Je suis partie en voyage en Italie avec un groupe de retraités : je ne m’attendais pas à croiser, à l’ombre du Colisée, un homme qui me fera revivre ma jeunesse.

Jai fait un petit séjour en France avec un groupe de retraités. Jimaginais juste quelques jours de visites, des photos pour lalbum et des souvenirs à ramener aux petitsenfants, un moyen de méchapper un peu de la solitude qui sinstalle depuis quelques années.

Je pensais que Paris, Lyon ou encore la Côte dAzur ne seraient pour moi que dautres cases dans le programme touristique. Mais, sous les arches des arènes de Nîmes, jai croisé un homme qui ma redonné limpression dêtre toute jeune.

Jétais là, admirant la grandeur du théâtre antique, le guide racontait des histoires de gladiateurs, et je me suis laissée emporter par mes pensées. Tout à coup, un gars à côté a lancé, en rigolant : «Je me demande si les gladiateurs râlaient eux aussi sous la canicule».

Je me suis retournée et jai vu son visage grand, cheveux poivreetsel, un sourire qui mêlait familiarité et nouveauté. Il portait simplement une chemise légère et un chapeau de paille, et il me regardait comme si on était seuls au monde.

On a commencé à discuter. Il sappelle Henri, veuf depuis quelques années et retraité depuis longtemps. Il était venu tout seul, parce que, comme il le disait, «jen avais assez dattendre le moment parfait pour découvrir la Provence».

Notre conversation était fluide, pleine de rires, comme si on se connaissait depuis toujours. Sous les arènes, on a partagé un café, échangeant nos impressions, et jai soudain réalisé que personne ne mécoutait avec autant dintérêt depuis longtemps.

Les jours suivants ont pris une autre couleur. On sasseyait côte à côte dans le minibus, on déjeunait ensemble, on se perdait dans la foule des touristes et on se retrouvait simplement dun regard. Cétait à la fois innocent et excitant.

Le soir, à lhôtel, pendant que le reste du groupe jouait aux cartes ou regardait la télé, on sest installé sur le balcon, contemplant la ville éclairée, et on parlait de tout les enfants, le passé, ce sentiment soudain que le cœur bat plus fort que dhabitude.

Je me sentais comme une ado. Je me suis mise à me pomponner, à me maquiller, à rire plus souvent. Les autres dames du groupe me lançaient un sourire, certaines bienveillantes, dautres un brin jalouses. Javais limpression de retrouver cette partie de moi qui sétait enfouie sous la routine et la solitude.

Mais à lapproche de la fin du voyage, la question revenait sans cesse : et après? Il habite à plusieurs centaines de kilomètres dici. Il a sa vie, jai la mienne. Ce weekend était un petit bout de temps hors du réel. Estce suffisant pour envisager quelque chose de plus ?

Le dernier jour, on sest baladés seuls dans les rues de Rome, je veux dire de Paris, loin du groupe. On sest assis sur les marches du SacréCœur, on a pris une glace et on a gardé le silence. Enfin, il a dit: «Tu sais je nai pas ressenti ça depuis longtemps. Mais jai peur que, quand on rentrera chez nous, tout sestompe. Tu as ta vie, jai la mienne. Peutêtre que ce nest quune illusion estivale».

Je ne savais pas quoi répondre. Deux forces saffrontaient dans mon cœur: lenvie de croire que cest le début de quelque chose de vrai, et la peur que ce ne soit quun feu de paille qui séteindra à latterrissage.

On sest séparés à laéroport, un câlin plus long que prévu, un regard qui disait à la fois adieu et promesse. On a échangé nos numéros, sans jamais oser dire à haute voix «on se revoit».

Aujourdhui, quand je repense à ce voyage, je ne sais pas vraiment ce que jen retiens. Cétait comme un rêve intense, beau, mais fragile. Peutêtre quHenri avait raison, que ce nétait quune illusion. Ou peutêtre que rester dans le confort de la raison serait la vraie lâcheté, ne pas vérifier si le destin ma vraiment offert une seconde chance.

Je me demande si ça vaut le coup de mettre en danger une vie bien rangée pour un sentiment qui a surgit comme ça, tout à coup. Étaitce juste une aventure sous le ciel français, ou le début dune histoire dont je ne connais encore que le premier chapitre? Mon cœur semballe rien que à penser à lui, et la raison me murmure que cest de la folie.

Je raconte tout ça pour savoir si, après cinquante, soixante ans, voire plus, on a encore le droit de souvrir à quelque chose de nouveau. Fautil garder ce souvenir comme un joli souvenir, ou oser aller plus loin et voir où ces émotions peuvent nous mener?

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