Zacharie : Un Voyage Époustouflant au Cœur des Émotions

Salut, mon pote! Laisse-moi te raconter lhistoire de Théo Lefèvre, ce gamin discret qui passait ses journées à regarder par la fenêtre de la classe, comme sil attendait quelquun. Les autres le trouvaient un peu étrange, alors ils ne le cherchaient pas trop, même sils ne le taquinaient jamais.

Théo vivait avec sa mamie, Madeleine, dans un petit appartement du 19ᵉ arrondissement de Paris. Ses parents nétaient jamais arrivés: sa mère est décédée quand il était tout petit, et son père il ne le connaissait même pas. Madeleine disait toujours quil sétait perdu quelque part dans la vie, et après ça, rien de plus.

Chaque matin, Madeleine laccompagnait à lécole, puis le récupérait le soir à la porte du lycée. Elle était petite, marchait lentement, mais tenait toujours la main de Théo très fort. Quand elle tombait malade, il devait y aller tout seul, et il restait encore plus longtemps collé à la vitre, espérant apercevoir un visage familier.

Un jour, pendant la récré, un nouveau copain, Mathis Dubois, sest approché. Cétait un petit roux avec des taches de rousseur.

«Tu fais quoi là, comme un hibou?» a lancé Mathis en sasseyant à côté.

Théo a haussé les épaules.

«Rien. Juste comme ça.»

«Moi, jaime pas rester sans rien faire,» a sorti Mathis un morceau de chocolat noir plié en deux. «Tiens, garde.»

Théo a été surpris, mais il a accepté. Il navait jamais eu quelquun qui partageait avec lui.

«Merci.»

«Pas de souci,» a haussé Mathis la main. «Mon père travaille dans une chocolaterie, alors jai toujours du chocolat à revendre » il a écarté les bras comme sil voulait dire «un océan». «Tu vois?»

Théo a esquissé un sourire.

Depuis ce jour, ils sont devenus potes. Mathis était bruyant, toujours plein didées, et Théo lécoutait, riait. Après les cours, ils se baladaient, parfois allaient chez Mathis. Son père, grand et très jovial, les servait de croque-monsieur chauds et racontait des anecdotes hilarantes.

Théo se disait souvent: «Si seulement javais ça à la maison.»

Un aprèsmidi, Mathis a demandé :

«Et ton père?»

Théo a baissé les yeux.

«Je sais pas. Mamie dit quil sest perdu.»

«Comment?» a froncé les sourcils Mathis.

«Il est parti et nest jamais revenu.»

Mathis sest gratté la tête.

«Bizarre. On devrait le chercher?»

«Où?»

«Demande à mon père, il est malin.»

Le soir même, ils sont allés chez les Dubois. Théo, un peu nerveux, a tout raconté.

«Tu sais,» a commencé le père de Mathis, «parfois les adultes ne savent plus comment revenir. Peutêtre quils ont honte ou quils craignent de ne pas être pardonnés.»

«On peut pas pardonner?» a demandé Théo.

«Oui, on peut, mais si on le veut vraiment»

Il a sorti un petit carnet.

«Jai un ami dans la police, il fait des recherches. Si ton père apparaît quelque part, on pourra le retrouver.»

Théo a serré les poings.

«Vraiment?»

«Oui. Donne-moi son nom, tout ce que tu sais.»

Théo a donné le prénom, le nom de famille, la ville où il était né. Il allait demander lanniversaire à mamie. Le père de Mathis a noté.

«Ne tattends pas à ce que ce soit rapide. Les recherches prennent du temps.»

Les semaines ont passé, puis dautres, puis dautres encore. Théo commençait à perdre espoir.

Puis, un jour, en rentrant de lécole, près de limmeuble, un grand homme fumait et jetait des coups dœil à sa montre. Théo sest figé. Lhomme a levé la tête, leurs regards se sont croisés.

«Théo?» a murmuré lhomme.

Théo na rien répondu, la peur la envahi.

«Je je suis ton père,» a dit lhomme en avançant dun pas, mais Théo a reculé.

«Mamie est à la maison?»

«Oui»

«Alors on y va ensemble?»

Théo a hoché la tête. Ils sont montés. Mamie a ouvert la porte, a vu lhomme et a éclaté en sanglots.

«Enfin!»

Le soir, autour de la table, le père a raconté ses années dabsence, ses regrets, ses tentatives de recommencer à zéro.

«Je ne savais pas comment revenir, javais honte. Jusquà ce que la police me contacte.»

Théo est resté silencieux, puis a demandé :

«Tu restes?»

Le père la regardé et a hoché.

«Si tu veux bien.»

«Je le veux,» a chuchoté Théo.

Il a baissé les yeux, puis sest jeté dans les bras du père.

«Reste!» a soufflé Théo, serrant la veste de son père. «Ne te perds plus jamais, daccord?»

Le père la serré fort, assez fort pour faire grincer la chaise.

«Je promets,» a dit sa voix tremblante. «Je ne partirai plus.»

Mamie a essuyé ses larmes avec son torchon et a posé sur la table une quiche aux poireaux, le plat préféré du père.

«Mange, mon chéri,» a-t-elle dit. «Fait maison.»

Pendant le dîner, Théo observait son père en douce. Il nétait pas le superhéros quil imaginait, juste un homme fatigué, avec des rides autour des yeux. Quand il souriait, ces rides se transformaient en petites routes amusantes et des étincelles de joie brillaient dans son regard.

Avant de se coucher, le père est entré dans sa chambre.

«Je peux lire un peu?» a-t-il demandé, en pointant le livre sur la table de chevet.

Théo a fait signe daccord et sest déplacé.

La voix du père était chaude, un peu rauque, exactement comme dans les rêves denfant de Théo. Il lisait, et Théo pensait quil sendormirait plus vite. Mais il navait aucune envie de dormir, il voulait juste rester là, écouter.

«Papa,» a interrompu Théo au moment le plus captivant. «Demain on va se balader?»

Le père a fermé le livre.

«Bien sûr. Où tu veux aller?»

«Au parc. Les manèges» Théo a bafouillé. «Je ny suis jamais monté.»

«Alors demain, ce sera la première fois,» a souri le père. «Cest un rendezvous.»

Il a caressé la tête de son fils, a éteint la lumière et a entrouvert la porte, comme le faisait toujours Mamie.

Le lendemain, Théo a couru à lécole, le premier à chercher Mathis.

«Il est arrivé!» a crié Théo. «Ton père nous a aidés!»

Mathis a ri, la serré.

«Évidemment!Comment auraitil pu ne pas le faire?»

Depuis, Théo ne regarde plus la fenêtre pendant les cours. Il sait maintenant quon lattend.

Le soir, quand son père laidait à faire ses devoirs, Théo a remarqué le crayon tourner dans les mains du père.

«Quelque chose ne va pas?» a demandé le garçon.

Le père a soupiré :

«Je pense à tout le temps perdu. À tes premiers pas, à tes premières lettres, à ton entrée à lécole»

Théo a froncé les sourcils, puis a sauté pour apporter un album photo.

«Voilà! Mamie a tout gardé. Tu peux regarder.»

Ils ont feuilleté les pages, le père riait des clichés ridicules, puis, soudain, il a enlacé son fils :

«Merci de mavoir donné une deuxième chance.»

«Tu avais promis de ne plus disparaître,» a dit Théo sérieusement. «Alors ça, cest parfait.»

Dehors, les réverbères sallumaient, la cuisine sentait la quiche de Mamie, et les cahiers incomplets gisaient sur la table. Mais aucune de ces choses comptait vraiment. Lessentiel, cest quils sont enfin ensemble, et plus personne ne senfuira.

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