— Demain, allons chez moi — dit Stas en embrassant Julie sur la joue.

Demain, on vient chez moi dis-je en embrassant Léontine sur la joue.
Super. Elles partent où, tes copines? sexclama-t-elle joyeusement.
Jen ai marre daller au cinéma, de traîner dans les cafés. Et je ne peux pas rester dans le dortoir, il y a toujours quelquun qui écoute, qui regarde parderrière.
Je la serrai plus fort contre moi et souri:
Tu as froid? Laissemoi te réchauffer. Tu as mal compris. Demain, on va chez mes parents, je veux te les présenter.

Léontine recula:
Tu plaisantes? Tu as perdu la tête? Regardetoi, regardemoi. Tu joues le garçon bien élevé, et moi? Tu penses vraiment quils ne me laisseront même pas franchir le pas?

Je poussai un rire:
Tu nas pas peur, ma brave fille? Mes parents, ils font quoi? Pourquoi tu penses quon nest pas compatibles? Je taime, jespère que cest réciproque. Mes parents veulent juste voir la fille quils imaginent, celle qui me ferait rentrer tard le soir. Voilà tout.

Je lavais rencontrée pour la première fois alors quelle, perchée sur le rebord du troisième étage, nettoyait la fenêtre. Jallais rejoindre mon ami à la résidence universitaire quand, à un mètre de moi, un bruit sourd retentit. Un seau plein deau savonneuse tomba du haut.

Oh là, pardon, sécriatelle depuis le haut en levant les yeux. Cest un accident, vraiment. Ça ne vous a pas éclaboussé, jespère?

Léontine se balança tellement du rebord que je fléchis deffroi.

Fais attention, sinon le seau te fera un plongeon, lançaije.

Tinquiète, je ne tomberai pas, criatelle, puis la petite serviette qui retenait ses cheveux senvola. Je restai bouchebée: elle était complètement chauve.

Questce que tu veux dire, tu as peur? Allez, sois gentille, remetsmoi la mèche et apportela à la chambre403. Daccord? demandatelle avant de disparaître de ma vue.

Au départ, sa tête lisse me gênait, mais je my habituai vite. Léontine était toujours joyeuse, un vrai farceur. Elle sétait rasée pour un pari et, bizarrement, ça lui allait. Son style était original et branché.

Elle courait partout dans la résidence, paniquée.

Les filles, à laide! Donnezmoi une robe décente et un postiche, sil vous plaît tout le monde chercha, mais le postiche était trop grand et glissait. Au final, Léontine était à la fois modeste et présentable.

Papa, maman, voici Léontine, présentaije à mes parents.

Léontine balbutia, tremblante:
Enchantée.

Ma mère invita tout le monde à la table et nous nous installâmes avec dignité. Léontine fixa la nappe, horrifiée. Des couverts étranges: en plus dune fourchette et dun couteau, il y avait des pinces. Les plats étaient inconnus. Elle décida de ne demander quune salade, quelle pourrait manger à la fourchette.

Le repas commença. Léontine poussait son assiette de salade quand la voix de ma mère, AnneSophie, séleva.

Léontine, vous ne mangez rien? Ça ne vous plaît pas? ditelle en souriant dun air narquois.

Je nai pas faim. On sest déjà remplis de frites, répliqua Léontine, rougissant.

Ah, vraiment, répondit ma mère, puis chuchota quelque chose à mon père.

Quand le repas se termina et que mon père et moi allâmes chercher la tarte dans la cuisine, Léontine se leva dun bond.

Laissezmoi débarrasser la table, proposaelle à AnneSophie, mais elle trébucha sur le bord de la nappe. En tombant, elle vit les yeux ronds de ma mère.

En se relevant parmi les éclats, elle constata que le postiche était décalé. AnneSophie se couvrit le visage et séchappa en sanglotant.

Léontine, complètement bouleversée, courut dehors, manteau ouvert, le postiche à la main, les larmes en trombe.

Comment ça sest passé? linterrogeaient les copines.

Je suis embarrassée, sanglotatelle.

Toute la nuit, elle revivait ce moment humiliant, refusant même de répondre à son téléphone, redoutant le message de ma part: «Désolé, mais ça ne marche pas entre nous. On se sépare.»

Les colocataires partirent à leurs cours. Léontine, le visage gonflé de larmes, repensait sans cesse à sa honte. «Je rentrerai chez moi,» se disaitelle, persuadée que je ne la regarderais plus.

On frappa à la porte; elle crut que cétait lune des filles qui revenait. Elle ouvrit et resta sans voix. Devant elle se tenait JeanPierre, la boîte à la main.

Pourquoi tu nas pas répondu au téléphone? Et pourquoi tu tes enfuie hier? Je tai suivie jusquau dortoir, mais tu volais comme une sorcière, demandatil dun ton détendu, puis entra.

Questce que tu fais ici? Et comment astu pu passer le contrôle de la surveillance? lâchatelle.

Je tai apporté une part de tarte. Tu ne las pas goûtée hier. Jai refusé au début, mais ma mère a insisté. Elle dit que la petite na rien mangé de toute la soirée. Elle est déjà mince, il faut quelle mange davantage, déclara JeanPierre en découpant la tarte avec calme.

Et tu te moques de moi? Quelle tarte? Quelle mère? Jai brisé toute la vaisselle. Ta mère a même pleuré. Tu veux rompre avec moi? Disle, et pars, balbutia Léontine, les lèvres tremblantes.

Je la pris dans mes bras:
Tu ne comprends pas? Mes parents taiment, vraiment. Ma mère na pas pleuré, elle a ri. La première fois quelle est venue chez mes parents, elle a cassé le robinet de la cuisine en voulant faire la vaisselle. Elle voulait tellement essuyer les assiettes. Quant à la vaisselle, elle ma dit quelle ne laimait jamais, alors elle voulait en acheter de nouvelle. Alors, Léontine, tu es invitée au déjeuner familial ce samedi.

Et jai ajouté que, sans le postiche, tu seras mieux. Jai même fait peur à mon père, qui a accepté.

Léontine et AnneSophie sont devenues amies. Elles font du shopping dans les boutiques, préparent les repas ensemble. Et moi, jai déjà acheté une bague. Léontine aura bientôt son anniversaire, et je prévois de lui faire ma demande

Оцените статью