«Amélie, vous êtes folle ! C’est une cérémonie de remise de diplômes, pas un carnaval !» La professeure principale de la terminale B leva les mains au ciel. «Des papillons vivants ? Où voulez-vous que nous en trouvions ? Et surtout, pourquoi ?»
«Valérie, il faut que ce soit spécial !» insista Amélie en tapotant sa liste d’idées. «C’est le dernier événement scolaire de nos enfants. Ils s’en souviendront toute leur vie !»
Dans le bureau du proviseur, le comité des parents s’était réuni. Élodie observait en silence, l’esprit ailleurs entre son prochain rendez-vous professionnel, les factures non payées et cette inquiétude sourde concernant son mari, qui semblait de plus en plus distant ces derniers temps.
«Élodie, vous qui travaillez dans l’organisation d’événements, qu’en pensez-vous ?» demanda Valérie.
Élodie se redressa. «Concentrons-nous sur l’essentiel : une bonne musique, un espace photo, peut-être un petit buffet. Le reste n’est que superflu.»
Amélie pinça les lèvres. «Évidemment, vous prônez toujours l’économie. Mais les jeunes veulent de la magie !»
«Les jeunes veulent passer du temps avec leurs amis, pas observer des papillons,» répondit Élodie avec douceur. «Demandez à Manon si vous ne me croyez pas.»
Amélie sembla se calmer. Après un vote, la version minimaliste l’emporta. Une chose de réglée. Restait à comprendre ce qui se passait à la maison.
En sortant, Élodie appela son mari. «Thomas ? Tu es encore au bureau ?»
«Oui, je suis débordé,» répondit-il, la voix fatiguée. «Ne m’attends pas pour dîner.»
«Encore ? C’est la troisième fois cette semaine.»
«Élodie, ne commence pas. Je travaille, je ne m’amuse pas.»
À la maison, Manon révisait son histoire, malgré la fin des examens. «Alors, tu as sauvé la soirée des idées folles d’Amélie ?»
«Figure-toi qu’elle voulait des papillons vivants.»
«Beurk,» fit Manon en grimaçant. «Papa rentre tard, comme d’habitude ?»
Élodie sentit son cœur se serrer. «Tu as remarqué, toi aussi ?»
«Rien de grave, juste une impression.»
Mais Élodie ne put chasser ses doutes. Vingt ans de mariage, et soudain, ces absences, ces messages effacés… Était-il possible que Thomas…
Les deux semaines suivantes filèrent. Le jour du bal, Élodie se fit belle une robe bleu nuit qui accentuait sa silhouette. Manon, radieuse en robe blanche, lui sourit : «Les autres vont être jaloux d’avoir une mère aussi élégante.»
Dans la salle, Élodie observa larrivée de Thomas. À côté de lui, une femme une blonde en robe rouge. Ils chuchotaient, riaient. Son cœur se brisa.
Pourtant, quand elle laffronta, il parut sincèrement surpris. «Claire ? C’est la fille de mon nouveau patron. Elle vient d’arriver à Paris.»
Élodie demeura sceptique jusquà ce quil avoue la vérité : des examens médicaux. Une tumeur bénigne. «Je ne voulais pas tinquiéter avant dêtre sûr.»
Elle le serra contre elle. «Idiot. On traverse tout ensemble, tu te souviens ?»
Ils marchèrent main dans la main sous les lumières de Paris. Vingt ans de vie commune leur avaient appris lessentiel : la confiance est plus forte que la peur.
**Leçon :** Dans l’amour comme dans la vie, les apparences trompent souvent. Ce qui semble être la fin peut n’être qu’une ombre passagère. La véritable force réside dans la confiance mutuelle, même lorsque les doutes murmurent le contraire.







