Crise de la quarantaine : Quand, pour ses 45 ans, le mari et les enfants offrent à Galette un séjour en cure thermale, son monde bascule et la vie ralentit soudainement… Les mots «cure», «thermes» et «soins» réveillent en elle une profonde nostalgie de sa jeunesse. Bien sûr, elle ne laisse rien paraître, remercie, sourit et s’émeut, mais personne ne devine que ses larmes sont celles du désespoir, de la déception et de l’angoisse : le temps file, les enfants grandissent, et nous ne rajeunissons pas… Où sont passées ces années et qui a inventé que 45 ans, c’est l’âge d’être une «femme mûre» ? Galette ne se sent plus pêche depuis longtemps, mais pas encore pruneau non plus, alors ce séjour la pousse à se demander : «Et si, finalement, je suis vraiment pruneau ?» Collègues, amis et famille chantent et dansent jusqu’à épuisement, au point que Galette s’inquiète pour le carrelage du restaurant chic. Elle tente de garder la face, mais ses escarpins de 12 cm et la gaine achetée par sa fille lui rappellent sans cesse son âge respectable. Son plus grand souhait ? Rentrer vite, ranger ces «instruments de torture», enfiler ses pantoufles et sa chemise de nuit que son mari appelle «le parachute», et se glisser dans son lit ! Mais il faut tenir jusqu’au gâteau… Toute la semaine, elle s’est préparée : manucure, épilation, coiffure, maquillage, tout pour briller dans sa robe signée Jean-Paul Gaultier. Trois semaines de régime poulet-galette pour entrer dans la robe, mais le soir venu, elle rayonne comme une reine ! À minuit, les invités repartent avec des parts de gâteau, remerciant et embrassant l’hôtesse, au point que la robe menace de craquer. Galette part en cure, persuadée que rien de bon ne l’attend, mais le centre est VIP, même si destiné aux plus de 50 ans souffrant d’arthrose. Sa colocataire, une mamie-pissenlit de plus de 70 ans, l’agace avec ses leggings verts et son parfum de lavande. Même la beauté du lieu ne la console, ses pensées sombres sur la crise de la quarantaine la rongent. Le médecin lui prescrit des soins quotidiens en piscine, mais elle a oublié son maillot ! Impossible d’en trouver un parmi les souvenirs locaux, jusqu’à ce qu’elle déniche un modèle noir classique au supermarché, qu’elle cache précieusement. La caissière, jeune et souriante, lui propose la cabine d’essayage, ce qui pique la jalousie de Galette envers la jeunesse. Soudain, sa colocataire arrive avec des rollers et une trottinette rose, expliquant qu’elle va apprendre entre les soins ! Deux semaines plus tard, Galette rentre transformée, demande à son mari d’acheter des vélos, d’aller à la patinoire et de s’inscrire à l’école de hip-hop. À la maison, elle jette sa chemise de nuit «parachute» et ressort ses escarpins de 12 cm. Face au regard surpris de son mari, elle le serre fort et lui murmure : «Quoi ? On commence juste à vivre ! La crise, c’est pas pour tout de suite !»

Journal intime Odyssée du mitan de vie

Ce matin, je cogite sur mon anniversaire : pour mes 45 ans, mon mari et mes enfants mont offert un séjour dans un centre thermal à Aix-les-Bains. Ce cadeau, censé être somptueux, a bouleversé mon rythme et ralenti mon univers Les mots « cure », « établissement » et « traitements » réveillent en moi une nostalgie de mes années effervescentes. Jai affiché un sourire radieux, remercié avec chaleur, les yeux embués mais personne au café na deviné que ces larmes étaient celles du trouble, de linquiétude et du vague à lâme : le temps file, les enfants grandissent, et nous vieillissons sans retour.

Où sont passées toutes ces années, et qui a inventé ce dicton absurde que « à 45 ans, la femme est en pleine éclosion » ? Je ne me sens plus pêche depuis longtemps, mais je nai jamais pensé être déjà pruneau Pourtant, ce voyage ma forcée à me demander : « Et si, au fond, je suis devenue pruneau ? » Les collègues, les amis et les cousins, bien arrosés, chantaient avec le groupe, dansaient jusquà lépuisement ! Ils sagitaient tellement que jai eu peur pour le parquet du restaurant chic. On célébrait sans retenue !

Même en essayant de sauver les apparences, dêtre vive et pétillante, mes escarpins de douze centimètres me rappelaient sans cesse mon âge respectable, et la gaine amincissante, achetée par ma fille à Marseille, me serrait si fort que javais limpression que mes organes jouaient à Tetris. « Voilà les premiers signaux, ma vieille ! » résonnait dans ma tête. Mon plus grand souhait, à cet instant, était de rentrer vite à la maison, de jeter ces instruments de torture sur létagère du haut et denfiler mes chaussons moelleux. Retirer la gaine, mettre ma chemise de nuit que mon mari surnomme en riant « le parachute » et me glisser sous la couette !

Mais il fallait tenir bon, au moins jusquà larrivée du dessert Après tout, javais passé la semaine à me pomponner pour ce jour spécial : lundi, manucure et pédicure ; mardi, épilation des sourcils et extensions de cils ; mercredi, épilation totale, même le maillot ; jeudi et vendredi, récupération post-épilation, surtout la zone sensible ; samedi, coiffure et maquillage. Pourtant, les invités restaient, même après avoir découpé le gâteau et distribué les parts dans des boîtes, au cas où certains auraient perdu lappétit la fête continuait sans relâche !

Javais une envie folle de gâteau, mais je résistais, invoquant toute ma volonté pour ne pas céder ! Trois semaines de régime strict, inspiré par un coach sportif célèbre : blanc de poulet et sarrasin, sans sel, pour entrer dans la robe sublime de Jean-Paul Gaultier, prêtée par ma meilleure amie pour me motiver. Le poulet et le sarrasin me poursuivaient jusque dans mes rêves ! « Je vais finir par caqueter ou pondre des œufs ! » lançais-je à mes proches. Mais jai tenu bon : ce soir-là, jétais la vedette de la soirée !

Vers minuit, chacun est rentré chez soi, glissant les boîtes de gâteau dans les poches de leurs manteaux ou leurs pochettes brillantes, remerciant, embrassant et serrant la maîtresse de maison si fort que ma robe de créateur menaçait de craquer. Je suis partie pour le centre thermal, déjà persuadée que rien dexcitant ne mattendait là-bas. Pourtant, létablissement était plutôt élégant, presque clinquant ! Seul souci : il était surtout fréquenté par des retraités de plus de cinquante ans, collectionneurs de douleurs chroniques. Mon métier de comptable ma valu des lombalgies, alors je navais pas à me plaindre dêtre entourée de gens avec les mêmes maux.

On ma installée dans une chambre avec une mamie, Marguerite, bien tassée sur ses soixante-dix ans. « Seigneur, quels points communs pouvons-nous avoir ? » Tout en elle mirritait : ses petits pas, son parfum de lavande trop fort, ses leggings vert fluo, et son dentier qui trempait dans un verre deau sur la table de nuit. Même la beauté du paysage, lair pur et le service attentionné narrivaient pas à me dérider. Je traînais ma mauvaise humeur comme un bouledogue grognon, mais mes « puces » étaient en fait mes pensées acides sur la crise de la quarantaine. « Cest donc ça, le naufrage ! » sanglotais-je dans mon nouvel oreiller orthopédique garni de balle de sarrasin.

Quelques jours plus tard, le médecin ma prescrit des séances quotidiennes dans la piscine à jets, et là, catastrophe : javais oublié mon maillot de bain ! Il ne restait quà faire du shopping Enfin, façon de parler, car parmi les innombrables stands de souvenirs flûtes en bois, haches savoyardes, manteaux en laine, fromages de chèvre impossible de trouver un maillot. Finalement, dépitée, jai atterri dans le supermarché du coin pour me consoler avec un Snickers et un grand café crème (de toute façon, la robe Gaultier avait craqué dans le dos le soir de la fête). Et là, miracle : au rayon des chaussettes bon marché et des chapeaux de paille improbables, jai trouvé un maillot noir, classique, pile ce quil me fallait. La taille était la mienne, même si jai roulé le maillot vite fait pour cacher les deux X devant le L sur létiquette.

La caissière, une jeune fille à peine vingt ans, ma gratifiée dun sourire doux en scannant larticle. Au fond de moi, une pointe de jalousie ma piquée : son visage frais, sans maquillage, sa taille fine, ses cheveux lisses et brillants « Si vous voulez, il y a une cabine dessayage ! Je peux vous accompagner, pour vérifier quil vous va », a-t-elle proposé. Jai cru quelle se moquait de moi à cause de mon âge et de mes rondeurs, jai eu envie de lui répondre sèchement ! « Quest-ce quelle comprend ? Si elle mavait vue il y a vingt ans ! Je portais des maillots qui faisaient tourner toutes les têtes sur la plage ! Ma silhouette, ma peau les podiums du monde entier auraient pu sincliner devant moi ! »

Soudain, un klaxon ma tirée de mes pensées. Je me suis retournée et jai vu Marguerite, ma colocataire, brandissant des rollers et une trottinette rose avec un klaxon. Gênée, je me suis écartée pour la laisser passer. « Cest pour vos petits-enfants ? » a demandé la vendeuse. « Non, cest pour moi ! Je vais my mettre entre deux soins ! » a-t-elle répliqué en clignant de lœil, malicieuse.

Deux semaines plus tard, je suis rentrée à Paris transformée. À peine arrivée à la gare, jai annoncé à mon mari quil fallait acheter des vélos, aller à la patinoire le week-end et sinscrire à un cours de hip-hop ! À la maison, jai jeté la chemise de nuit « parachute » à la poubelle et jai ressorti mes escarpins de douze centimètres du placard du haut. En voyant le regard stupéfait de mon mari, je lai serré fort et glissé à son oreille : « Et alors ? On commence juste à vivre ! La crise, ce nest pas pour maintenant, on a encore le temps avant dy penser ! » Jai senti une énergie nouvelle me traverser, comme si tout était encore possible, même à quarante-cinq ans. Les vieux clichés sur lâge me semblaient soudain dérisoires, et jai eu envie de rire de toutes ces peurs qui mavaient tourmentée.

Ce soir-là, en scrutant mon reflet dans la glace, jai remarqué une lueur différente dans mes yeux. Peut-être que la crise de la quarantaine nest quun passage, une invitation à se réinventer, à tenter des choses inattendues. Marguerite, avec ses rollers et sa trottinette rose, ma prouvé quil ny a pas dâge pour apprendre, pour samuser, pour se surprendre soi-même.

Je me suis promis de ne plus jamais laisser la nostalgie ou langoisse me voler la joie des petits plaisirs. Demain, je vais appeler mon amie Camille et lui proposer une balade à vélo le long de la Seine, puis réserver ce fameux cours de hip-hop dont je rêve depuis des années. Peut-être que la jeunesse nest pas une question dannées, mais délan, de curiosité, daudace à plonger dans linconnu.

En refermant mon journal, je me sens légère, presque insouciante. La vie ne sarrête pas à quarante-cinq ans, elle se transforme, elle senrichit de nouvelles couleurs, de nouveaux défis. Et si, finalement, le vrai secret était daccueillir chaque étape avec humour et tendresse envers soi-même ? Je souris en pensant à tout ce qui mattend encore, et je me dis : « Allez, on y va, la vie recommence ! Je sens mon cœur battre fort, comme si une nouvelle aventure souvrait devant moi. Les souvenirs de la fête, des rires, des regards complices, se mêlent à mes projets pour demain. Je me surprends à rêver de voyages, de soirées entre amis, de promenades sous les platanes, de petits-déjeuners sur la terrasse avec croissants et café fumant.

La peur de vieillir sefface, remplacée par une curiosité vive pour tout ce que je nai pas encore osé. Marguerite, avec sa joie enfantine, ma transmis une audace inattendue : pourquoi ne pas essayer le roller, le hip-hop, ou même apprendre à jouer de la guitare ? Je me dis que Paris regorge de possibilités, et quil suffit dun brin de volonté pour les saisir.

Ce soir, je contemple les lumières de la ville à travers la fenêtre, et je me sens reconnaissante pour chaque instant, chaque sourire, chaque épreuve qui ma menée ici. Les années ne sont plus des chaînes, mais des ailes. Jai envie dappeler mes enfants, de leur raconter mes envies folles, de leur dire que leur maman na pas fini de les surprendre.

Demain, je ressortirai mes vieux albums photos, je me moquerai de mes coiffures dantan, je choisirai une nouvelle couleur de vernis, et jirai marcher le long du canal Saint-Martin. Peut-être que je croiserai Marguerite, trottinant sur ses rollers, et que nous partagerons un pain au chocolat en riant de nos maladresses.

La nuit tombe sur Paris, douce et paisible. Je referme mon journal, le cœur léger, prête à accueillir tout ce que la vie me réserve. Rien nest figé, tout peut recommencer, même à quarante-cinq ans, même après une crise, même quand on croit que tout est déjà écrit.

Оцените статью
Crise de la quarantaine : Quand, pour ses 45 ans, le mari et les enfants offrent à Galette un séjour en cure thermale, son monde bascule et la vie ralentit soudainement… Les mots «cure», «thermes» et «soins» réveillent en elle une profonde nostalgie de sa jeunesse. Bien sûr, elle ne laisse rien paraître, remercie, sourit et s’émeut, mais personne ne devine que ses larmes sont celles du désespoir, de la déception et de l’angoisse : le temps file, les enfants grandissent, et nous ne rajeunissons pas… Où sont passées ces années et qui a inventé que 45 ans, c’est l’âge d’être une «femme mûre» ? Galette ne se sent plus pêche depuis longtemps, mais pas encore pruneau non plus, alors ce séjour la pousse à se demander : «Et si, finalement, je suis vraiment pruneau ?» Collègues, amis et famille chantent et dansent jusqu’à épuisement, au point que Galette s’inquiète pour le carrelage du restaurant chic. Elle tente de garder la face, mais ses escarpins de 12 cm et la gaine achetée par sa fille lui rappellent sans cesse son âge respectable. Son plus grand souhait ? Rentrer vite, ranger ces «instruments de torture», enfiler ses pantoufles et sa chemise de nuit que son mari appelle «le parachute», et se glisser dans son lit ! Mais il faut tenir jusqu’au gâteau… Toute la semaine, elle s’est préparée : manucure, épilation, coiffure, maquillage, tout pour briller dans sa robe signée Jean-Paul Gaultier. Trois semaines de régime poulet-galette pour entrer dans la robe, mais le soir venu, elle rayonne comme une reine ! À minuit, les invités repartent avec des parts de gâteau, remerciant et embrassant l’hôtesse, au point que la robe menace de craquer. Galette part en cure, persuadée que rien de bon ne l’attend, mais le centre est VIP, même si destiné aux plus de 50 ans souffrant d’arthrose. Sa colocataire, une mamie-pissenlit de plus de 70 ans, l’agace avec ses leggings verts et son parfum de lavande. Même la beauté du lieu ne la console, ses pensées sombres sur la crise de la quarantaine la rongent. Le médecin lui prescrit des soins quotidiens en piscine, mais elle a oublié son maillot ! Impossible d’en trouver un parmi les souvenirs locaux, jusqu’à ce qu’elle déniche un modèle noir classique au supermarché, qu’elle cache précieusement. La caissière, jeune et souriante, lui propose la cabine d’essayage, ce qui pique la jalousie de Galette envers la jeunesse. Soudain, sa colocataire arrive avec des rollers et une trottinette rose, expliquant qu’elle va apprendre entre les soins ! Deux semaines plus tard, Galette rentre transformée, demande à son mari d’acheter des vélos, d’aller à la patinoire et de s’inscrire à l’école de hip-hop. À la maison, elle jette sa chemise de nuit «parachute» et ressort ses escarpins de 12 cm. Face au regard surpris de son mari, elle le serre fort et lui murmure : «Quoi ? On commence juste à vivre ! La crise, c’est pas pour tout de suite !»
Croyez au destin !