“C’est ta mère – donc c’est à toi de jouer !” – Répliqua-t-elle, mais elle en avait vraiment ras-le-bol.

«Cest ta mère donc cest ta responsabilité!», lanceil, mais elle en avait assez. Amandine boucle le manteau de son petit garçon, serre les dents pour ne pas exploser. Aujourdhui, elle doit affronter la pire épreuve de la semaine : la visite chez sa bellemère. Depuis le départ, leurs rapports ont toujours été un champ de bataille.

Germaine Lefèvre na jamais accepté Amandine comme lépouse de son fils. Elle trouve toujours un défaut, toujours une critique à lancer.

Encore une fois, Amandine? soupire Jean en remarquant son air fermé. Tu ne veux pas y aller, pas vrai?

Amandine laisse échapper un rire amer.

Tu me poses vraiment la question? Sérieusement, Jean? Tu sais très bien pourquoi je ne veux pas y aller!

Ses yeux senflamment.

Elle va encore me faire des reproches, me critiquer, me rabaisser! Elle va me dire que je nélève pas notre fils correctement! Et elle sen fiche que je travaille, que je gère toute la maison, que je cuisine, que je fais le ménage et que je paie toutes les factures! Cest moi qui tiens cette famille à bout de bras!

Mais tu es à la maison toute la journée répond Jean, haussant les épaules.

Le regard dAmandine se fait plus sombre.

Ah oui? Tu crois que je reste assise à ne rien faire? Ou que largent tombe du ciel?

Moi aussi je travaille, grogneil. Ce nest pas ma faute si on ne me paie pas plus.

La vérité? Le salaire dAmandine, en tant que designer indépendante, était trois fois plus élevé que celui de Jean. Cest elle qui faisait vivre la famille.

Tu ne peux pas y aller seul? demande-telle, cherchant une issue.

Amandine, cest la Fête des Mères! Tu ne peux pas ignorer ma mère!

Elle retient un soupir et continue dhabiller son fils. Deux heures plus tard, ils sonnent à la porte de Germaine.

Dans le salon, la nièce de Jean, Églantine, est déjà installée. Amandine a remarqué depuis longtemps que Germaine préfère Églantine. Elle la traite comme une reine, tandis quelle à peine voit son propre petitfils. Pas étonnant, Églantine a perdu ses parents il y a cinq ans, et Germaine la élevée comme sa fille.

Autour delles, les sœurs de Germaine rient bruyamment, trinquant avec leurs verres de vin.

Puis, soudain, Germaine lâche une bombe.

Jai pris une décision, annoncetelle solennellement. Je lègue mon appartement à Églantine. Toi, Jean, tu as déjà un foyer.

Jean ne réagit pas, il se contente de hocher la tête.

Quelques jours plus tard, tout est réglé. Lappartement appartient à Églantine, à condition quelle ny emménage quaprès le décès de Germaine.

Mais le destin en a décidé autrement.

Un AVC la foudroie, la paralysant, lempêchant de soccuper dellemême.

On doit sinstaller chez maman, déclare Jean dun ton catégorique. Elle ne peut pas rester seule.

Amandine ressent un frisson glacé. Elle sait ce que ça implique.

Cest elle qui devra la nourrir, lhabiller, la laver tout en continuant à travailler et à soccuper de leur fils.

Elle reste muette.

Les semaines passent, et Amandine nen peut plus.

Jusquau soir où elle explose.

Jean, lappartement de ta mère appartient à Églantine. Ne devraitelle pas soccuper delle?

Églantine est à la fac, Amandine. Et elle a un copain. Tu veux quelle le fasse venir ici?

Amandine rit, un rire sec, glacial, presque fou.

Jean, je nen peux plus!

Il croise les bras.

Oh, je vois. Tu es déjà fatiguée?

Ses mains tremblent de colère.

Je suis en train détouffer! Tout repose sur moi! TOI, ta mère, notre enfant, mon travail JE NE PEUX PLUS!

Mais tu travailles à la maison murmuretil, suffisant.

Le regard dAmandine devient plus tranchant que du verre brisé.

Et alors? Tu crois que je ne travaille pas réellement?

Son cœur bat à tout rompre.

Tu sais quoi? Désormais, cest à TOI de toccuper de ta mère!

Cest ma mère, mais cest aussi ta bellemère! Cest ton rôle! Tu veux que je la lave, peutêtre?!

Un silence de mort.

Puis Amandine, dune voix calme et glacée, déclare :

Je ne te dois rien.

Jean ricane.

Dans ce cas, engage une aidesoignante!

Oh? Tu vas la payer?

Pourquoi ce serait à moi de payer?!

Alors il ny aura pas daidesoignante.

Il croise les bras.

Tu peux puiser dans la pension de ta mère. Ou alors ton salaire?

Le visage de Jean se durcit.

Et alors, pourquoi jai une femme?

Ce fut le déclic.

Quelque chose en Amandine se brise définitivement. Tout devient dune clarté aveuglante. Jean sest servi delle depuis des années. Et Églantine? Elle ne même pas daigné rendre visite à sa grandmère.

Cette nuit, Amandine ne dort pas.

Au matin, elle sait ce quelle doit faire. Dès que Jean quitte la maison, elle fait ses valises, prend son fils et part. Elle envoie un seul message, puis bloque son numéro :

«Je ne porterai plus ce fardeau seule.»

Le soir même, Jean débarque en furie.

Soit tu reviens, soit je demande le divorce!

Amandine sourit doucement.

Fais donc. Jallais justement le faire.

Pour la première fois, Jean semble perdu. Mais elle ne compte pas attendre ses excuses. Sa décision est prise.

Un mois plus tard, le divorce est officiel. Jean ne sexcuse jamais.

Et Amandine?

Elle ne regrette jamais dêtre partie.

Six mois plus tard

Amandine apprend la nouvelle. Germaine est décédée. Et Églantine? Elle met Jean à la porte sans une once de remords. Cest alors quil comprend. Il a tout perdu.

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“C’est ta mère – donc c’est à toi de jouer !” – Répliqua-t-elle, mais elle en avait vraiment ras-le-bol.
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