Ce n’est pas une simple escapade, Victoria. Je mène une vie double depuis dix-sept ans, avoua Damien en jouant nerveusement avec un stylo sur son bureau.

Je suis Mathieu Laurent, directeur dans une grande société parisienne, et cela fait dixsept ans que je mène une double vie, comme je le confiai en faisant tourner nerveusement mon crayon sur le bureau.
«Ce nest pas une plaisanterie, Camille,» répliqua Camille, perdue, quand je lui annonçai ce que je disais.

Depuis plusieurs semaines, elle sentait que quelque chose clochait dans notre couple. Jétais constamment absorbé par mes déplacements professionnels, les réunions interminables, le stress du travail. Mais une fille? Doù venaitelle?
«Cest sérieux. Cest ma réalité, et désormais la nôtre,» insistaje.

Je me levai et mapprochai lentement de la fenêtre.

«Quoi? Nous sommes mariés depuis vingtsix ans, nous avons deux fils adultes qui étudient à létranger, nous formions une famille modèle. Et maintenant tu me dis que tu as une fille de quinze ans?» sécria Camille, incrédule.

«Exactement, Camille. Et ce nest pas tout,» répondisje.

Elle resta figée, incapable de réagir.

«Elle vient vivre avec nous dès la semaine prochaine. Aucun débat possible, aucune autre option,» déclaraije dun ton sec.

«Tu ne me demandes même pas mon avis; tu mimposes la situation. Si je refuse, je peux partir, cest ça?»

«Ne dramatise pas. Je ne veux pas divorcer. Les choses sont ainsi,» rétorquaije, épuisé.

«Si tu ne changes rien, je pars. Jai même dû interrompre ma pause déjeuner,» rétorqua Camille, glaciale.

«Pars,» disje simplement, sans quitter la fenêtre des yeux.

Elle quitta le bureau en retenant ses émotions, la tête qui tournait.

«Camille Laurent, ça va? Vous voulez de leau?» demanda la secrétaire, inquiète.

«Non, merci. Appelez un taxi, je ne peux pas conduire,» répliquat-elle sèchement.

«Dans cinq minutes, un véhicule vous attendra à lentrée principale,» informa la jeune femme.

Camille, les larmes aux yeux, monta dans lascenseur et composa un numéro.

«Monique, je ne viens pas au bureau aujourdhui. Annule tous mes rendezvous, fais ce quil faut,» dictaitelle.

Vingt minutes plus tard, elle était déjà devant la maison de sa bellemaman, Madeleine.

«Madeleine, tu savais que jai une fille avec une autre femme?» demandat-elle, sèchement.

La vieille dame soupira, hocha la tête.

«Oui, je le sais. Jai rencontré la petite quand elle navait que onze ans. Tu te souviens de mon infarctus? Mathieu avait eu tellement peur que je devais être au courant pour la petitefille,» expliquaelle.

«Tu lappelles déjà petitefille? Bravo!» lança Camille, sarcastique.

«Et que proposestu? Labandonner?» rétorqua Madeleine calmement. «Si javais su il y a quinze ans, jaurais tout fait pour éviter cela. Mais la fillette existe, le sang de Mathieu coule dans ses veines.»

Camille fixa Madeleine, la douleur au creux du cœur.

«Pourquoi ne mastu jamais rien dit?»

«Pour tépargner la peine que tu ressens aujourdhui,» réponditelle doucement.

Camille éclata en sanglots, se jeta dans les bras de Madeleine.

«Tout ira bien, ma fille. Tu es forte.»

Soudain, Camille sécria: «Je ne dois rien à personne! Il a construit une autre vie et maintenant je dois pardonner, accepter?»

«Parle à ton mari, apprends tout,» conseilla Madeleine. «Pour linstant, je ne peux même pas le regarder.»

Une semaine passa. Le silence sinstalla. Un jour, je ramenei la jeune fille, Béatrice, à la maison.

«Entre, ma chère, cest ici que tu vivras désormais. Et voici Camille, ta deuxième maman,» présentaije.

Camille serra les poings, mais força un sourire.

«Enchantée de faire votre connaissance,» ditelle.

Béatrice la regarda, ses yeux bleus reflétant les miens à la perfection.

«Moi aussi. Jespère que nous deviendrons amies,» ajoutaelle.

Béatrice était polie et intelligente. En quelques semaines, jobservai Camille shabituer à elle, mais elle resta distante envers moi.

Quelques jours plus tard, Camille demanda le divorce. Madeleine la soutint.

«Jaurais fait la même chose,» avouatelle.

Béatrice souffrit énormément. Camille décida de parler avec elle.

«Béatrice, sil te plaît, parlons,» ditelle.

La jeune fille sanglota.

«Maman, ne pars pas. Je taime,» imploratelle.

Camille la serra fort.

«Et moi aussi, ma chérie,» réponditelle.

Le lendemain matin, Camille entra dans la chambre de Béatrice.

«Debout. Prenons le petitdéjeuner, puis sortons.»

«Où ça?» demandatelle.

«Cest une surprise,» répliquatelle.

Vingt minutes plus tard, elles marchaient dans la rue.

«Où sommesnous?» sinterrogeatelle.

Camille sarrêta, sourit.

«Nous allons rendre visite à ta maman, acheter des fleurs et la remercier pour tout,» annonçatelle.

Béatrice la serra à nouveau dans ses bras, et je, depuis le trottoir, observais ce petit tableau qui, malgré tout, semblait redonner un souffle despoir à nos vies déchirées.

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Ce n’est pas une simple escapade, Victoria. Je mène une vie double depuis dix-sept ans, avoua Damien en jouant nerveusement avec un stylo sur son bureau.
What’s Happening Now? Where Are You Headed? And Who’s Preparing the Food?