Notre père vit aussi dans une autre maison», a dit mon fils, et j’ai compris que ses «missions professionnelles» n’étaient que mensonges

Oh là là, écoute cette histoire…

*»Notre papa vit aussi dans une autre maison»*, dit le petit garçon, et là, jai compris que ses *»déplacements professionnels»* étaient un mensonge.

*»Mais cest pas possible, je veux pas mettre cette robe !»* Camille trépignait de colère, les bras croisés. *»Elle gratte et le col est moche !»*

*»Ma chérie, on la choisie exprès pour lanniversaire de Mamie»*, essayait de raisonner Élodie, même si, intérieurement, elle bouillait. *»Elle sera triste si tu viens en jean.»*

*»Et alors ? Jai dix ans, je décide de ce que je porte !»*

Élodie ferma les yeux, compta lentement jusquà cinq. La crise de sa fille était la dernière chose dont elle avait besoin aujourdhui. Déjà une journée éprouvante : le rush au bureau, les courses, la préparation du gâteau danniversaire pour sa belle-mère Et Théo, comme dhabitude, en *»déplacement»* alors quelle aurait eu besoin de son soutien.

*»Camille, écoute»* commença-t-elle, mais Hugo, six ans, débarqua dans la pièce, une petite voiture à la main.

*»Maman, regarde ce que jai dessiné !»* Il lui tendit une feuille froissée. *»Cest notre famille !»*

Élodie y jeta un coup dœil : des bonhommes souriants elle, Camille avec ses couettes, Hugo et Théo, dessiné deux fois, à chaque bout de la feuille.

*»Cest très joli, mon cœur»*, dit-elle distraitement. *»Pourquoi papa est là deux fois ?»*

*»Cest pas deux fois»*, répondit-il, comme si cétait évident. *»Cest papa dans notre maison et papa dans lautre maison où il habite parfois.»*

Un frisson glacé parcourut le dos dÉlodie. Elle examina le dessin : deux silhouettes de Théo, lune près deux, lautre à côté dune autre maison esquissée.

*»Quelle autre maison, Hugo ?»* demanda-t-elle, dune voix quelle voulait neutre.

*»Ben, celle avec les fleurs à la fenêtre et le chat»*, haussa-t-il les épaules. *»Il my a emmené quand tu travaillais. Cest un secret, il a dit de ne pas te le dire.»*

Camille, oubliant sa robe, ouvrit des yeux ronds. *»Hugo, arrête de raconter nimporte quoi ! Papa est en déplacement, pas dans une autre maison !»*

*»Cest vrai !»* bouderait-il. *»On a regardé des dessins animés et mangé une pizza. Et tatie Chloé nous a fait du chocolat chaud.»*

*»Qui ça, tatie Chloé ?»* La pièce sembla vaciller sous les pieds dÉlodie.

*»La copine de papa, elle vit là-bas»*, dit Hugo, déjà retourné à sa voiture. *»Je peux aller regarder la télé ?»*

Élodie hocha la tête, incapable de parler. Camille fixait tour à tour son frère et sa mère, effrayée.

*»Maman, il doit confondre»*

*»Va dans ta chambre, Camille»*, linterrompit Élodie doucement. *»Et la robe, on sen fiche. Mets ce que tu veux.»*

Une fois seule, Élodie saffaissa sur le canapé. Les pensées sembrouillaient, son cœur battait à tout rompre. Théo, *son* Théo, dont les *»déplacements»* avaient lieu toutes les deux semaines ? Celui qui ramenait toujours des souvenirs *»dautres villes»* ?

Elle se souvint des premiers doutes, six mois plus tôt. Ses retards, ces déplacements plus fréquents Un jour, elle avait trouvé un ticket de café de *leur* ville, daté dun jour où il était censé être à Lyon. *»Je suis rentré plus tôt, je ne voulais pas vous déranger»*, avait-il expliqué.

Elle avait cru. Ou fait semblant.

Elle se leva, fouilla le tiroir des factures celles que Théo gérait dhabitude. Et là, sous ses yeux : une facture pour un appartement dans le 11e arrondissement. Au nom de Théo Laurent. *Son* mari.

Le téléphone vibra. Un message de Théo : *»Tout va bien ? Je compte les jours avant de rentrer. Bisous.»*

Elle fixa lécran, sans savoir quoi répondre. Tout écrire maintenant ? Lappeler ? Ou attendre son retour, et voir sil oserait mentir en face ?

Finalement, elle envoya : *»Tout va bien»*, et reposa le téléphone.

Les deux jours suivants furent un brouillard. Travail, enfants, tâches ménagères mais son esprit revenait sans cesse à cette double vie. Hugo ne reparla plus de *»lautre maison»*, Camille la regardait avec inquiétude.

Elle laissa les enfants aller seuls chez leur grand-mère, prétextant une migraine. Impossible de faire semblant devant la mère de Théo. Savait-elle ?

Le troisième soir, la clé tourna dans la serrure. Élodie était à la cuisine, devant une tasse de thé froid.

*»Je suis là !»* Théo apparut, souriant, un bouquet à la main. *»Tu mas manqué !»*

Il se pencha pour lembrasser, mais elle se recula.

*»Hugo a fait un dessin intéressant»*, dit-elle calmement. *»Notre famille. Avec toi dans deux maisons.»*

Son visage se figea. *»Les enfants inventent des trucs»*

*»Arrête, Théo»*, linterrompit-elle. *»Jai trouvé la facture de lappartement. Et Hugo a parlé de tatie Chloé. Et du chat. Beaucoup de détails pour une invention, non ?»*

Théo posa le bouquet, sassit. *»Élodie, je peux expliquer»*

*»Expliquer quoi ? Que tu vis une double vie ? Que tes déplacements, cétait pour voir une autre femme ? Que tu as emmené notre fils chez ta maîtresse ?»*

*»Cest plus compliqué»* Il passa une main dans ses cheveux. *»Cétait une aventure, au début. Mais Chloé est tombée enceinte»*

*»Quoi ?»* Le sol sembla se dérober. *»Tu as un enfant avec elle ?»*

*»Elle a quatre ans»*, murmura-t-il. *»Léa a quatre ans.»*

Quatre ans. Pendant quelle élevait leurs enfants, faisait la cuisine, lavait ses chemises il avait une autre famille.

*»Pourquoi tu nes pas parti ?»* demanda-t-elle, surprise par son propre calme.

*»Je ne pouvais pas choisir»*, avoua-t-il. *»Je vous aime tous. Cest comme deux mondes»*

*»Je ne comprends pas»*, dit-elle froidement. *»Je ne comprends pas comment on peut mentir pendant des années.»*

Il baissa la tête. *»Je ne voulais pas vous perdre.»*

*»Cest déjà fait»*, répondit-elle en se levant. *»Va faire tes valises. Tu peux vivre pleinement dans ton autre vie, maintenant.»*

Quand la porte se referma, Élodie seffondra contre le mur, laissant enfin couler ses larmes. Une douleur mais aussi un soulagement étrange. Plus besoin de faire semblant.

Le lendemain matin, Hugo grimpa dans son lit. *»Maman, où est papa ? Il devait rentrer hier.»*

*»Il est parti, mon cœur»*, murmura-t-elle en lenlaçant. *»Il viendra te voir aujourdhui.»*

*»Il est fâché à cause de mon dessin ?»*

*»Non, tu nas rien fait de mal»*, le rassura-t-elle. *»Tu as dit la vérité, et cest bien.»*

Camille apparut dans lembrasure. *»Il est parti pour de bon ?»*

*»Il viendra vous voir»*, dit Élodie. *»Mais il ne vivra plus avec nous. Il a une autre famille.»*

*»Je savais»*, murmura Camille. *»Javais vu une photo sur son téléphone. Une dame avec une petite fille. Il avait dit que cétait sa cousine.»*

Élodie serra ses enfants contre elle. Ça serait dur. Mais elle sen sortirait.

*»Maman, on va y arriver sans papa ?»* demanda Camille, comme si elle lisait dans ses pensées.

*»Bien sûr»*, répondit Élodie en lembrassant. *»On est une vraie famille. Sans mensonges.»*

Hugo, insouciant, racontait déjà un rêve où il volait sur un dragon. La vie continuait. Difficile, mais *leur* vie.

Et pour la première fois depuis longtemps, Élodie respirait librement.

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