La Robe de Mariée : Un Voyage Éblouissant au Cœur de l’Amour et de la Mode en France

Cher journal,

Aujourdhui, alors que le placard de notre nouvelle demeure déborde au point de craquer sous le poids des vêtements, Marjolaine a juré de faire le tri: jeter le vieux, donner ou vendre le superflu (voir mon précédent récit «Le sacrifice de la mode»). Elle sest donc installée pendant plus dune heure au milieu de la penderie, déplaçant les habits dun cintre à lautre, justifiant chaque pièce: «Celui-ci pourra servir pour une promenade avec le caniche, celui-là pour un bal caritatif».

Le tas destiné à la poubelle était si maigre quon aurait pu croire que chaque vêtement était indispensable, presque un proche. Puis, du fond du placard, un présentoir en tissu sest révélé.

Questce que cest? sest-elle interrogée, fronçant les sourcils. Ah! Cest mon robe de mariée!

Pas ce tailleur bleu à la Chanel, que javais porté lors de notre seconde cérémonie à la mairie, mais la robe de son tout premier mariage: celle qui la suivie à travers les océans et les années, comme une relique dune autre vie.

Marjolaine sétait mariée pour la première fois à vingtetun ans; à lépoque, presque adolescente selon nos standards modernes, mais déjà presque une vieille demoiselle selon les mœurs de lépoque. Elle avait commencé à sentir les regards étonnés et jugeants des connaissances, les sympathies de ses amies mariées, et linquiétude de sa mère et de sa grandmère.

Puis est arrivé le prétendant: un garçon de bonne famille, presque autonome, un an plus âgé, sur le point dobtenir son diplôme à lUniversité de Lyon. Elle a accepté. Il était charmant, amoureux, il me plaisait, ses parents ont donné leur accord. Quattendaiton de plus pour le bonheur? Des passions déchaînées?

Mon père disait que les passions nétaient que des inventions dauteurs pour pouvoir écrire, que la famille se construit pour la vie, pas pour les romans. Nous avons choisi une cérémonie modeste, dans un petit café de la rue Montorgueil, sans limousines (et dailleurs, où les trouver?).

Lorsque les tenues sont arrivées, les péripéties ont commencé. Henri a pu acheter son costume grâce à un bon du «Salon du Nouvel époux», jai eu de la chance pour les souliers, mais la robe a fait défaut. À cette époque, les mariées ressemblaient à des meringues: en crêpe, à volants et à nœuds aussi gros que les hélices dun petit avion. Cétait attendrissant, un peu cocasse, sincère et beau, mais je nen rêvais pas. Pas de voile jusquau sol, pas de traîne qui fouette les pavés parisiens.

Marjolaine désirait une robe unique: exceptionnelle et fonctionnelle, non seulement pour le jour J, mais aussi pour la vie quotidienne. La couturière de ma mère a proposé un modèle en batiste blanc à petits pois bleus, avec un corset. Marjolaine a hésité: elle était légèrement enceinte, à peine après le dépôt de notre dossier à la mairie. Le corset strict et les nausées matinales ne faisaient pas bon ménage, alors elle sest retirée, marmonnant à propos des pois.

Nos grandsparents, venus dIsraël, ont entendu la nouvelle du mariage et ont décidé doffrir la robe. Marjolaine a attendu le colis avec excitation, crainte et joie. Quand elle la enfin ouvert, elle nen croyait pas ses yeux: une robe simple mais raffinée, à la façon des années vingt, tissu doux, coupe fluide, plis horizontaux à la taille, jupe légèrement audessus du genou. Aucun dentelle, aucune paillettes seulement un voile léger et de fines gants qui conféraient une modestie noble.

Le marié a exigé le voile, voulant que tout soit «authentique». Il la même enlevé pour la porter, soulevant la mariée dans ses bras jusquau sixième étage dun immeuble. Puis, sans aucune romance supplémentaire, épuisés et trempés de sueur, ils se sont effondrés sur le lit et se sont endormis immédiatement. Il était déjà sept heures et demie lorsquils ont dû se précipiter vers laéroport pour le vol à destination de la Géorgie, leur lune de miel.

Trois ans plus tard, la jeune famille a émigré aux États-Unis. La robe, naturellement, a voyagé avec eux. Elle na jamais été portée à nouveau, si ce nest que deux amies lont empruntée pour de petites occasions, suscitant lenvie de leurs voisines.

Lorsque le mariage sest délitéré, Marjolaine, de retour en Europe, a de nouveau rangé la robe dans sa valise, «au cas où». Des décennies plus tard, elle se tenait au milieu du placard et pensa: «Il faut la vendre.» Elle a photographié la pièce, rédigé une brève description et la mise en ligne sur Leboncoin, le site français où lon trouve de tout, du moulin à café au hamster. Prix: 98, assez pour ne pas effrayer mais pour montrer que ce nest pas bon marché.

À sa grande surprise, la robe sest vendue le jour même. Lacheteuse était locale; elles ont convenu de se retrouver dans un café du centre, afin déviter les frais denvoi. Marjolaine, déjà installée avec un cappuccino et un croissant, a vu arriver, à toute vitesse, une jeune femme de vingtsept ans, aux cheveux châtains et aux yeux bleus.

Oh mon dieu, cest moi quand jétais jeune! a pensé Marjolaine.

La demoiselle a examiné la robe, la admirée, la faisait tournoyer entre ses mains et a parlé sans sarrêter: «Je viens de Pologne, je termine mes études de pharmacologie, mon futur époux est espagnol, il travaille encore et étudie.»

Nous navons personne pour nous aider, et ce nest pas nécessaire,» a-t-elle déclaré avec assurance. «Nous réussirons par nous-mêmes. Nous voulons un mariage à la Gatsby, pour nos amis, festif. Votre robe est tout simplement merveilleuse, elle est parfaite!»

Marjolaine a souri: «Alors tant mieux. Je suis heureuse davoir pu aider. Pas besoin dargent, prendsla.» Elle a essuyé une larme et sest dit que, peutêtre, cette robe apporterait au jeune couple le vrai bonheur. Quant à moi, en y réfléchissant, ma vie na pas été si mal: lamour, deux fils remarquables, des voyages, des rires. Tout na pas été instantané, ni comme au cinéma.

La jeune femme est partie, tandis que la pluie fine, telle un voile, battait contre la vitre. Marjolaine a contemplé la rue et a compris que le bonheur se décline en mille formes. Parfois, il ressemble à une robe: pas neuve, mais familière. Limportant, cest quelle nous aille enfin, au moins une fois dans la vie.

Je remuerai mon cappuccino refroidi, un sourire aux lèvres, et je me dis: «Il faut vraiment fouiller le placard; il reste encore bien des trésors.»

Leçon du jour: les objets que lon croit inutiles peuvent devenir les plus précieux lorsquils trouvent la bonne main.

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