Mathieu sentit son gosier se serrer quand il vit la main de Célestine se lever dun coup, comme prête à pousser ou même à frapper Marion. Tous les invités retenaient leur souffle. Un instant, le temps sembla se figer.
Mais le coup ne vint jamais. Mathieu saisit le poignet de Célestine dune poigne ferme, inébranlable. Sa voix était basse, mais perçante :
Assez, Célestine.
Elle le fixa, incrédule, puis laissa éclater un rire nerveux, ce même rire qui dissimule toujours sa colère.
Tu plaisantes, là ? Devant tout le monde ? Défendre une domestique contre moi ? Tu veux vraiment mhumilier ?
Mathieu lâcha son bras, mais son regard resta glacial, tranchant comme un couteau.
Il ne sagit pas dune domestique. Il sagit de respect. Et qui ne sait pas le donner na pas sa place à mes côtés.
Ses mots tombèrent comme des pierres dans le silence. Les convives sagitèrent. Quelques dames cachèrent leurs lèvres derrière leurs mains, les messieurs baissèrent les yeux. Tous comprirent : cétait la fin.
Célestine pâlit. Une rougeur glissa sur ses joues, ses yeux brillèrent de fureur.
Tu veux dire que tu la choisis, elle ? Cette nulle ? cria-t-elle, en désignant Marion dun geste chargé de mépris.
Marion recula, prête à se retirer, mais Mathieu lui fit signe de rester.
Non, Célestine. Je choisis moi-même. Je ne peux pas vivre avec une femme qui prend du plaisir à rabaisser les autres. Il est temps que tu partes.
Un éclair traversa le visage de Célestine.
Tu es fou ! Tu le regretteras amèrement ! Cest moi qui ai fait briller ton nom, je tai accompagné à tous les galas ! Et tu me jettes à cause dune simple servante ?
Mathieu esquissa un léger sourireun sourire sans chaleur. Dun geste simple il pointa la porte. Le grand concierge de la villa savança, respectueux mais résolu, et lui indiqua la sortie.
Célestine tourna en rond, cherchant du soutien parmi les invités. Elle ne rencontra que des regards glacés, accusateurs ou embarrassés. Pour la première fois, elle était complètement seule. Elle serra les dents, ses nerfs craquèrent, et elle disparut dans la nuit, laissant derrière elle un parfum lourd et un silence encore plus pesant.
Mathieu poussa un soupir et se tourna lentement vers Marion.
Pardonne-moi. Tu naurais jamais dû subir une telle humiliation.
Les yeux de Marion scintillaient de larmes.
Il naurait pas fallu que vous me fassiez subir ça, monsieur. Je ne suis quune simple employée.
Tu nes pas rien. Tu es une personne. Ce soir tu as montré plus de dignité que bien des convives ici.
Quelquun se mit à applaudir, puis un autre. En un instant, tout le jardin retentit dapplaudissements. Lémotion déferla comme une vague : les invités reconnaissaient la vérité.
Marion essuya ses larmes dune main tremblante. Elle ne savait pas si elle devait sourire ou se cacher. Mais Mathieu lui prit la mainclairement, ouvertement, devant tout le monde.
À mes côtés doit se tenir quelquun avec du cœur, pas de larrogance. Ce soir jai compris qui je dois vraiment valoriser.
Marion resta muette. Son cœur battait à tout rompre, ses joues brûlaient. Ellela servante qui, il y a un instant, était humiliée, se retrouvait maintenant au centre du respect.
Les invités, témoins silencieux du changement, retinrent une leçon quils noublieront jamais : largent et le luxe ne valent rien sans humanité.
Cette nuit, la villa nétait pas une scène de rires snobs, mais un théâtre de vérité et de dignité. Et Mathieu, ayant perdu la femme quil croyait être son avenir, avait en réalité découvert quelque chose de bien plus précieuxle respect, la liberté et, peutêtre le début dune nouvelle histoire.







