Quelqu’un a déterré ses pommes de terre, les secouant, et a récolté la plus grosse…

15novembre2025

Aujourdhui, en me promenant dans le petit hameau de SaintBlaise, jai dû retenir mon souffle. Un voisin avait extrait une grosse pomme de terre du sol, la épluchée et la mise de côté comme le plus gros du lot. Mon cœur a battu la chamade. En continuant mon chemin, jai constaté que les plus gros choux manquaient également ; presque la moitié de la récolte était disparue. Ce découragement ma fait pousser un cri, et jai immédiatement remarqué la palissade brisée, ce même poteau que javais planté au printemps dernier avec tant deffort.

ÉliseAndré, cest moi, et je suis enfin à la retraite, prête à réaliser le rêve qui manime depuis longtemps: acquérir une maison à la campagne pour y vivre paisiblement. Jai choisi SaintBlaise, un village pittoresque à deux pas de la ville, où le silence et la nature offrent un véritable havre de paix. Tout sest aligné lorsque jai trouvé la petite bâtisse solide au bord du hameau, avec son jardin à la lisière du bois et le champ qui sétend à perte de vue. La vue, entre les collines verdoyantes et la forêt dense, ma enchantée dès le premier instant.

Chaque soir, je déambule le long du sentier doux qui mène au bois. Le soleil se couche derrière les cimes de sapins et dépicéas, et les crépuscules sont dune beauté à couper le souffle. Au début du printemps, alors que la terre se dégèle, jai réparé moimême la palissade en treillis et planches qui seffritait.

«Il faudrait une nouvelle clôture, Élise,» ma suggéré ma voisine Antoinette, ma compagne dâge. «Laisse celleci tenir encore un peu, et quand elle tombera, on la remplacera par une plus robuste.» Jai roussi les premiers poteaux avec ma petite hache, sans trop men soucier.

Antoinette a souri et a lancé: «Tu es une vraie maîtresse de maison à la française!» Elle a ensuite évoqué le manque dhommes dans le village: certains sont partis avec leurs familles, dautres ont vieilli, et dautres encore sont déjà partis pour lau-delà. Elle a précisé quelle était veuve depuis dix ans. Jai partagé ma propre histoire: je ne suis pas veuve, mais jai divorcé après avoir réalisé que les dernières années avec mon mari nétaient que la responsabilité commune délever notre fille. Une fois quelle a été mariée, il nous est devenu insupportable de rester ensemble.

Nous avons conclu que, même si la cohabitation était difficile, il valait mieux ne pas se tourmenter mutuellement. Antoinette a ajouté quelle installerait une clôture plus solide à lautomne.

Tout le printemps et lété ont été consacrés aux travaux du jardin et aux balades en forêt. «Je nai jamais passé autant de temps à lair libre,» me suisje dit, respirant lair pur qui séchappait des aulnes et des épicéas, où lon cueillait toujours des cèpes, même les plus petits, et où les myrtilles et les fraises abondaient en été.

Antoinette, toujours enthousiaste, a observé: «Cest merveilleux de voir les gens heureux de leur déménagement.»

Lautomne a apporté les gros choux qui sétaient installés en rangées, des pommes de terre qui commençaient à former leurs tubercules, et une récolte abondante. Jai creusé dans le champ pour profiter des légumes savoureux, mais la faim nen était pas comblée.

«Antoinette, je pars en ville quelques jours,» aije annoncé, «nous avons un rassemblement danciens camarades de classe pour fêter lanniversaire de notre chère Sophie, lâme de notre promotion.» Elle a fait un signe de la main en acquiesçant.

Le soir du rassemblement, jai vanté les mérites de mon village, montré des photos de ma nouvelle maison et décrit la généreuse récolte à mon ami denfance Valère. «Ce champ a été laissé au repos pendant deux ans,» lui aije expliqué, «lan prochain je louerai une machine pour fertiliser les parcelles.»

Valère ma conseillé de rester prudente, mais il a offert son aide, promettant de venir si besoin. Nous avions autrefois été proches au lycée, même avec une petite attirance, mais les chemins de létudes nous avaient séparés.

Aujourdhui, Valère, veuf mais ne voulant plus sengager, partageait avec moi cette liberté qui rendait nos échanges simples et sincères, comme entre vieux amis. Ce soir-là, il ma raccompagnée jusquà la porte, et nous avons papoté jusquà tard dans la nuit.

«Il est tard, il faut que tu rentres,» aije remarqué en regardant ma montre. «Je pars à laube pour le village, prends un taxi, cest mieux.»

Le lendemain, je suis arrivée en bus, marchant sur lherbe encore rosée, respirant lair campagnard au chant des coqs. Jai pénétré dans ma modeste demeure, bu mon thé, revêtu mon bleu de travail pour inspecter le jardin et préparer ma journée.

Aux alentours de neuf heures, je suis allée prendre le thé chez Antoinette. En entrant, jai vu les rangées de pommes de terre éparpillées, des tubercules éparpillés ici et là. Jai senti lurgence dune présence qui arrachait les récoltes.

«Quelque chose sest passé, Élise?» ma demandé Antoinette, sortant la tête de la fenêtre. Jai éclaté en sanglots: «On vient de piller mon jardin, quallonsnous faire?»

Antoinette a enfilé son manteau et est sortie en trombe. Ensemble, nous avons découvert que des voleurs à vélo, venus silencieusement de lautre côté de la clôture, avaient brisé le poteau, plié le treillis, pénétré dans le potager et emporté tout ce quils pouvaient, laissant derrière eux les petites pommes de terre inutiles et emportant les plus gros choux dans des sacs.

«Ce nest pas la première fois que cela arrive,» a commenté Antoinette, «dans les jardins, personne ne prouve la propriété.»

Je me suis assise sur le perron, le cœur lourd, pensant à ma joie naïve. Antoinette, tout en essuyant mes larmes, ma rassurée: «Ne te décourage pas. Nous allons réparer la clôture.»

Le menuisier du voisin, Monsieur JeanBaptiste, est arrivé avant le déjeuner, a installé un nouveau poteau solide et a rebouché louverture avec de vieilles planches robustes. Il a ajouté: «Un verrou suspendu sur la porte dentrée et un chien de petite taille, mais qui aboie fort, décourageront les intrus.»

Nous avons ri de cette petite cérémonie de décompte: une nouvelle clôture, un verrou, un chien, un garde et un dernier conseil. Jai essuyé mes yeux, sentant que la perte des pommes de terre et des choux était moins douloureuse que la perte de mon travail acharné.

Antoinette ma offert autant de choux que je le voulais, et nous sommes allées déjeuner ensemble. Après le repas, jai partagé les détails de ma réunion en ville et jai planifié de renforcer la sécurité du potager dès que la récolte serait prête.

Une semaine plus tard, Valère est revenu à la ville, ma aidée à acheter un verrou pour la porte et nous avons cherché les prix du matériel pour une nouvelle clôture. «Je taiderai, ne refuse pas,» a-t-il déclaré, «nous irons au village ensemble et je resterai quelque temps pour examiner ton exploitation.»

Je lai remerciée, et il a même embrassé ma main, un geste qui a fait sourire les habitants du hameau. Le menuisier a apporté un chiot nommé «Baron» de sa chienne Julie. Le petit animal, aussi doux quune peluche, a été installé dans un abri près du jardin, prêt à veiller sur nous.

Lors dun goûter avec Antoinette et JeanBaptiste, nous avons discuté de létat du nouveau gardien, de ma possible installation permanente de Valère, et de la façon dont la vie sécoulait doucement dans notre coin de France. Aucun de nous ne voulait que le village, ou même la ville, ne les éloigne de leur nouveau bonheur.

Aujourdhui, je regarde le crépuscule sétirer sur les champs, le vent qui fait bruisser les feuilles, et le petit Baron qui court derrière les corbeaux le long du chemin. Cette vie, pleine de petites batailles et de grandes joies, devient peu à peu mon éternel cocon.

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