Après le divorce: jai trouvé mon chevalier à larrêt de bus!
Il y a deux ans, ma vie sest renversée. Mon père, Pierre Dupont, est décédé, et je viens de rompre vingt ans de mariage. Sans emploi, jai emménagé dans la vieille maison familiale à SaintÉloi, dans le Loiret, car jai été licenciée de lusine de papier. À quarante ans, je pensais que les bonnes opportunités, tant professionnelles que sentimentales, métaient désormais fermées.
Le sort a continué à me jouer des tours. Le toit, installé par un charpentier du coin, fuyait à chaque averse. Je navais plus la force de couper du bois pour le réparer. Les artisans qui étaient venus remplacer les menuiseries ont laissé le travail à moitié fait ; le vent sinsinuait par de petites fissures. Pour me chauffer, je ramassais des pommes de pin et je brûlais des vieux livres, des romans que javais lus des dizaines de fois, jusquà ce que lélectricité tombe et que le chauffage doive être éteint.
Le propriétaire du bistrot den face, Marcel Lefèvre, a commencé à me lancer des offres «chaleureuses» pour maider à payer les factures. Jétais partagée entre le rire et les larmes: comment faire face à tant dinsultes du destin? Je pensais que le pire était déjà accompli, puis tout a basculé.
Un matin glacial, je suis allée à larrêt de bus du village, seule, les mains dans les poches. Un camion de la SNCF sest arrêté, et un homme est descendu. Ses cheveux étaient en désordre, son blouson de travail était taché de poussière ; cest Antoine Martin, couvreur du voisinage. Il ma demandé si javais besoin dun coup de main. Jai admis que oui, mais que je navais rien à lui offrir.
Il a simplement répondu: «Quand jaurai besoin dun sou, je te dirai où me payer». Sans attendre, il a escaladé le toit, a réparé la gouttière, le robinet qui fuyait, le compteur deau, la clôture, les marches et même les fenêtres qui grinçaient.
Une nuit, alors que le vent hurlait comme un loup dans les champs, jai trouvé dans le salon un feu crépitant, entouré dune petite tasse de tisane aux herbes. Le parfum réchauffait mon cou gelé et mes pieds engourdis comme par miracle. Cest alors que jai compris que mon sauveur était arrivé, humble mais dune efficacité redoutable.
Je ne prononce jamais son nom complet, de peur de le froisser; le village est petit, tout le monde le connaît déjà. Mais aujourdhui, la maison et le jardin portent la marque de ses mains dhomme. Sous son regard, le foyer est devenu un havre de chaleur, et mon cœur, bien que heureux, tremble à lidée de le perdre.
Je reste là, à regarder le feu qui crépite, le sourire aux lèvres, le souffle de lhiver contre les vitres, consciente que, grâce à ce «chevalier» des toits, ma vie a retrouvé la lumière.







