La vendeuse du magasin m’a soudain attrapé le bras et murmuré : ‘Fuyez vite d’ici, dépêchez-vous’

**Journal intime 15 avril**

Aujourdhui, quelque chose deffrayant sest passé. Jétais au *Petit Lumignon*, notre épicerie de quartier, pour acheter de la farine, quand la vendeuse, Josette, ma soudainement attrapé le bras. Son regard était terrifié. *« Fuyez, vite ! »* ma-t-elle chuchoté à loreille. Sa voix tremblait. *« Ce sont eux ceux qui ont braqué lépicerie de la rue Clémenceau hier. Ils ont blessé une cliente. Allez-y, par larrière-boutique. »*

Mon cœur a battu si fort que jai cru quil allait sarrêter. Deux hommes venaient dentrer, lun grand avec une casquette basse, lautre plus petit, le visage dur. Ils parlaient à voix basse près du comptoir. Josette leur jetait des regards furtifs. Sans réfléchir, jai glissé vers la porte discrète marquée *« Réservé au personnel »*.

La réserve était encombrée de cartons et sentait le carton humide. Jai entendu un bruit sec un coup ? puis des cris étouffés. Jai poussé la porte de derrière, qui a gémi horriblement, et me suis retrouvée dans une ruelle sombre, entre les poubelles. Mon sac était resté à lintérieur, avec mon téléphone. *Que faire ?*

Jai couru vers le commissariat, à deux rues de là. Le brigadier Martin, un homme massif au visage buriné, écoutait un appel radio quand je suis arrivée, essouffée. *« Josette a activé lalarme ! Ils sont armés ! »* ai-je balbutié. Il a immédiatement envoyé une équipe.

Les minutes qui ont suivi ont été une éternité. Assise sur un banc devant le commissariat, je tremblais. Et si Josette était blessée ? Et la jeune mère que javais vue près des bonbons ?

Finalement, Martin est revenu, lair soulagé. *« Ils sont arrêtés. Une équipe de surveillance les cherchait depuis trois jours. Josette va bien, juste choquée. Vous avez eu du courage. »* Il ma rendu mon sac rien ne manquait et ma raccompagnée chez moi.

Dans notre immeuble, ma voisine, Colette, ma attrapée dans lescalier. *« Mon Dieu, Élodie ! Jai vu les sirènes ! Quest-ce qui sest passé ? »*

*« Rien de grave, »* ai-je murmuré, encore sous le choc.

Ce soir, en buvant une tisane, jai pensé à tout cela. Moi, Élodie Fournier, bibliothécaire retraitée, presque soixante-cinq ans, mêlée à un braquage !

Jai appelé mon fils, Théo, qui vit à Lyon. Je ne lui ai rien dit, mais je lui ai demandé de venir pour le week-end. *« Tu es sûre que tout va bien ? »* a-t-il insisté.

*« Oui, oui »* Jai ri un peu nerveusement. *« Juste la vie est courte, tu sais. »*

Demain, je retournerai au *Petit Lumignon*. Josette et moi partagerons sans doute un café, comme si rien nétait arrivé. Mais quelque chose a changé. Peut-être est-ce le poids soudain de cette vérité : que le danger peut surgir nimporte où, même entre les rayons de farine et de confiture, par un après-midi ordinaire.

Et parfois, il suffit dun murmure *« Fuyez, vite »* pour tout remettre en perspective.

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La vendeuse du magasin m’a soudain attrapé le bras et murmuré : ‘Fuyez vite d’ici, dépêchez-vous’
Je t’ai mis au monde pour moi