J’espérais un enfant paisible

Jai compté sur un bébé calme «Quil se taise enfin! Jen ai assez!», crie André en sortant de la chambre, claquant la porte.

Maëlys inspire profondément, serre davantage contre sa poitrine son petit Milan. Le bébé de six mois pleure sans cesse, son minuscule visage rougit deffort. Elle le berce en chantonnant une berceuse, mais le gosse ne se calme pas.

«Allez, mon petit, calmetoi,» soufflet-elle en le caressant dans le dos,«Maman est là, tout va bien.»

Les derniers mois se résument pour elle à un enchaînement de nuits blanches et dinquiétudes. Milan grandit agité, tombe souvent malade et se réveille au cœur de la nuit. Maëlys accepte cette réalité, se plongeant entièrement dans la maternité. Pendant ce temps, André semble vivre dans un monde parallèle où il nexiste ni bébé qui pleure, ni responsabilité.

Alors quelle berce son fils, les pensées de Maëlys reviennent à la conversation dhier avec son amie Irène.

«Il taide un peu?» avait demandé Irène en remuant son café.
«Quelque chose,» secoue Maëlys la tête. «André, soit au travail, soit avec ses potes, soit chez sa mère. Il ne rentre que pour dormir.»
«Et largent? Il comprend que tu es en congé maternité?»

Maëlys esquisse un sourire amer.

«Parfois il donne, mais cest toujours insuffisant. Couches, lait en poudre, médicaments tout ça coûte une fortune.»

Maintenant, elle pose doucement Milan, enfin endormi, dans son lit. Elle quitte la chambre denfant et se dirige vers la cuisine. Lappartement est silencieux: André dort déjà.

Les deux semaines suivantes sont un véritable cauchemar. Milan ne dort plus du tout ; ses cris résonnent dans tout le logement. Maëlys lutte contre la fatigue, et le matin, André revient, de plus en plus irrité.

«Tu le fais exprès?» crietil une nuit, arrachant loreiller de sous sa tête. «Pourquoi tu ne peux pas le calmer? Jai besoin de dormir!»

Maëlys continue de bercer le petit Milan.

«Jessaie! Il est juste un bébé, il a mal, ses dents poussent.»

André attrape la couverture et se dirige vers la porte.

«Et moi, alors?Je vais dormir dans le salon. Et faisça avec ce cri!»

Les jours senchaînent. André apparaît de moins en moins. Maëlys parle à peine avec lui, épuisée même pour cela.

Un soir, de retour dune promenade, elle ouvre la porte. André se tient au milieu du couloir, une valise à la main.

«Questce qui se passe?»

Il ne la regarde ni elle ni le bébé.

«Je pars chez ma mère,» ditil, fermant la fermeture éclair. «Tant que ce tant que le gamin ne grandit pas, je nhabiterai plus ici.»

Maëlys reste figée, incrédule.

«Tu plaisantes?»

«Non,» répondil sans la regarder. «Moi aussi, je veux dormir la nuit. Cest impossible ici: il crie tout le temps, et toi tu ne fais rien.»

Elle ajuste doucement la poussette pour ne pas réveiller Milan, croise les bras sur sa poitrine.

«Tu te souviens que cest toi qui voulais cet enfant?» ditelle, la voix tremblante de colère contenue. «Tu disais que cétait le bon moment, quon y arriverait ensemble.»

«Je ne pensais pas que ce serait si dur,» haussetil les épaules. «Je comptais sur un enfant normal, calme.»

Sans un mot, il saisit la valise et passe devant elle vers la porte. Aucun éclat de dispute ne reste. Le bébé se balance dans la poussette, et Maëlys le berce automatiquement.

«Je lappelle,» lancetil.

Et il sen va.

Maëlys reste immobile dans le couloir quelques minutes, puis descend lentement à la cuisine et sassoit sur une chaise. Des larmes coulent sur ses joues, mais elle ne les remarque pas.

Le lendemain, elle téléphone à sa mère.

«Line, mon petit soleil,» la voix de sa mère tremble dinquiétude. «Questce qui se passe?»
«André est parti. Il a dit quil reviendrait quand Milan sera plus grand.»
«Questce que «parti»?! Qui est le père? Dépose le dossier de divorce, réclame la pension. Il ne faut pas attendre!»

Deux semaines passent, Maëlys attend un appel. Elle ne veut pas détruire la famille si vite, mais le téléphone reste muet. André a disparu de leurs vies, comme sil navait jamais existé.

Maëlys décide den finir et prend une décision.

À la maison, André lattend déjà.

«Questce que tu as fait? Pourquoi astu demandé le divorce? Nous sommes une famille! Je suis le père!»

Maëlys sourit.

«Le père? Tu nas pas mis les pieds ici depuis presque un mois. Tu nas jamais appelé, jamais demandé comment va Milan.»
«Je prenais juste une pause! Javais besoin de réfléchir.»

Elle se tourne.

«Jai besoin dun mari, pas dun lâche qui fuit quand les choses se corsent. Je gère tout seule. Pourquoi auraisje besoin dun tel mari?»

Ils divorcent rapidement. Maëlys obtient la pension alimentaire. La première année de Milan se passe sans père. André appelle une fois tous les deux mois, demande des nouvelles, et cest tout.

Quand le petit a un an et demi, il se calme un peu. Alors André commence à réapparaître, demande à passer les weekends avec eux, toujours à trois.

«Je veux participer à la vie de mon fils! Donnemoi une chance.»

Elle accepte, ne voulant pas priver Milan de son père. Cela dure encore six mois.

Après un café et une promenade, ils rentrent chez Maëlys. Lexmari demande à entrer dans la salle de bain pour se laver les mains. Maëlys acquiesce et soccupe du bébé: le change, le met en vêtements dintérieur, le place dans le parc avec des jouets.

«Maëlys!» retentit un cri furieux depuis la salle de bain. «Questce que cest?Explique!»

Elle jette un œil dans le couloir. André se tient à lentrée, une brosse à dents à la main.

«Questce qui se passe?»

André rougit de colère.

«Pourquoi il y en a deux? Deux brosses. Tu vas mexpliquer?»

Maëlys hausse les épaules, indifférente.

«Cest la brosse de mon copain. Il reste parfois chez moi. Quy atil de grave?»

Le visage dAndré se met à livide.

«Tu me trompes?!Tu nas même pas honte?!»

«Tromper?André, ça fait plus dun an quon est divorcés!»
«Le divorce, cest juste un papier!sagitetil, brandissant la brosse.Je taide avec le bébé. Je pensais revenir quand Milan grandirait, te refaire une proposition!»

Maëlys reste étonnée.

«Tu mas demandé si javais besoin dun tel mari? Je te supporte seulement pour le bébé. Je ne taime plus depuis que tu es parti.»

André crie alors:

«Quelle femme frivole! Tu as détruit notre belle famille, tu ne laisses pas le petit grandir avec son père, tu amènes un inconnu dans la maison!»

Milan, dans le parc, commence à pleurnicher, effrayé par les cris. Maëlys le prend dans ses bras.

«Ce «étranger» ma beaucoup aidée,» murmuretelle, calmant son fils. «Je lai rencontré trois mois après le divorce, en télétravail, quand je niais plus tenir debout. On sest croisés dans un magasin.»

Elle caresse la tête de Milan, puis continue:

«Maxime est devenu mon pilier, mon soutien. Toi, tu nes plus rien dautre quun homme qui vient parfois jouer avec son fils. Pour moi, tu noccupes quun vide.»

André devient rouge de honte, jette la brosse par terre et se dirige vers la porte.

«Tu le regretteras,» sifflotetil.

Après cet épisode, il reste distant lors des rencontres avec le petit, cherchant toujours une occasion de blesser Maëlys.

«Maman est mauvaise, non?lui souffletil.Elle nous a séparés, mais bientôt ta mère comprendra ce quelle a fait et tout corrigera.»

Maëlys supporte, mais un jour elle nen peut plus.

«Écoutemoi bien,» ditelle quand Milan sest endormi dans la poussette après la promenade. «Je ne reviendrai pas vers toi, même si je me sépare de Maxime. Tu nes pas la personne sur qui je peux compter.»

«Qui aurait besoin de toi!crietil.Avec un gamin au cou et un caractère de vipère.»

Après cette dispute, André cesse tout contact avec le fils. Il nappelle plus, il ne vient plus. Maëlys ressent une étrange libération: elle savait depuis longtemps quil ne cherchait pas la famille, mais une vie confortable.

Trois mois passent sans nouvelles dAndré. Maëlys regarde Milan jouer avec Maxime, construisant une tour de cubes, et se rend compte de sa chance. Le petit saccroche à Maxime, rit quand celuici le lance en lair.

Un aprèsmidi, Maxime sapproche delle, prend doucement sa main.

«Maëlys je voulais te demander Veuxtu mépouser?»

Un sourire éclate sur le visage de Maëlys. Aucun doute:

«Oui.»

Le soir, elle met Milan au lit. Elle réalise quelle ne pense plus du tout à son exmari. Une nouvelle vie souvre devant elle, sans place pour les erreurs du passé.

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