J’ai ouvert l’ordinateur portable de mon mari et découvert une conversation avec ma sœur.

Jai ouvert lordinateur portable de mon mari et je suis tombée sur une conversation avec ma sœur.

Léontine, ça ne peut plus durer! Jai dit que javais oublié! a claqué Guillaume, frappant la table du poing, les tasses de thé ont tinté. Oublié, tu comprends? Pas exprès!

Oublié! À chaque fois! la voix de Camille tremblait, ses yeux rougis de larmes éclataient dans la cuisine. Cest la troisième fois ce moisci! Théo a un contrôle demain, il avait besoin du manuel! Tu avais promis daller au supermarché!

Et toi, tu ne pouvais pas le faire? Tes mains tont lâchée?

Jai bossé jusquà huit heures! Toi, tu es parti plus tôt, tu aurais pu passer!

Guillaume sest levé dun bond, a tiré la chaise en arrière.

Tu sais quoi, jen ai assez de tes reproches! Toujours à me rendre coupable! Il a attrapé sa veste sur le portemanteau. Je vais faire une promenade, sinon je deviens fou ici!

La porte sest claquée. Camille sest affalée sur la chaise, le visage enfoui dans ses paumes. Les larmes étouffaient son souffle, mais elle ne voulait pas pleurer devant le fils. Théo était dans sa chambre, faisait semblant détudier, mais il devait avoir entendu toute la scène.

Elle sest essuyée les yeux, sest levée. Il fallait se calmer. Ce nétait pas la première dispute. Récemment, quelque chose avait changé. Guillaume était plus irritable, distant. Il rentrait tard, répondait aux questions en monosyllabes, les yeux collés au téléphone.

Camille a traversé le couloir, sest assise sur le lit. Le silence pressait ses oreilles. Dehors, la pluie doctobre tombait, morne. Elle a regardé la table de chevet où trônait lordinateur de Guillaume. Il lavait oublié en partant se balader. Dhabitude il lemportait partout, mais ce matin, pressé, il lavait laissé.

Elle a tendu la main, puis sest arrêtée. Que faisaitelle? Espionner son mari? Cétait méprisable.

Pourtant, la main sest dirigée delle-même vers lordinateur. Elle a soulevé le couvercle. Lécran sest illuminé, affichant une photo de famille : elle, Guillaume et le petit Théo au chalet des parents, enlacés, souriants. Trois ans auparavant, peutêtre.

Camille a glissé le doigt sur le pavé tactile. Le mot de passe: la date de naissance de Théo. Elle la tapé, a atteint le bureau. Dossiers, icônes, rien de suspect.

Elle a ouvert le navigateur. Lhistorique montrait des sites dactualités, un forum dautomobilistes Guillaume adore les voitures, cest normal. La messagerie sest affichée, puis les courriels: boulot, pubs, newsletters.

À linstant où elle allait refermer, une icône de messagerie a clignoté en bas. Elle a pointé le curseur, cliqué.

Une fenêtre de discussion sest ouverte. En tête, le nom de Camille, sa sœur.

Le cœur a plongé. Camille a fixé lécran, incrédule. Camille? Pourquoi Guillaume parlet-il avec Camille? Ils nont jamais eu de relation intime. Camille vivait à Bordeaux, on ne se voyait quune fois par an, aux fêtes.

Camille a cliqué sur le nom de sa sœur. Le fil sest déroulé.

«Guillaume, un grand merci! Tu nimagines pas à quel point cest crucial pour moi!»

«Pas de quoi, Cam. Content daider. Mais ne le dis pas à Léontine, daccord?»

«Promis, je ne le dirai pas! Elle ne comprendrait pas tu sais comment elle est»

«Je sais. Cest pour ça que je voulais dabord tout clarifier avec toi.»

Camille a lu les lignes, sentant le froid sinsinuer. Que racontaientils? Quessayaientils de cacher?

Le fil avait commencé il y a un mois et demi. Premier message de Camille :

«Guillaume, désolé de técrire si brusquement. Jai besoin de ton aide. On peut se parler?»

«Salut, Cam. Bien sûr, je te rappelle dans vingt minutes.»

Puis les échanges se sont accélérés, presque chaque jour. Camille se plaignait de son travail, de la solitude, Guillaume lécoutait, lui donnait des conseils. Puis :

«Je viens samedi. Tu me retrouves à la gare à trois heures?»

«Oui, je serai là.»

Camille a regardé la date. Cétait le samedi dernier. Elle se souvenait que Guillaume était parti tôt, prétextant rendre visite à un ami à la campagne, mais il était revenu tard le soir. Donc il nétait pas allé chez un ami; il avait rencontré Camille. Pourquoi en secret?

Ses mains tremblaient. Elle a continué la lecture. Après la rencontre :

«Merci, Guillaume! Tu mas vraiment sauvée!»

«Pas besoin de me remercier. Le principal, cest que tout aille bien pour toi.»

Les messages devenaient vagues, des allusions, des phrases floues.

Hier soir :

«Je reviens bientôt, tu me manques.»

«Daccord, mais fais attention. Léontine commence à soupçonner, jai limpression.»

Camille a claqué lordinateur. Elle est restée plantée, le regard perdu dans le mur. Un chaos mental sest installé. Infidélité? Une liaison avec sa sœur? Ce nétait que du fantasme!

Elle se rappelait alors le temps où Camille, à lécole, avait détourné le petit ami de Léontine, Maxime, par simple curiosité, le laissant tomber un mois après.

«Pardon, Léon, ce nétait pas intentionnel,» avait dit Camille, les épaules haussées. «Cest comme ça que les choses se passent.»

Léontine avait pardonné à seize ans, pensant que ce nétait rien. Mais maintenant

Elle se souvenait du mariage de Léontine, où Camille était demoiselle dhonneur en robe rose, tournoyant autour de Guillaume, le taquinant, lui touchant la main.

«Léon, tu es tellement heureuse! Guillaume est une vraie perle! Prends soin de lui!»

Léontine ny avait pas prêté attention. Et si

Camille a parcouru la pièce, cherchant à se calmer. Il fallait comprendre. Peutêtre Camille traversait réellement une épreuve et avait demandé laide de Guillaume?

Pourquoi le faire en secret? Pourquoi cacher cela à Léontine?

Des pas ont retenti dans lentrée. Guillaume était de retour. Léontine sest glissée sur le lit, a fait semblant de dormir. Elle a entendu le bruit de ses pas vers la cuisine, puis la salle de bain, puis doucement dans la chambre.

Léontine, tu dors? a murmuré Guillaume.

Elle ne répondit pas. Il soupira, se coucha à côté delle. Son souffle sest stabilisé, il sest endormi.

Léontine est restée les yeux ouverts, fixant le noir, incapable de sendormir. Le matin, elle sest levée, la tête lourde. Guillaume était dune bonne humeur exagérée.

Léontine, désolé pour hier, a dit il en versant du café. Jai vraiment oublié le manuel de Théo. Après le travail, je le rachèterai.

Daccord, a grogné Léontine sans le regarder.

Tu men veux? a demandé Guillaume.

Non. Juste je me sens mal.

Tu veux un arrêt maladie? Reposetoi.

On verra.

Guillaume la embrassée sur la joue, rapidement, puis est parti au travail. Théo a pris le bus pour lécole, Léontine la vu partir, seule.

Elle a ranimé lordinateur de Guillaume, a relu la conversation, cherchant un indice. Plus elle lisait, plus le mystère samenuisait. Que cherchaitelle? Quelle aide?

Elle a appelé Camille. Le téléphone a sonné longtemps, puis la sœur a répondu, la voix endormie.

Allô, Léontine? Pourquoi si tôt?

Tôt? Il est déjà dix heures!

Oui, je nai pas dormi, je travaille. Questce qui se passe?

Rien. Juste on ne sest pas parlé depuis longtemps. Comment ça va?

Normal, je travaille beaucoup, je suis fatiguée. Et toi?

Pareil, Léontine a marmonné. Dis, Camille, tu comptes venir chez nous?

Silence. Long silence.

Venir? Non, pourquoi?

Juste curieuse. Ça fait longtemps.

Je suis débordée, le travail me noie, peutêtre pour Noël je pourrai me libérer.

Daccord.

Ils ont papoté quelques minutes, puis ont raccroché. Camille avait menti: elle avait dit ne pas venir, alors que le texte laissait entendre le contraire. Une vérité se cachait.

Le reste de la journée Léontine a passé dans linquiétude. Au travail, elle ne pouvait se concentrer, les collègues lui demandaient si tout allait bien. Elle haussait les épaules, évoquant un mal de tête.

Le soir, elle est rentrée plus tôt que dhabitude. Théo faisait ses devoirs, Guillaume nétait pas là. Elle a préparé le dîner, a mis la table, attendait son mari, répétant mentalement ce quelle dirait.

Guillaume est arrivé à huit heures, tout joyeux.

Salut, la famille! a crié il en entrant. Jai acheté le livre de Théo! Le voilà!

Théo a sauté, a attrapé le livre.

Papa, merci! Cest exactement ce quil me fallait!

De rien. Le dîner est prêt? Jai faim comme un loup!

Ils ont mangé en silence. Léontine observait Guillaume, ne le reconnaissant plus. Il plaisantait avec Théo, racontait une anecdote du bureau, souriait. Mais à lintérieur, tout bouillonnait.

Quand Théo est parti dans sa chambre, Léontine na plus pu contenir.

Guillaume, il faut quon parle.

Il a levé les yeux du plat.

De quoi?

De ta messagerie avec Camille.

Le visage de Guillaume sest blanchi, les yeux grands ouverts.

Quoi? Quelle messagerie?

Ne fais pas linnocent. Jai vu. Sur ton portable.

Tu tu as fouillé dans mon portable? a haussé le ton.

Oui, et jai trouvé des choses très intéressantes! Tu sors avec ma sœur! En cachetelle?

Léontine, ce nest pas ce que tu crois

Alors questce que je dois croire? Que tu me trompes avec ma propre sœur?

Guillaume a passé la main sur son visage, sest assis.

Camille ma demandé de laider. Elle avait des problèmes.

Des quels?

Elle a perdu son emploi. Elle était au chômage total. Elle na pas osé me le dire, elle savait que tu tinquiéterais, que tu la pousserais. Elle ma demandé de laider à trouver un poste ici.

Léontine a gardé le silence, digérant linformation.

Elle veut sinstaller ici? a demandé doucement.

Oui. Je lai aidée à préparer les entretiens, à contacter des recruteurs. Elle a déjà trouvé, elle partira bientôt. Elle voulait te surprendre en arrivant, te dire quelle sera à côté.

Pourquoi je devrais la croire?

Guillaume a sorti son téléphone, a feuilleté, a tendu le téléphone à Léontine.

Voici la discussion avec mon contact du cabinet de recrutement. Jai demandé des postes pour elle.

Léontine a lu. Effectivement, la conversation parlait de qualifications, dexpériences, de postes à pourvoir. Aucun soustexte romantique.

Cest tout? a-t-elle demandé, sceptique.

Tout, a affirmé Guillaume. Je comprends lapparence, mais je jure quil ny a rien entre nous. Elle a juste demandé de laide, je ne pouvais pas dire non. Tu sais que je nabandonne jamais les gens.

Léontine a posé le téléphone, la regardé, cherchant la vérité.

Pourquoi ne pas mavoir dit tout de suite? Pourquoi le cacher?

Camille avait peur que tu topposes à son déménagement. Elle redoutait que tu lui dises «Pourquoi venir ici? Tu as ta vie.» Elle voulait régler les choses dabord, puis te parler.

Cest absurde! Jen serais ravie!

Tu le dis, mais Camille te connaît. Elle sait que tu vas poser mille questions, mettre la pression. Elle voulait tout gérer seule.

Léontine a réfléchi. Elle était exactement comme ça: contrôler, intervenir, surtout quand il sagissait de proches. Peutêtre Camille lavait réellement évitée pour cette raison.

Guillaume, juremoi que rien ne sest passé entre vous, a murmuré Léontine.

Il a pris sa main, la vu dans les yeux.

Je le jure, Léontine. Je nai dyeux que pour toi. Camille nest quune sœur, et je lai aidée comme nimporte quel proche.

Léontine voulait croire. Elle a hoché la tête, serré sa main.

Daccord. Je te crois.

Ils se sont enlacés. Léontine sest accrochée à Guillaume, sentant son parfum deau de Cologne, son souffle chaud. Un tourbillon de doutes persistait, mais elle décida de lâcher prise.

Une semaine plus tard, Camille a appelé.

Léontine! Jai une nouvelle! sexclama la sœur, excitée. Jarrive chez vous! Jai trouvé un emploi! Tu imagines?

Vraiment? Cest génial! Quand?

Dans un mois. Jai déjà un appartement près de chez vous. On pourra se voir tous les jours!

Super, Camille, je suis ravie.

Elles ont bavardé vingt minutes, Camille a partagé ses plans, son nouveau travail, sans mentionner Guillaume. Le jour où elle est arrivée, les trois se sont retrouvés dans un petit café du Vieux Lyon. Camille était rayonnante, plus belle que jamais, aux cheveux brillants, un sourire éclatant. Elle a enlacé Léontine, la remerciant pour le soutien, même si Léontine nen avait pas donné.

Léontine, je suis tellement heureuse dêtre près de toi! piaulait Camille. On va se voir chaque jour!

Guillaume était calme, amical. Il a serré la main de Camille, la félicité pour son poste. Aucun regard suspect, aucun soustexte.

Léontine a observé toute la soirée, cherchant un indice. Rien. Juste la routine dune famille.

Le mois suivant, Camille sest installée, apportait des pâtisseries, jouait avec Théo, discutait avec Guillaume comme une amie. Léontine sest détendue, la tension a disparu.

Puis, un soir, Camille est venue, lair contrariée.

Léontine, je peux rester chez vous? a demandé-elle. Mon appartement a une fuite, leau a tout inondé. Le plombier ne vient que demain.

Bien sûr, installetoi sur le canapé du salon, a dit Léontine en létreignant. Fais comme chez toi.

Elles ont bu du thé jusquà tard. Guillaume était déjà couché, Théo aussi. Camille a posé une question inattendue.

Léontine, votre couple, ça va bien? a demandé-elle.

Léontine sest crispée.

Ça va.Dans le silence qui suivit, un chat noir surgit du plafond, déversant une pluie de pétales de rose qui sévapora en éclats de lumière, révélant que le véritable secret était le souffle du vent qui murmurait leurs cœurs.

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J’ai ouvert l’ordinateur portable de mon mari et découvert une conversation avec ma sœur.
Я ухожу, Соня. Оставляю всё тебе и нашей дочке. Но у меня есть одна просьба.