Chaque jour, une dame âgée s’aventure dans la cour de notre immeuble. Elle a près de quatre-vingts ans et arbore toujours une tenue soignée et élégante.

Cher journal,

Depuis mon arrivée à la fin de lautomne dans limmeuble du quartier du Marais, à Paris, je ne peux mempêcher dobserver ma voisine, Mme Madeleine Dupont, une dame denviron quatre-vingts ans toujours vêtue avec une élégance soignée. Chaque matin, alors que je me dirigeais vers mon travail au bureau du 8ᵉ arrondissement, je la croisais dans la cour de notre bloc. Parfois, elle sasseyait sur le banc sous le grand tilleul, parfois elle avançait à petits pas, appuyée sur sa canne.

Au fil des jours, nos salutations se sont fait plus habituelles. Je marrêtais un instant, lui demandais comment allait sa santé et lui souhaitais une belle journée. Son sourire chaleureux me réchauffait le cœur, et elle me remerciait toujours dun «merci, mon garçon».

Vers la fin du mois de décembre, un petit animal fit son apparition dans la cour : un chiot, minuscule et tout décoiffé, au pelage enchevêtré, sans race précise. Personne ne savait doù il venait. Dès que Madeleine lui offrit un morceau de saucisse, le coup de foudre fut total : le chiot décida de rester, car il naurait pas survécu ailleurs dans son état lamentable.

La plupart des résidents nappréciaient pas sa présence. Certains cherchaient à le chasser, hurlant «Allezy, reviens pas!», dès quil les fixait de ses yeux suppliants, implorant en silence une miette. Malgré tout, il réussissait parfois à obtenir un petit quelque chose: une croûte de pain jetée par un voisin, un os offert par un autre. Madeleine, elle, lui donnait des biscuits secs ou du pain rassis, le caressant doucement et lappelant «Patte».

Au printemps, quand la neige sétait presque entièrement dissipée, jai retrouvé Madeleine dans la cour. Elle ma annoncé quelle partirait ce soirlà pour la campagne, accompagnée de sa petitefille, et y resterait jusquà lautomne, voire «jusquà la fin de lautomne», comme elle le répétait. «Làbas, le poêle crépite et il fait bon même pendant les nuits les plus froides», matelle dit en me faisant promettre de lui rendre visite.

En août, jai finalement pris le tramway en direction du petit village de SaintCyrsurLoire où elle séjournait, après lui avoir acheté un petit cadeau dune valeur de quinze euros. En arrivant, je lai trouvée assise sur la véranda, pelant de grosses pommes rouges. À côté delle, allongé sur la marche en bois, le même chiot reposait, le museau en lair.

«Patte, viens accueillir notre invité!», lança Madeleine en riant. Le petit chien bondit, la queue frétillante, et se précipita vers moi. Son pelage, maintenant luisant et ondulé, scintillait sous le soleil dété.

«Madame Madeleine, estce vraiment le même Patte tout ébouriffé de notre cour?», aije demandé, étonné. Elle a hoché la tête avec un sourire : «Oui, cest bien lui! Il est devenu une vraie petite beauté. Entrez, prenez le thé, et racontezmoi toutes les nouvelles de la ville!»

Nous nous sommes attablés longtemps, partageant du thé aux cerises et bavardant de tout et de rien. Patte, après avoir savouré son petit bol de bouillie, sest roulé en boule près du poêle chaud, ronflant doucement comme sil rêvait dun autre jardin. Dehors, une brise légère faisait tanguer les branches du pommier et de grosses pommes rouges tombaient lentement sur lherbe, comme un rappel silencieux du temps qui passe.

Je repense à ces moments chaque soir, et je me demande combien de petites joies simples se cachent derrière les gestes les plus anodins.

Fin du jour.

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Chaque jour, une dame âgée s’aventure dans la cour de notre immeuble. Elle a près de quatre-vingts ans et arbore toujours une tenue soignée et élégante.
Il a épousé une millionnaire pour son argent… mais au tout dernier moment, il a changé d’avis. Pourquoi ?