Les prétendants se présentent chez nous, et je leur fais un clin d’œil en suggérant qu’ils pourraient reprendre notre fille avec les enfants, mais ils se mettent à gesticuler!

Cher journal,

Ce matin, les bellesparents sont venus frapper à notre porte. Jai laissé entendre que nous pourrions les aider à récupérer leur fille avec les enfants, mais ils ont agité les bras comme pour dire « non, tant pis ». Jai entendu les portails se fermer derrière la bellefille, mais je ne men suis pas souciée ; elle aime bien se promener seule, sans les petits. Avec mon mari, nous nous sommes habitués à nourrir, divertir et parfois même coucher nos petitsenfants, car les jeunes adultes sont souvent occupés ou en repos.

Hier soir, pourtant, elle nest pas rentrée pour la nuit et jai senti un frisson dinquiétude monter en moi.

Pierre, où est Manon ? Je narrive pas à la joindre !
Maman, tout va bien, elle est partie se reposer.
Mais il se fait tard, elle aurait déjà dû revenir.
Maman, elle est partie à la montagne avec des amies.

Pierre restait calme, mais mon cœur battait la chamade. Comment pouvaitelle ne pas me dire le moindre mot ? Ce silence était si lourd.

Puis une autre prise de conscience sest imposée, mempêchant de trouver le repos. Quand mon fils sest marié avec Manon, ils navaient que vingt ans. Henri a emménagé chez Aline, car ils se voyaient comme deux solitaires cherchant à sunir, mais ils souhaitaient quand même que le mari revienne sous le même toit. Je ny voyais aucun problème.

Ils ont eu un premier enfant, puis un deuxième. Cest à ce moment que tout a commencé. Pierre ramenait les petitsenfants en poussette, puis soccupait de ses propres affaires. Le soir, Aline arrivait, Pierre restait, et après le souper tous se retrouvaient chez nous, puis rentraient chez Aline.

Pour moi, jouer avec les petitsenfants était une joie, car ils ne venaient pas souvent. Aline habitait à lautre bout du hameau ; on ne pouvait pas arriver à la volée. Mais quand ils arrivaient, cétait un vrai bonheur. Peu à peu, les enfants venaient plus souvent, parfois même pour passer la nuit lorsquil pleuvait ou neigait. Mon mari et moi nen pouvions que nous réjouir.

Je faisais tout mon possible pour que les enfants aient à manger, je les promenais afin que les jeunes puissent dormir laprèsmidi, je les aidais à se laver, à faire la lessive. Un jour, les enfants ont annoncé quils allaient emménager chez nous. Jai senti le goût de la victoire : je suis la meilleure grandmère, la meilleure mère, ils lont reconnu.

Mon mari travaille toujours, parfois même dans dautres régions de la France, mais il gagne bien. Moi, je moccupe de la maison. Faire la cuisine, nettoyer, gérer le petit élevage de poules que nous avons, tout cela ne me pose aucun problème.

Cependant, avec lâge, je commence à ressentir la fatigue. Les enfants ne mangent pas la même chose, je dois préparer des plats séparés, et Aline a souvent des occupations qui la laissent avec les enfants à ma charge. Comment lui faire des remarques ? Ce nest pas ma fille, alors je dis à Henri quils pourraient au moins laver leur vaisselle et ranger, parce que je suis épuisée.

Maman, Aline attend encore un bébé, elle ne peut pas entrer dans votre cuisine, il y a trop dodeur. Elle nosait pas vous le dire, mais vous pourriez au moins faire un peu de ménage, sinon elle ne pourra même pas rester une minute.

Ces mots mont glacé le sang. Un autre enfant ? Nous ne dormons déjà plus, le petitenfant aîné se lève dès laube et regarde la télévision dans notre chambre, restant jusquau petit matin. Aline, quant à elle, ne fait que nourrir le plus petit, le faire dormir, et David reste à la maison.

Pierre, les enfants doivent rester près de vous.
Maman, il nous faut des meubles nouveaux, il ny a plus de place. Peutêtre pourriezvous vous installer dans la cuisine et nous transformer votre chambre en chambre denfant ?

Je les ai regardés dun œil incrédule. Notre maison ne comporte que deux pièces, un cellier, un couloir et une petite cuisine.

Pierre, comment allonsnous nous loger ? Le canapé est déjà déplié, il ny a plus dendroit où poser le pied.

Alors ne pleurez pas si David sendort chez vous.

Et voilà que le lit du petitenfant a fini par sinstaller dans notre chambre. Il se réveille, court chez les parents, ils le ramènent, et toute la nuit ce vaetviens me tient éveillée ; le matin, jai la tête comme une pierre.

Les bellesparents sont revenus, et je leur ai suggéré de reprendre leur fille avec les enfants, mais ils ont simplement agité les bras :

Ils ont vécu cinq ans avec nous, mais avec vous seulement un an, alors ne comptez pas sur nous.

Je réalise encore une fois que les choses ne sont pas comme elles devraient lêtre, mais où vaisje me réfugier ?

La bellefille ne nous aidait même pas quand il ny avait pas de troisième enfant ; elle trouvait toujours une excuse, soit elle gardait les enfants, soit elle partait se promener, alors quen réalité tout le monde était sur son téléphone pendant que nous travaillions au potager.

Aujourdhui, on ne peut plus la faire fléchir, ni la prendre dans les bras, ni la laisser cuisiner, car elle réagit à tout. Elle a finalement pris la route, ne répond plus au téléphone, ne dit rien à personne sauf à mon mari. Nous sommes inquiets, les enfants sinquiètent pour leur mère, elle ne rappelle pas, elle se repose.

Pierre, à qui atelle confié les enfants ?
À moi.
Ah, à toi, je vois, répondsmoi, je sens déjà les larmes monter, alors nourrisles et metsles au lit.

Pierre ne sait pas ce que les enfants aiment ni comment ils sendorment, et je dis à mon mari :

Cest la fin de ma patience, je ne bougerai plus dun doigt.

Nous avons passé la nuit dans la cuisine, pour ne pas déranger le fils. Le matin, il était irritable, mais je faisais semblant de ne rien remarquer. Les enfants voulaient du pain grillé ou du poulet, alors je lui ai pointé le réfrigérateur :

Tout est là, cuisine, maintenant que tu joues le rôle de la femme.

Pendant deux jours, Henri a appelé Aline pour quelle revienne, car il ne tenait plus le coup. Elle est arrivée, mais avec un enthousiasme débordant.

Jai dû venir de loin pour vous aider. Vous ne savez pas faire cuire des œufs ou des pâtes ?

Elle parlait à haute voix, assez fort pour que mon mari et moi lentendions. Elle sest jetée dans la cuisine, faisant claquer les casseroles, alors que le frigo était vide.

Où sont les provisions ?
Les provisions que vous avez achetées ? aije demandé.
Vous me privez dœufs ? De pommes de terre ?
Non, je ne vous prive pas. Allez chercher les poules, récupérez les œufs, allez au supermarché et remplissez le frigo.

Elle a alors pris les enfants par la main, les a conduits chez leur mère, affirmant quelle ne reviendrait plus chez nous. Le fils était furieux, disant que les beauxparents étaient maltraités. Mon mari et moi nous sommes tenus la main, solidaires.

Pendant tout ce temps, les enfants ne se sont jamais demandé comment ils pouvaient vivre, ne nous ont jamais remerciés pour les repas, nont jamais acheté ce quils aimaient.

Tout cela, cest nous qui lavons fait, et cest ce que nous avons reçu en retour ?

Je me gratte la tête, me demandant pourquoi ma gentillesse a reçu une telle réponse. Jai tout fait par amour, alors pourquoi se sontils comportés ainsi ? Que pensezvous de tout cela ?

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Les prétendants se présentent chez nous, et je leur fais un clin d’œil en suggérant qu’ils pourraient reprendre notre fille avec les enfants, mais ils se mettent à gesticuler!
Svetlana peine à rejoindre le cabinet médical du quartier.