Lili sentait ses paumes moites, comme si le métal froid de son fauteuil roulant brûlait sa peau.

Solène sentait ses mains moites, comme si le métal froid de son fauteuil roulant brûlait sa peau. Édouard avançait lentement, le visage impassible, la poussant jusquà la petite cabane dans la forêt de Fontainebleau. La porte grinça lorsquil louvrit, et à lintérieur se répandait lodeur de résine et de vieux feu de bois.

Tu vas rester ici, murmura-t-il sans croiser ses yeux. Il y a du bois, de leau de source et de la nourriture simple.

Solène ne put répondre. Chaque respiration semblait se coincer dans sa gorge.

Euh Richard ? souffla-t-elle.

Il ne reviendra pas de sitôt. Il a dit que cétait trop dur de voir ta maladie, lança Édouard, lexpression neutre.

Et là, elle explosa :

Ce nest pas ma maladie qui est lourde, cest sa conscience ! Comment atil pu me laisser ici ?

Édouard se tendit, agité, puis haussa les épaules.

Jsais pas. Les gens font des conneries pour de largent ou pour leur tranquillité. Moi, je suis payé pour veiller sur toi. Point final.

Et il la laissa toute seule.

Les jours sécoulaient lentement. La chaleur du feu natteignait à peine les coins de la pièce, et les nuits semblaient interminables. Chaque matin, Édouard apportait du thé aux herbes, une tranche de pain et quelques légumes. Cétait un homme taciturne, mais dans ses yeux il y avait une douceur que Solène navait pas vue depuis longtemps.

Parfois, pendant quil la nourrissait, ses mains rugueuses tremblaient.

Tu penses que tu peux encore te lever ? demanda-t-il une fois.

Les médecins ont dit que non. La colonne est détruite.

Il secoua la tête, comme sil ne voulait pas y croire.

Un soir, alors que le vent sifflait dans les arbres, Édouard alluma la lampe à gaz et sassit près delle.

Tu sais, Solène, ton père venait parfois ici. Il achetait du bois chez moi. Je le respectais. Cétait un homme honnête.

Son cœur se serra. Son père lui manquait, cette voix qui la calmait toujours. Sil était là, il naurait jamais laissé Richard agir ainsi.

Édouard, si je si je voulais menfuir dici tu maiderais ? chuchota-t-elle.

Il la fixa longtemps, puis répondit :

Oui. Mais je sais pas où tu irais.

Un matin, Richard réapparut, son costume de luxe ridicule au milieu de la forêt humide.

Alors, comment tu te sens ? demanda-t-il avec un sourire forcé.

Lair de la Suisse me manque, répliqua-t-elle, ironique mais amère.

Il toussa.

Jai besoin de ta signature sur quelques papiers. Cest pour lhôtel. Il faut que tu comprennes.

À cet instant tout séclaira. Il ne sagissait pas de soins, mais de son héritage. Richard voulait tout rafler, et elle était lobstacle.

Je signerai rien, dit Solène dune voix douce mais ferme.

Ses yeux devinrent glacés.

Alors tu resteras ici jusquà ce que tu changes davis.

Et il tourna les talons sans se retourner.

Quand il disparut, Édouard sapprocha et posa sa main sur son épaule.

Tu ne mérites pas ça. Ton père taurait dit de te battre.

Mais comment ? Je ne peux plus marcher.

Les jambes ne sont pas tout. Tu as lesprit, la volonté. Et il y a des gens qui seront à tes côtés.

Cette nuit-là, Solène ne ferma pas les yeux. Le lendemain, Édouard lui remit un vieux téléphone.

Utilisele. Appelle qui tu veux. Je taiderai à rejoindre la ville.

Tremblante, elle composa le numéro de Martine, sa nounou. Dès quelle entendit la voix familière, les larmes coulaient.

Martine, Richard ma abandonnée dans la forêt. Je veux me battre. Je veux récupérer ma vie.

Quelques jours plus tard, Martine arriva en minibus. Avec laide dÉdouard, ils transportèrent Solène jusquau cabinet de lavocat de la famille.

Richard entra dans le bureau, sûr de son pouvoir. Mais en voyant Solène dans son fauteuil roulant, les yeux brillants de détermination, il resta bouche bée.

Tu pensais vraiment téchapper à jamais dans les bois ? lui lançatelle, froide. Non, Richard. Je suis la fille de mon père et je me bats.

Lavocat présenta les documents. Richard tenta de sy opposer, mais les preuves étaient claires : il voulait la déclarer incapable pour sapproprier tout lhéritage.

Le procès dura des mois. Au final, le tribunal trancha en faveur de Solène. Lhéritage resta à elle, et Richard fut non seulement exclu du testament, mais aussi banni de sa vie.

Un aprèsmidi, Solène regardait à nouveau par la fenêtre. La ville de Paris scintillait sous le soleil, et une nouvelle force naissait en elle. Édouard était désormais le gestionnaire officiel du domaine, et Martine était toujours à ses côtés.

Tu sais ce qui est fou ? ditelle à Édouard. Je pensais que ma vie sarrêtait dans ce fauteuil. Et cest justement ici que tout recommence.

Il sourit timidement.

Parfois, la forêt nest pas la fin. Cest juste le départ dun nouveau chemin.

Et pour Solène, ce chemin venait tout juste de souvrir.

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