La Marieuse : L’Art Subtile des Rencontres à la Française

La Marfée
Chez Sylvette Moreau, le cœur sest mis à faire des siennes, alors elle a appelé le médecin à domicile. Pas quelle se sente vraiment mal, mais elle avait terriblement envie de parler à quelquun.

Le médecin qui est arrivée était nouvelle, jamais vue auparavant par Sylvette petite, mince comme un fil, avec des yeux rougis. Elle tenait un sac en papier doù dépassait une baguette de pain.

Entrez donc, invita Sylvette.

La jeune médecin, gênée, posa son sac dans lentrée, enleva ses bottines et suivit Sylvette dans le salon. Sylvette, de toute sa vie, navait jamais vu un médecin se déchapper chez un patient. Ça la tout de suite touchée.

Le cœur ? demanda doucement la médecin en sasseyant près du canapé où Sylvette était allongée.

Oui, cette satanette, confirma Sylvette. Il tape, il tape sans arrêt. Dans les talons, dans les genoux, dans les oreilles, et parfois même à des endroits que je nose pas mentionner

La médecin prit son stéthoscope et écouta le dos, puis la poitrine de Sylvette, fronçant ses sourcils épilés et plissant son petit nez retroussé.

Les genoux, suggéra Sylvette. Ça tape particulièrement fort là, vous pourriez écouter ?

La médecin secoua la tête, refusant poliment.

Arythmie, annonça-t-elle avant déclater en sanglots si bruyants que Sylvette en fut effrayée.

Cest si grave que ça ? sexclama-t-elle, sentant son cœur battre comme un marteau-piqueur.

Non, pas vous moi, sanglota la jeune médecin. Vous, vous prendrez des médicaments et ça ira mieux, mais moi moi

Là, Sylvette fut soulagée. Enfin une occasion de discuter ! Son cœur cessa aussitôt de saffaisser et de battre la chamade.

Un mari qui vous a fait du mal ? demanda-t-elle en reboutonnant son peignoir.

Je nai pas de mari ! pleura encore plus fort la jeune femme. Cest bien ça, le problème

Ah, cest un petit ami qui vous a plaquée, devina Sylvette.

Je vais vous prescrire des médicaments, dit la médecin en essuyant ses larmes avec son peignoir et en sortant une ordonnance froissée de sa poche.

Laissez tomber les médicaments, larrêta Sylvette. Allez, on va plutôt prendre un thé.

Je suis en service, hoqueta la jeune femme en griffonnant quelque chose sur lordonnance.

Moi aussi, répliqua fermement Sylvette en se dirigeant vers la cuisine pour préparer une tisane à la verveine.

La médecin la suivit, lair déprimé, gardant bizarrement le stéthoscope dans les oreilles.

Enlevez-moi ça ! lui ordonna Sylvette en sortant de son frigo de la confiture, des madeleines et des guimauves enrobées de chocolat.

La jeune femme ôta le stéthoscope et se remit à pleurer.

Sylvette la regarda vraiment pour la première fois. Une vraie gamine : des taches de rousseur sur le nez, les mains rouges de froid, et dans les yeux le désespoir absolu.

Allez, racontez-moi tout, ordonna Sylvette en sinstallant à table avec un air réjoui.

Jai noté vos médicaments, sanglota la fille en blouse blanche. Ils sont très bons !

Je men fiche des médicaments ! Parlez-moi plutôt de ce qui vous fait pleurer !

Cest une allergie au froid, mentita-t-elle maladroitement en buvant une gorgée de tisane brûlante.

Sylvette se leva pour vérifier le thermomètre dehors.

Un peu tard pour une allergie au froid, ma petite. On est en plein printemps, il fait dix degrés !

Tard ? sexclama-t-elle en pleurant de plus belle. Alors cest nerveux, cest sûr !

Elle attrapa une guimauve et la fourra entière dans sa bouche.

Pendant quelle ne pouvait pas parler, Sylvette en profita pour lancer :

Bon, cest moi qui fais le diagnostic maintenant. Vous êtes seule, vous avez faim damour, et vous venez de comprendre que soigner les autres ne guérit pas de soi. Mais ce soir, vous avez mangé des guimauves avec une vieille femme qui bat la chamade, et ça, ça compte. Demain, vous reviendrez, avec ou sans stéthoscope. Et on mangera des madeleines.

Оцените статью
La Marieuse : L’Art Subtile des Rencontres à la Française
Je ne peux tout de même pas abandonner mon premier enfant !