Robe de Mariée Éblouissante : Élégance et Romance pour le Grand Jour

Cher journal,

Je suis encore debout au milieu de mon dressing, entourée de piles de vêtements qui semblent vouloir seffondrer sous le poids du temps. Le sac à main de ma première union na jamais quitté ce placard, mais le mariage lui, sest évanoui. Il ne reste que ce souvenir où chaque chose était réellement vécue.

Lorsque, dans ma nouvelle maison parisienne, la garde-robe débordante a commencé à grincer sous le poids des habits, jai juré à mon époux, Julien Lefèvre, de faire le tri : jeter le superflu, offrir ou vendre ce qui nest plus nécessaire (je me souviens de ce même engagement dans mon petit récit « Le sacrifice de la mode »). Ainsi, pendant plus dune heure, je suis restée là, à transférer les vêtements dun cintre à lautre, justifiant chaque pièce dans ma tête : « celle-ci servira pour une promenade avec Biscotte, celle-là pour un bal caritatif ».

Le sac à « jeter » était étonnamment léger. Tout semblait précieux, indispensable, presque familial.

Soudain, du fond du placard, un voile de tissu a émergé.

Questce que cest que ça ? ai-je marmonné, les sourcils froncés. Ah ! Cest mon robe de mariage !

Pas ce costume bleu marine chic à la Chanel que javais porté une seconde fois à la mairie, mais bien la robe de mon premier mariage, celle qui avait traversé les océans et les années comme une relique dune vie antérieure.

Javais épousé pour la première fois à vingtetun ans presque adolescence selon les standards daujourdhui, presque vieille fille à lépoque. Les regards perplexes des connaissances, les sympathies des amies mariées, les inquiétudes de ma mère et de ma grandmère maccompagnaient. Puis est arrivé le prétendant : un jeune homme de bonne famille, presque autonome, un an plus âgé et bientôt diplômé de luniversité.

Je lai accepté. Il était charmant, amoureux, et ses parents lapprouvaient. Que demandaitplus le bonheur ? Des passions déchaînées ? Mon père disait que les passions nétaient que des inventions décrivains, que la famille se construit pour la vie, non pour les romans.

Nous avions prévu une cérémonie modeste, dans un petit café du quartier, sans faste, sans limousine (et où en auraiton trouvé de toute façon). Au moment de choisir les tenues, les péripéties ont commencé. Julien a pu sacheter un costume grâce à un bon du « Salon des futurs mariés », jai eu de la chance avec les chaussures, mais la robe a été un vrai fiasco.

À lépoque, les robes de mariée ressemblaient à des meringues : crinoline, volants et gros nœuds dignes dun hélicoptère de ferme. Cétait touchant, un brin ridicule, sincère et beau, mais je ne voulais pas ressembler à ça. Ni voile jusquau sol, ni traîne qui fouette les rues de Paris. Je rêvais dune robe unique, exceptionnelle et fonctionnelle, à la fois pour la fête et pour la vie.

La couturière de ma mère a proposé une robe en batiste blanc à petits motifs bleus avec corset. Jétais déjà légèrement enceinte comme le veut la tradition après le dépôt du dossier à la mairie et je gardais cela secret. Un corset serré et les nausées du matin ne faisaient pas bon ménage, alors jai décliné, marmonnant des choses sur les fleurs.

Le sauveur fut alors mon grandpère et ma grandmère venus du Maroc. En apprenant que leur petitefille se marierait, ils ont décidé que la robe serait leur présent.

Jattendais le colis avec une émotion mêlée de joie et de peur. À louverture, mes yeux se sont écarquillés : la robe était simple mais raffinée, dans lesprit des années vingt tissu doux, coupe fluide, plis horizontaux à la taille, jupe légèrement audessous du genou. Aucun dentelle, aucune paillettes seulement un voile léger et de fines gants qui conféraient à lensemble une discrète noblesse.

Julien voulait absolument le voile, pour que tout soit « vraiment » authentique. Il la même retiré plus tard, me portant dans les bras jusquau sixième étage de notre immeuble. Puis, sans aucune romance, épuisés, trempés de sueur, ils se sont effondrés sur le lit et se sont endormis immédiatement. Il était déjà presque sept heures et demie que nous devions filer à laéroport pour attraper notre vol vers la Sicile, pour notre lune de miel.

Trois ans plus tard, nous avons émigré aux ÉtatsUnis. La robe, bien sûr, est partie avec nous. Jamais je ne lai remise, à part quelques fois où des amies, plus petites et plus chanceuses, lont empruntée. Les autres envoyaient des soupirs jaloux.

Lorsque le mariage a fini par se briser et que je déménageais en Europe, jai remis la robe dans ma valise, « au cas où ».

Aujourdhui, des décennies plus tard, je me tiens au centre de mon dressing et je me dis :

« Il faut la vendre. »

Jai pris une photo, rédigé une brève description et lai postée sur Le Bon Coin, la version française de eBay, le petit marché en ligne où lon trouve de tout, du cafetière au hamster. Le prix fixé : 98, assez pour ne pas faire peur mais montrer que ce nest pas un objet bon marché.

À ma grande surprise, la robe sest vendue le jour même. Lacheteuse était locale ; nous avons convenu dun rendezvous dans un café du centre, pour éviter les envois.

Jétais déjà installée, cappuccino et croissant à la main, quand une jeune femme de vingtsept ans, aux cheveux châtains et aux yeux bleus, sest précipitée vers notre table.

« Dieu, cest comme moi quand jétais jeune », aije pensé.

Elle a examiné la robe, la admirée, la faisait tourner entre ses mains et parlait sans cesse :

« Je viens de Pologne, je termine mes études en pharmacie, mon fiancé est espagnol, il étudie encore et travaille. On na personne pour nous aider, mais ça ne nous dérange pas, on fera tout nousmêmes. On veut un mariage version Gatsby, pour nos amis, festif. Votre robe est un vrai miracle, elle est parfaite ! »

Je lui ai souri :

« Bien, je suis heureuse davoir pu aider. Pas besoin dargent, prenezla. »

Une larme a glissé sur ma joue, et je me suis dit : peutêtre ce vêtement apportera à cette jeune fille le vrai bonheur. Quant à moi, après réflexion, tout na pas été si mal : lamour, deux merveilleux fils, les voyages, les rires. Tout simplement, rien nest jamais instantané ni comme au cinéma.

Elle est partie, et dehors la pluie fine tombait, légère comme un voile. Jai regardé la rue et pensé que le bonheur prend plusieurs formes. Parfois, il ressemble à une robe : pas neuve, mais familière. Lessentiel, cest quelle vous aille, ne seraitce que pour un instant.

Jai remué mon cappuccino refroidi, un sourire aux lèvres.

« Il faut vraiment fouiller dans le placard », me suisje dit. « Il y a encore tant de choses. »

Оцените статью
Robe de Mariée Éblouissante : Élégance et Romance pour le Grand Jour
Regrettant son départ, il revient vers sa femme