Syn a promis de prendre soin de moi à la vieillesse. Après avoir signé les documents, je me suis rendue compte que je venais de me retrouver sans-abri.

Mon fils, Pierre Dupont, mavait juré quil prendrait soin de moi quand je serais vieille. Mais dès que jai signé les papiers, jai compris que je venais de me retrouver à la rue.

Je pensais autrefois que la solitude était la pire des souffrances pour une mère. Aujourdhui, je sais que la trahison de la confiance de son propre enfant, cest encore pire. Pendant des années, je me répétais que javais bien élevé Pierre: responsable, attentionné, sur qui je pouvais compter.

Ma vie na jamais été simple, mais grâce à lui je me sentais en sécurité. Il me disait toujours : «Maman, je veillerai sur toi. Promis, tu ne seras jamais seule.» Si seulement javais su à quel point on peut se laisser berner par ses propres espoirs

Après le décès de mon mari, je me suis retrouvée seule dans notre appartement de trois pièces à Paris. Pierre, alors étudiant, avait déjà quitté le domicile, sétait marié, et avait acheté une maison à Lyon avec un prêt immobilier. Comme toutes les mamans, je lui ai donné mon cœur et mon temps.

Jaidais comme je pouvais: je cuisinais pour mes petitsenfants, je les ramenais de la crèche quand la femme de Pierre rentrait tard du travail. Je passais souvent les nuits chez eux, les weekends. Pierre était reconnaissant, il mappelait tous les jours. Jétais convaincue quil noublierait jamais de moi.

Il y a quelques années, il a commencé à insister pour que je vende mon appartement et que je déménage chez eux. «Pourquoi garder un si grand logement, maman? Ce sera plus confortable ici, tu seras près de nous, les enfants tadorent.»

Lidée de quitter lendroit où javais passé tant dannées me faisait mal, mais jai fini par me laisser convaincre. Pierre massurait: «On fera des travaux, on adaptera la maison à tes besoins. On tinscrira sur le titre de propriété, il ne te manquera rien.»

La signature chez le notaire était pour moi une formalité. Pierre, le sourire aux lèvres, me tendait les documents, mexpliquant à la hâte que ce nétait que de la technique: «On vend ton appartement, largent ira à lextension de notre maison. Tout reste dans la famille.» Jétais un peu naïve, mais je lui faisais confiance les yeux fermés. Le notaire a lu le contrat rapidement, jai signé sans me plonger dans les détails. Je ne connaissais rien au droit; cétait mon fils, mon sang.

Les premiers mois, jai réellement eu limpression dêtre intégrée à la famille. Ma bellefille, Anne, me remerciait pour tout, les petitsenfants étaient ravis davoir leur grandmère à leurs côtés. On ma donné une chambre claire, la maison était magnifiquement rénovée.

Je me sentais utile, aimée. Je préparais les repas, je promenais les enfants, le soir on discutait autour dun thé. Parfois, je repensais à mon ancien appartement: lodeur du café que jaimais, la vue depuis la fenêtre, le craquement du parquet. Mais je me disais que le changement fait partie de la vie, que la famille passe avant tout.

Après six mois, jai commencé à remarquer des changements. Anne me demandait de plus en plus souvent de ne pas «interférer» le soir. Les petitsenfants avaient un emploi du temps surchargé, ils venaient moins souvent dans ma chambre. Pierre rentrait épuisé du travail, navait plus le temps de parler. Je me sentais comme une intruse dans ma propre existence. La maison qui devait être mon havre se transformait peu à peu en simple accessoire.

Un soir, alors que je préparais du thé, jai entendu Anne parler à Pierre: «Cest dommage quon doive encore la garder. Peutêtre quelle devrait aller dans une maison de retraite» Mon cœur sest serré, mes mains ont tremblé. Comment pouvaientils dire ça? Javais tout donné!

Le lendemain, jai essayé de parler à Pierre. Il était tendu, évitait mon regard. «Maman, tu comprends, on est jeunes, on a notre vie. Tu dois aussi prendre soin de toi, ne pas dépendre de nous.» Il ma même demandé si je voulais vendre ma part de la maison pour partir. Pierre ma répondu, lair penaud: «Mais maman, tu nas aucune part. La maison, cest à Pierre et à Anne, tu as tout signé chez le notaire. Je tavais bien expliqué»

Mes jambes ont fléchi. La vérité ma frappée: en vendant mon appartement, javais donné de largent à mon fils, mais aucun droit sur la nouvelle maison. Je navais nulle part où retournerlancien logement nexistait plus, largent était déjà dépensé pour agrandir le leurs. Je suis devenue une invitée, prête à être mise à la porte à tout moment, alors que ces quatre murs devaient être mon refuge pour la vieillesse.

Quelques jours, jai erré comme en transe, déçue par moimême, par mon fils, par toute ma vie. Comment aije pu être si crédule? Jai cherché de laide: parmi les amis, dans un cabinet davocats, même auprès du curé. Tous me répétaient: «Cest la réalité, il fallait lire, poser des questions, se protéger.» Mais comment se protéger contre son propre enfant?

Après plusieurs semaines, jai pris une décision. Jai loué une petite chambre chez une femme que je ne connaissais pas, dans le quartier du 11ᵉ arrondissement. Jai recommencé à zéro. Pierre ne comprenait pas ma décision, il essayait encore de me retenir, mais il narrivait plus à me regarder en face. Mes petitsenfants me manquent, ils appellent parfois, demandant quand je reviendrai.

Aujourdhui, je sais une chose: la confiance, même envers les proches, doit avoir des limites. Je retrouve lentement mon estime de moi, japprends à vivre simplement, loin des illusion​s. Peutêtre que je ne ferai plus jamais autant confiance à mon fils, mais je préfère être seule que de vivre dans une maison qui na jamais été vraiment la mienne.

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Syn a promis de prendre soin de moi à la vieillesse. Après avoir signé les documents, je me suis rendue compte que je venais de me retrouver sans-abri.
Elle s’en sortira