J’ai ouvert l’ordinateur portable de mon mari et découvert une correspondance avec ma sœur

Elle ouvrit lordinateur portable de son mari et tomba sur une conversation avec sa sœur.

Léna, ça suffit! lança Pierre, en claquant la paume sur la table, les tasses de café sentrechoquant. Jai vraiment oublié, daccord? Ce nest pas volontaire!

Oublié! À chaque fois! la voix dÉlise tremblait, les yeux rougis de larmes, au milieu de la cuisine. Cest la troisième fois ce mois-ci! Mathis a un contrôle demain, il avait besoin du livre! Tu avais dit que tu irais au magasin!

Et toi, tu ne pouvais pas le faire? Tes mains sonttelles? répliqua Pierre, exaspéré. Tu as travaillé jusquà huit heures! Tu es partie bien avant que je narrive!

Pierre se leva brusquement, poussant la chaise.

Tu sais quoi? Jen ai marre de tes reproches! Toujours à me coller! Il attrapa sa veste sur le portemanteau. Je vais prendre lair, sinon je deviens fou!

Il claqua la porte. Élise saffala sur la chaise, le visage dans les mains. Les larmes la suffoquaient, mais elle ne voulait pas pleurer devant Mathis. Le petit garçon était dans sa chambre, feignant détudier, mais il avait probablement entendu toute la scène.

Elle sessuya les yeux, se leva. Il fallait se calmer. Ce nétait pas la première dispute. Récemment, Pierre était plus irritable, distant. Il rentrait tard, répondait aux questions par des monosyllabes, et était toujours collé à son téléphone.

Élise traversa le salon et sassit sur le lit. Le silence pesait sur ses oreilles. Dehors, la pluie doctobre tapait contre la fenêtre, morne et monotone. Elle regarda la table de chevet où reposait lordinateur de Pierre. Il lavait oublié en partant se promener. Dordinaire il lemmenait partout, mais ce jourlà, pressé, il lavait laissé.

Elle tendit la main, hésita. «Questce que je fais? Je vais espionner mon mari? Cest bas.» Mais la main se dirigea delle-même vers lappareil. Elle ouvrit le couvercle. Lécran salluma sur la photo de famille : Pierre, Élise et le petit Mathis, tous souriants en vacances chez leurs parents. Trois ans déjà, pensatelle.

Elle glissa le doigt sur le pavé tactile. Mot de passe: la date de naissance de Mathis. Le bureau safficha, plein de dossiers et dicônes, rien de suspect.

Elle ouvrit le navigateur. Historique: sites dactualités, forum de passionnés dautomobiles. Pierre adore les voitures, rien détrange. Courriel: messages pro, publicités, newsletters.

À linstant où elle allait refermer tout, elle remarqua licône dune messagerie en bas de lécran. Elle simmobilisa, déplaça le curseur, cliqua.

Une fenêtre de discussion souvrit. La première dans la liste était Véra, la sœur dÉlise.

Le cœur se serra. Élise fixa lécran, incrédule. Véra? Pourquoi Pierre papotaitil avec Véra? Ils navaient jamais été proches. Véra vivait à Lille, on ne se voyait quune fois par an, aux fêtes.

Elle cliqua sur le nom de sa sœur. La conversation se déroula.

Pierre, merci infiniment! Tu ne sais pas à quel point cest important pour moi!

De rien, Véra. Content daider. Mais ne le dis pas à Léna tout de suite, daccord?

Bien sûr que je ne le dirai pas! Elle ne comprend jamais. Tu sais comment elle est

Je sais. Cest pour ça que je voulais dabord tout clarifier avec toi.

Élise sentit le sang se refroidir dans ses veines. Que cachaitils? Elle parcourut les messages plus anciens: la discussion avait commencé il y a un mois et demi.

Pierre, salut! Désolé de te déranger ainsi. Jai besoin dun coup de main. On peut sappeler?

Salut, Véra. Bien sûr, je te rappelle dans vingt minutes.

Puis Véra annonçait son arrivée :

Je viens samedi. Tu me retrouves?

Bien sûr, où et à quelle heure?

À la gare, trois heures de laprèsmidi. Merci, tes un vrai ami.

Élise se souvint que le samedi en question, Pierre était parti «chez un ami à la campagne » et était revenu tard. Alors il ne lavait pas vraiment visité.

Ils continuaient à échanger presque quotidiennement. Véra se plaignait du travail, de la solitude, Pierre la conseillait. Puis, soudain :

Pierre, jai décidé. Jarrive samedi. Tu me retrouves?

Bien sûr. Où?

À la gare, trois heures. Merci, tu es un vrai ami.

Élise lut la date: cétait le samedi précédent. Pierre était parti le matin, prétendant rendre visite à un ami. En réalité, il avait rencontré Véra.

Les mains tremblaient. Elle continua la lecture. Véra, après la rencontre :

Pierre, je te suis tellement reconnaissante! Tu mas sauvée! Je ne sais pas comment te remercier.

Pas besoin de remerciements. Limportant, cest que ça se passe bien pour toi.

Ça marchera, jen suis sûre! Tu crois en moi, ça me donne de la force.

Les messages devinrent plus vagues, remplis dallusions. Puis, hier soir :

Pierre, je reviens bientôt. Tu me manques. On se voit?

Daccord. Mais fais attention, Léna commence à soupçonner quelque chose.

Pas de panique. Je comprends. À bientôt.

Élise ferma lordinateur, le regard fixé sur le mur. Le chaos envahissait sa tête. Infidélité? Romance avec sa sœur? Non, cétait absurde. Véra nétait pas une voleuse de cœur, cétait sa sœur, sa complice denfance, celle qui lavait parfois volé le petit ami à lécole.

Elle se souvint dun jour où Véra avait séduit Maxime, le camarade de classe quÉlise aimait, juste par amusement. Elle avait, plus tard, dit : « Désolé Léna, je nai pas fait exprès. » Élise avait pardonné, à seize ans, pensant que ce nétait rien.

Puis le jour du mariage de Pierre, Véra était la demoiselle dhonneur, en robe rose flamboyante, tournoyant autour de Pierre, le taquinant, le touchant la main. « Léna, tu es trop chanceuse! Pierre est une perle! Prendsen soin! »

Élise avait alors pensé «et si». Mais cétait il y a longtemps.

Elle se leva, parcourut la pièce. Il fallait se calmer. Depuis peu, Pierre était plus irritable, plus distant, rentrait tard, répondait à peine, le téléphone collé à loreille. Elle se demanda si tout cela nétait quune mauvaise passe.

Soudain, le bruit des pas à la porte. Pierre rentra. Élise se jeta sur le lit, ferma les yeux, fit semblant de dormir. Elle lentendit passer à la cuisine, puis à la salle de bain, avant de revenir dans la chambre, silencieux.

Léna, tu dors? murmura-til.

Elle resta muette. Pierre soupira, se coucha à côté delle, sendormit rapidement. Élise resta les yeux grands ouverts, lesprit tourbillonnant.

Le matin suivant, elle se leva, la tête lourde. Pierre était déjà en forme, presque trop.

Léna, désolé pour hier, ditil en servant le café. Jai vraiment oublié le livre de Mathis. Après le travail, je le achète.

Daccord, marmonna Élise sans le regarder.

Tu men veux? demandatil.

Non. Juste je me sens mal.

Tu devrais prendre un jour de congé? Te reposer?

On verra.

Pierre lembrassa sur la joue rapide, formel puis sen alla au travail. Mathis, le petit, se prépara pour lécole, les yeux croisant ceux de sa mère une fois, puis elle resta seule.

Elle rouvrit lordinateur de Pierre, relut la discussion, cherchant des indices. Plus elle lisait, moins elle comprenait. Que voulait dire Véra? Quelle aide?

Elle décida dappeler Véra. Après plusieurs sonneries, la sœur décrocha, voix encore endormie.

Allô, Léna? dit Véra. Tu vas trop tôt?

Il est déjà dix heures! répondit Élise.

Ah, jai passé la nuit à travailler. Quoi de neuf?

Rien Juste ça fait longtemps quon ne sest pas parlé. Tu comptes venir nous voir?

Un silence long. Véra hésita.

Venir? Pourquoi pas? Mais je suis débordée, le travail me noie. Peutêtre pour le Nouvel An je me libère.

Daccord.

Elles échangèrent quelques banalités, puis raccrochèrent. Véra avait menti. Dans le fil de discussion, elle prétendait ne pas venir, alors quelle écrivait le contraire. Elle cachait quelque chose.

Élise passa la journée dans langoisse. Au travail, elle narrivait pas à se concentrer, les collègues lui demandaient si tout allait bien. Elle feignait, évoquant une simple migraine.

Le soir, elle rentra plus tôt que dhabitude. Mathis faisait ses devoirs, Pierre nétait pas encore revenu. Elle prépara le dîner, dressa la table, attendit son mari, répétant mentalement ce quelle dirait.

Pierre arriva vers vingtheure, joyeux.

Salut la famille! sécriatil à lentrée. Jai acheté le livre de Mathis! Le voilà!

Mathis se précipita, saisissant le volume.

Papa, merci! Cest exactement ce quil me fallait!

Pas de quoi. Le dîner est prêt? Jai faim comme un loup!

Ils sassirent. Le repas se déroula en silence. Élise observait Pierre, ne le reconnaissant plus. Il plaisantait avec Mathis, racontait une anecdote du bureau, souriait. Mais à lintérieur, tout bouillonnait.

Quand le petit séclipsa, Élise nen pouvait plus.

Pierre, il faut quon parle.

Il leva les yeux, intrigué.

De quoi?

De tes messages avec Véra.

Pierre pâlit, les yeux sélargissant.

Quoi? Quels messages?

Ne fais pas linnocent. Je les ai vus sur ton portable.

Tu tu as fouiné dans mon ordinateur? sécriatil.

Oui, et jai trouvé des choses très intéressantes! Tu rencontres ma sœur en cachette!

Non, ce nest pas ce que tu crois

Alors explique! Pourquoi vous vous voyez? Pourquoi le cacher?

Pierre passa la main sur son visage, sassit.

Écoute, Véra ma demandé de laider. Elle avait des problèmes.

Quels problèmes?

Elle a perdu son emploi. Elle a été licenciée et na plus dargent. Elle était trop honteuse pour ten parler, elle savait que tu tinquiéterais, que tu me pousserais à la critiquer. Elle ma demandé de laider à trouver un travail ici, à Paris.

Élise resta muette, digérant.

Véra veut venir vivre ici? demandatelle doucement.

Oui. Jai organisé des entretiens, contacté des collègues. Elle a déjà trouvé un poste, elle veut nous surprendre en arrivant.

Pourquoi ne pas me le dire?

Pierre sortit son téléphone, feuilleta quelques messages, et la tendit à Élise.

Voilà, la conversation avec mon contact du cabinet de recrutement. Je cherchais un poste pour Véra, avec son diplôme et son expérience.

Élise parcourut les échanges: rien de plus que des demandes doffres demploi.

Cest tout? demandatelle, incrédule.

Tout. Je jure, il ny a rien entre nous. Elle a juste demandé de laide, et je nai pas pu dire non. Tu sais que je naime pas refuser les gens.

Elle posa le téléphone, le regardant encore, cherchant la vérité.

Pourquoi ne pas mavoir dit tout de suite? Pourquoi le cacher?

Véra craignait que tu topposes à son déménagement. Elle pensait que tu dirais: « Pourquoi venir ici, ta vie est ailleurs?» Elle voulait régler les choses dabord, puis ten parler.

Cest absurde! Jaurais été ravie!

Tu le dis comme ça, mais Véra te connaît. Elle sait que tu poses mille questions, que tu insistes, que tu critiques. Elle voulait tout gérer seule.

Élise réfléchit. Elle était vraie, elle aimait contrôler, intervenir, surtout quand il sagissait de proches. Peutêtre Véra avait vraiment peur.

Pierre, prometsmoi quil ny a rien entre vous, daccord? murmuratelle.

Il prit sa main, la regarda droit dans les yeux.

Je le jure, Léna. Je naime que toi. Véra nest que ta sœur, et je lai aidée comme jaiderais nimporte quel parent.

Élise voulait croire, vraiment. Elle hocha la tête, serra sa main.

Daccord, je te crois.

Ils sétreignirent. Élise sentait la chaleur de son mari, lodeur familière de son parfum. Le doute restait, mais elle décida de laisser entrer la confiance.

Une semaine plus tard, Véra lappela.

Léna! Jai une nouvelle! sexclama sa sœur, toute excitée. Jai trouvé un travail, je déménage chez vous! Tu imagines?

Vraiment? Cest super! Cest quand?

Dans un mois. Jai déjà un appartement près dici. On se verra souvent!

Génial, Véra. Je suis contente pour toi.

Elles papotèrent encore vingt minutes, Véra détaillant ses nouveaux projets, nullement mentionnant Pierre ni son aide.

Quand Véra arriva, elles se retrouvèrent à trois dans un café du Marais. Véra était rayonnante, plus jolie que jamais, avec un grand sourire. Elle serra Élise dans les bras, la remerciant de son soutien, même si Élise nen avait pas donné.

Léna, je suis tellement heureuse dêtre près de toi! On pourra se voir chaque jour!

Oui, cest merveilleux, répondit Élise.

Pierre était calme, amical. Il serra la main de Véra, la félicita pour son nouveau poste. Aucun soustexte douteux, aucun regard déplacé.

Élise observa le trio toute la soirée, essayant de dénicher le moindre indice. Rien. Juste des conversations de famille.

Peutêtre sétaitelle simplement imaginée? Peutêtre étaitelle paranoïaque.

Un mois passa. Véra sinstalla, venait souvent, apportait des pâtisseries, jouait avec Mathis, discutait avec Élise en cuisine, parlait normalement avec Pierre. Tout reprit son cours.

Puis, un soir, Véra arriva, lair contrariée.

Léna, je peux rester chez vous? demandatelle. Ma salle de bain a explosé, il y a une fuite, le plombier ne viendra que demain.

Bien sûr, viens te poser sur le canapé, répondit Élise, la prenant dans ses bras. Installetoi.

Elles prirent le thé, discutaient tard dans la nuit. Pierre était déjà au lit, Mathis avait fini ses devoirs. Véra, seule avec Élise, évoqua :

Léna, tu as remarqué que Pierre est un peu triste ces derniers temps?

Peutêtre le travail, répondit Élise.

Peutêtre Il a besoin de quelquun qui le soutienne. Tu le gardes bien, nestce pas?

Élise se raidit légèrement.

Plus tard dans la nuit, Élise se leva pour prendre de leau. En passant devant le salon, elle entendit un léger bruissement. Elle jeta un coup dœil: Véra était assise sur le canapé, le téléphone éclairé. Elle bondit.

Oh, Léna, tu mas fait peur!

Tu ne dors pas? demanda Élise.

Non, je tourne en rondFinalement, Élise comprit que la confiance et le soutien mutuel étaient la vraie clé de leur bonheur.

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Un vieux grincheux m’a offert un peigne. Ce qui s’est passé ensuite a bouleversé toute ma vie.