par le fait quil avait veillé sur notre père ces dernières années. Jai été troublé notre père percevait une pension mensuelle de plus de 900 euros, quil utilisait aussi pour gâter ses petits-enfants. De quoi un homme âgé pouvait-il manquer, surtout dans une ferme où il vivait entouré ?
Il gérait tout avec indépendance et discernement. Je ne saisis pas vraiment ce que Laurent entend par « veiller sur ». Jamais nos parents nont exprimé le souhait que la maison ne revienne quà lui ; je ne veux pas mettre en péril notre relation, mais je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer à ce qui me revient. Jai un prêt à rembourser, et Théo pourrait aussi hériter de ses grands-parents.
Aujourdhui, lincertitude demeure ; je nai pas donné de réponse définitive à mon frère et lui ai simplement dit que je devais en discuter avec Solène. Comment préserver la paix familiale sans sacrifier ce qui est équitable ?
Souvent, la véritable fortune ne se trouve pas dans les possessions, mais dans la capacité à dialoguer et à honorer les liens qui nous rassemblent.







