Loups dans les Bois

30 octobre 2024 Journal dHenri Dupont

Je marchais depuis plusieurs heures dans la forêt de Fontainebleau. Jaime ces promenades: le silence, lodeur des sapins, lair frais, le chant des oiseaux. Tout était paisible, jusquà ce quun craquement sec retentisse derrière moi.

Je me suis retourné, figé. Des rangées darbres ont laissé apparaître une meute de loups, au moins huit. Dombres gris glissant sans bruit sur le tapis de feuilles mortes, ils savançaient. Dabord, je pensais quils ne feraient que passer, mais ils se dirigeaient droit vers moi.

Un frisson glacé ma parcouru le torse. Je me suis précipité vers le tronc le plus proche. Mon sac à dos a glissé de mes épaules, tombé dans lherbe, et je me suis agrippé à lécorce, tirant de toutes mes forces, les bras tremblants.

Les loups ont encerclé larbre. Un grondement sourd sest transformé en un choeur terrifiant. Lun deux a bondi, a arraché ma botte avec ses dents et la jetée au sol. Jai poussé un cri, jai lutté pour me libérer, mais je nai tenu que de justesse. Mon cœur battait la chamade, comme prêt à séchapper.

Je savais que je ne tiendrais pas longtemps. Le téléphone restait dans mon sac, et laide était à des dizaines de kilomètres.

Soudain, du fin fond de la forêt, un bruit sourd a fait dresser les poils de ma nuque. Un grondement lourd, plus bas que celui des loups, comme si la terre ellemême parlait. Les loups se sont crispés, leurs oreilles se sont dressées, leurs corps se sont tendus. Un instant plus tard, une silhouette massive est sortie de lombre des arbres.

Un ours brun est apparu sur la clairière.

Il avançait lentement, dun pas assuré, chaque pas résonnant comme un tonnerre dans ma poitrine. Il sest arrêté à quelques pas de la meute et a poussé un rugissement. Un rugissement si puissant que les feuilles ont tremblé et que les oiseaux ont fui les branches.

Les loups ont immédiatement frissonné. Lun a recroquevillé sa queue, un autre a reculé, et en quelques secondes toute la bande a disparu dans les sous-bois, comme si elle navait jamais existé.

Lours est resté seul. Il a levé son museau, a dirigé son regard vers moi. Le regard était lourd, mais pas hostile. Quelques secondes se sont écoulées, nous nous sommes simplement observés. Puis le géant a poussé un léger grognement, sest retourné et a regagné la forêt, se dissolvant parmi les arbres.

Je suis resté figé sur le tronc, incapable de bouger. Jai échappé à la mort uniquement parce quun autre prédateur était intervenu.

Quand la peur sest lentement dissipée, je suis descendu, jai récupéré mon sac et jai regardé dans la direction où lours avait disparu.

«Merci», aije murmuré.

La forêt est restée muette. Seul le vent agitait les branches et, au loin, un hibou hulula faiblement.

Depuis ce jour, je reviens souvent dans la forêt de Fontainebleau, déposant sur la clairière une tranche de pain et un peu de miel. Et chaque fois que le brouillard sétend sur le sol, jai limpression que des yeux chaleureux et intelligents me guettent entre les arbres.

Peutêtre nestce quune coïncidence.
Ou peutêtre que, dans cette forêt, quelquun veille réellement sur moi.

**Leçon: la prudence et le respect de la nature sont les meilleurs gardiens de notre sécurité.**

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