Lhomme de mes rêves a quitté sa femme pour moi, mais je naurais jamais imaginé comment tout cela allait se terminer.
Je le côtoyais déjà à lUniversité de Strasbourg. On peut dire que cétait un amour inconditionnel naïf et aveugle. Et quand il a enfin porté son attention sur moi, jai perdu la tête. Cela sest produit, pour être honnête, quelques années après lobtention de mon diplôme nous avions fini par travailler dans la même société, à Lille. Après tout, nous avions la même spécialité, ce qui nétait pas du tout étonnant. Mais moi, je pensais que cétait le destin.
Il me semblait quil était lhomme dont javais toujours rêvé. Et à cette époque, cela ne me dérangeait pas du tout quil soit déjà marié. Je navais jamais été mariée auparavant et je ne savais pas ce que cela faisait de voir un mariage seffondrer. Cest pourquoi je ne ressentais aucune honte lorsque JeanMarc Durand a décidé de quitter sa femme pour moi. Qui aurait pu imaginer que cela me causerait tant de douleur? On dit vrai: on ne bâtit pas son bonheur sur le malheur des autres.
Quand il ma choisie, jétais au septième ciel et prête à tout pardonner. Pourtant, dans le quotidien, il nétait pas le prince charmant quil paraissait être en public. Ses affaires traînaient partout dans lappartement, et il refusait catégoriquement de faire la vaisselle. Toutes les corvées reposaient sur mes épaules. Mais à lépoque, cela métait totalement égal.
Il a rapidement oublié son ancien mariage. Ils navaient pas denfants, et il sest avéré que ce furent ses beauxparents qui avaient insisté pour le mariage. Avec moi, tout était censé être différent cest ce quil me répétait.
Mon bonheur a été de courte durée, car tout a changé lorsque je suis tombée enceinte. Au début, JeanMarc était aux anges à lidée davoir un enfant. Nous avons même organisé une grande fête de famille pour fêter la nouvelle. Tout le monde nous souhaitait amour et santé pour le futur bébé.
Cette soirée reste à ce jour lun de mes plus beaux souvenirs, et je ne regrette rien en y repensant. Mais à partir de ce momentlà, mon amour aveugle a commencé à séteindre.
Plus mon ventre grossissait, moins je voyais JeanMarc. Jétais en congé maternité, alors nos rencontres se limitaient à tard dans la nuit. Il restait plus souvent tard au bureau et participait à des soirées dentreprise. Au début, cela ne me dérangeait pas, mais très vite, cela ma épuisée. Les tâches ménagères devenaient de plus en plus pénibles, car je ne pouvais plus simplement attraper ses chaussettes éparpillées.
Je me demandais souvent à ce moment si nous ne nous étions pas précipités avec cet enfant. Je savais que les sentiments saffaiblissaient avec le temps, mais je nimaginais pas que cela arriverait si vite. Il mapportait encore des fleurs et du chocolat, mais je voulais simplement quil soit présent.
Il est vite devenu évident que ses sorties fréquentes nétaient pas anodines. Mes collègues, entre deux cafés, ont évoqué larrivée dune nouvelle jeune recrue dans notre service. Le personnel était déjà en souseffectif, et dès que jai pris mon congé, la situation était critique. Quelle ironie.
Je nétais pas sûre que ce soit elle, mais mon mari avait définitivement quelquun, car il navait plus une minute libre. Soit le travail, soit une réunion, soit une autre soirée dentreprise. Un jour, jai trouvé un petit bout de papier dans la poche de sa veste avec des initiales que je ne reconnaissais pas. Sans savoir pourquoi, je lai rangé et jai fait comme si de rien nétait.
Cétait terrifiant dêtre seule à mon septième mois de grossesse, et pourtant mon époux se plaignait que jétais devenue trop nerveuse. Chaque dispute se terminait par un soupir de déception de sa part. Jai compris que si jévoquais ce sujet, je finirais par être seule. La peur de le perdre était si forte que je narrivais plus à penser à autre chose. On dit que la peur attire ce quon redoute.
Peu importe combien JeanMarc mavait courtisée avec élégance, ce nétait clairement pas un gentleman. Les pires mots que jai entendus furent: «Je ne suis pas prêt à avoir un enfant.» et «Jai quelquun dautre.». Je ne me souviens même plus comment il me la dit, mais à ce moment, jai cru devenir folle.
Je nimaginais pas trouver la force de demander le divorce. Il ne sattendait pas non plus à ce que je ne tolère plus son comportement, ni à ce que, dès le lendemain, je jette toutes ses affaires dehors. Jétais soulagée que nous vivions dans un appartement en location au moins, je navais pas à le partager.
Et lenfant? Que ferastu?
Je trouverai une solution. Je travaillerai à domicile. Et mes parents mont toujours proposé leur aide. Ma mère mavait prévenue quil était un coureur de jupons jaurais dû lécouter.
Cest probablement la responsabilité envers mon futur fils qui ma donné confiance. Seule, je naurais jamais eu le courage de partir. Mais jai compris que je ne voulais pas élever un enfant avec un père comme lui. Sa trahison était si lâche que je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui, comme un voile qui se lève.
Les premiers mois après le divorce, incluant laccouchement, ont été extrêmement durs. Je suis retournée chez mes parents, ce qui les a ravis, surtout mes grandsparents, heureux daccueillir un petitfils. Je ne peux pas dire que JeanMarc ne ma pas manqué, mais jai essayé de ne pas y penser. Au fond, jétais certaine davoir fait le bon choix et de pouvoir offrir à mon fils tout ce dont il a besoin.
Et puis, soudainement, il est réapparu. Il savère que JeanMarc regrette profondément. Il veut rencontrer son fils. Mais estce que je le veux? Peutêtre devraisje vraiment déménager dans une autre ville, loin de tout ce passé?







