La procession nuptiale a à peine eu le temps de s’arrêter à côté d’un chien. Mais qui aurait pu l’imaginer ?

«Mon Dieu, on va pas arriver à temps!» Maëlys jette un œil anxieux à sa montre, cest la troisième fois quelle regarde le cadran en cinq minutes. «Sébastien, on est sûrs dêtre pas en retard?»

Le chauffeur de la limousine de noces sourit dans le rétroviseur, tout excité :

«Tinquiète pas, Maëlys. On suit le planning à la lettre.»

Tout est programmé : lheure de la cérémonie, le créneau photo, le déroulé du dîner. Tout doit se passer minute par minute.

Alexandre, le futur époux, insiste pour que le jour J soit parfait. Ce nest pas une contrainte, cest juste son côté perfectionniste, hérité de son métier de directeur financier où chaque projet est découpé en tâches précises.

Maëlys regarde Alexandre de côté, les yeux rivés sur son téléphone, vérifiant encore une fois que tout se déroule comme prévu. Cest étrange, car quand ils se sont rencontrés il y a trois ans, il semblait bien plus spontané, plus vivant.

Leur première rencontre fut tout le contraire dun planning. Il était en retard au café, elle a frappé à la porte par mégarde et a renversé son cappuccino sur sa chemise blanche comme neige. Au lieu de sénerver, il a éclaté de rire et la invitée à partager un deuxième café.

Maëlys sourit en repensant à ce jour. Ça faisait longtemps quils ne sétaient vus.

Le silence est soudain brisé par le crissement des freins. La voiture freine brutalement, Maëlys est projetée en avant, mais la ceinture de sécurité fait son travail.

«Questce qui se passe?!» sécriet-elle, prise de panique.

«Un chien,» répond le chauffeur, lair hébété. «On na pas eu le temps»

Le cœur de Maëlys semballe. Elle bondit hors de la voiture, ignorant le cri dAlexandre : «Où tu vas?»

Sur le bitume, juste devant la capot, gît un gros chien roux, immobile.

«Mon Dieu», murmure Maëlys en sapprochant. «Il est vivant?» demande le chauffeur, sagenouillant à côté du canidé. «Il respire», répond Maëlys, le souffle court.

«Il faut lemmener chez le vétérinaire, tout de suite!»

Alexandre pose une main sur son épaule. «On na pas le temps, la cérémonie commence dans quarante minutes.»

«Comment peuxtu dire ça?!» sénerve Maëlys. «Un être vivant meurt sous nos yeux!»

«On ne peut rien faire, les invités arrivent, ma chère,» répond Alexandre, un brin distant.

Les voitures dans la file de stationnement simmobilisent, les convives commencent à se disperser, les murmures dinquiétude sélèvent.

«Questce qui se passe?»

«Pourquoi on reste?»

«Mon Dieu, le chien!Quelle pauvre bête.»

Des voix sélèvent, certains proposent dappeler le vétérinaire, dautres insistent pour continuer la fête.

«Sébastien,» demande Maëlys au chauffeur, «vous savez où se trouve la clinique vétérinaire la plus proche?»

«À quelques kilomètres dici, mais»

«Pas de cadeaux, on doit le prendre!»

«Maëlys!» crie Alexandre, essayant de la retenir. «Tu perds la tête? On a un mariage!»

«Oui, un mariage!» répond Maëlys, tendant le bras en arrière. «Le jour où deux personnes promettent de saimer et de se soutenir, quoi quil arrive. Vous pouvez vraiment laisser mourir un animal pour un programme?»

Un cri retentit :

«Julie!Julie!»

Un homme plus âgé, les cheveux gris en désordre, les lunettes glissant sur le nez, sapproche en haletant.

«Julien, ma petite,» ditil en sagenouillant près du chien. «Questce que tu as fait? Je tavais dit de ne pas fuir.»

Ses mains tremblent en caressant la fourrure rouge.

«Estce votre chien?» demande Maëlys doucement.

Lhomme, les larmes aux yeux, répond : «Je nen ai plus quun depuis la mort de ma femme Julie ma aidé à tenir.»

Il se tourne à nouveau vers le canidé : «Espèce de crétin!»

«On lemmène au vétérinaire,» déclare fermement Maëlys. «Sébastien, tu peux maider?»

Le chauffeur acquiesce et soulève doucement Julie dans ses bras. Le chien pèse au moins trente kilos. Sa tête baissée et ses pattes qui traînent font frissonner Maëlys.

«Il faut improviser,» dit le chauffeur, regardant autour.

Un invité déroule une couverture sur le siège arrière de la limousine, et, avec précaution, les quatre Sébastien, Maëlys, Alexandre et le vieil homme déplacent le chien. Sous la lumière tamisée, son pelage rouge paraît dun éclat étrange.

«Mon cœur, mon cœur,» murmure le vieil homme, caressant le chien de ses mains tremblantes. «Ne meurs pas.»

Maëlys sassoit à côté, posant la tête de Julie sur ses genoux. La robe de mariée blanche est parsemée de poils rouges, mais elle ne le remarque même pas.

«Sébastien, on doit sortir dici!» sécrie Alexandre, stressé. «Attention aux virages,»

En arrivant devant la clinique, Maëlys ne cesse de caresser le chien, ses doigts glissant sur la fourrure soyeuse. Elle sent son cœur battre irrégulièrement, ses pattes se contracter dans son sommeil.

«Attends, ma belle, on y est presque. Reste calme.»

Henri, le vieil homme, pleure doucement, essuyant ses larmes avec une main tremblante.

«Ne vous inquiétez pas,» dit Maëlys en tendant la main. «Tout ira bien, on va y arriver.»

Alexandre, debout devant elle, la regarde, surpris et admiratif. Il narrive toujours pas à croire ce qui se passe.

Le chien remue légèrement la tête et susurre doucement :

«Silence, silence, mon trésor,» chuchote Maëlys, caressant sa tête. «Nous sommes presque arrivés.»

«Maëlle,» lance irrité Alexandre. «On va arriver en retard.»

«Alors on arrivera en retard,» réplique-t-il aux invités. «Désolé, la cérémonie devra être décalée.»

Contre toute attente, personne ne proteste. Certains hochent la tête avec compréhension.

«Je pars avec Sébastien,» dit Maëlys. «Et prévenez le bureau quon va arriver tard.»

«Non,» sinterrompt brusquement Alexandre. «Je viens avec toi.»

Elle le regarde, incrédule.

«Cest vrai,» il sourit faiblement. «Jabandonne le programme.»

Une heure plus tard, le cortège de noces atteint enfin le lieu de la réception, quarante minutes de retard, mais plus personne ne sen soucie.

Julie, le chien, sort de la clinique avec un léger traumatisme crânien, mais il est en vie et assez en forme. Le vieil homme, Henri, reste à ses côtés.

«Tu sais,» commence Alexandre en descendant les marches, «ça fait longtemps que je ne tai pas vue ainsi.»

«Questce que tu veux dire?»

«Quand on sest disputés à cause du chien Tu étais tellement passionné, sincère, comme au café ce jourlà.»

Maëlys sourit. «Tu restes toujours aussi ennuyeux, comme dhabitude.»

«Hey, hey,» plaisante Alexandre en lui donnant une petite tape dépaule. «Et jai même passé le weekend à la clinique.»

Elle le regarde sérieusement, puis le remercie dun simple signe de tête.

«Cest un signe,» murmure-t-elle.

«Quel signe?» demande Alexandre.

«Que tu devrais peutêtre prendre un peu de repos.Pas besoin de vouloir tout contrôler.»

«Qui estu, et questce que tu as fait à mon futur mari?» sétonne Maëlys.

«Je parle sérieusement!Un arrêt.Laissemoi…»

«Tu te souviens quon parlait des cadeaux de mariage?»

«Oui,»

«On ne devrait pas mettre cet argent dans un refuge pour animaux, en souvenir de ce jour?»

Les larmes montent aux yeux de Maëlys, mais elle les laisse couler.

«Cest pour ça que je tépouse,» soufflet-elle.

«Parce que je suis gentil?»

«Non. Parce que tu peux changer, et tu nas pas peur de le faire.»

La cérémonie avance lentement. La robe de la mariée est légèrement froissée, la cravate du marié a disparu. Mais quand ils échangent leurs vœux, chaque mot sonne vrai, sincère, «dans le meilleur comme dans le pire».

Une semaine plus tard, après la lune de miel, ils rendent visite à Julie et à Henri. Ils nont même pas encore planifié la visite.

Parce que les meilleurs moments arrivent parfois sans programme, sans planning. Et cest comme ça quils doivent être.

Et Julie? Elle a de nouveaux amis: un jeune couple qui vient souvent avec des gourmandises et la promène.

Henri raconte quil na jamais vu son chien aussi heureux. Et il na jamais été aussi heureux non plus, grâce à leurs nouveaux amis.

Parfois il faut simplement sarrêter, même quand on court. Même si on arrive en retard.

Arrête, aidemoi, parce que tu le peux. Et le monde devient un peu meilleur.

Le mariage, finalement, a été parfait malgré le petit désordre.

Un an passe.

Dans le petit appartement dHenri, un groupe chaleureux se réunit autour dune table festée. Il y a Henri, Maëlys, Alexandre et bien sûr le héros, Julie.

«Joyeux jour de notre salut!» lève Maëlys son verre de jus. «Il y a un an, le destin nous a réunis.»

Henri sourit. «Tu sais, jétais seul après la mort de Marie, ma femme. Jai parlé uniquement à Zaza.»

Il caresse la tête du chien. Le toutou lèche sa main en signe de gratitude.

«Aujourdhui jai une vraie famille. Vous venez souvent, on passe tout le temps ensemble. On partage même nos réseaux sociaux!»

Alexandre propose : «On pourrait créer un groupe de protection animale.»

«Oui, oui!On a déjà aidé trois chiens à trouver une maison.»

Maëlys se souvient dune anecdote, elle sourit rêveuse.

Il y a trois mois, Alexandre et Henri ont investi leurs économies dans un petit refuge. Henri y travaille désormais, aidant les chiens et partageant ses expériences.

«Et ce terrain à côté de lorphelinat?» demande Henri. «On a enfin les papiers, le refuge pourra accueillir plus danimaux.»

«Vraiment?» sexclame Maëlys, les yeux brillants. «Tu es incroyable.»

«Moi?» répond Alexandre, riant. «Cest grâce à toi, à ta ténacité.»

«Si Julie nétait pas là» ajoute Maëlys.

Le chien, en entendant son nom, aboie joyeusement.

«Oui, sans Julie,» acquiesce Alexandre. «Jétais tellement stressé à lépoque, je pensais que tout devait être parfait. Mais parfois il faut briser le planning pour que la vie saméliore.»

Henri hoche la tête. «Cest ce que disait toujours ma mère, Maria.»

Et il raconte une autre histoire de sa vie. Maëlys écoute, pose sa tête sur lépaule dAlexandre. Celui-ci se passe les mains dans les cheveux, tandis que Julie sendort à leurs pieds.

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