La Marieuse : L’Art Subtile des Rencontres et des Alliances en France

**Journal de Marc 15 mai**

Mon cœur sest mis à battre la chamade ce matin, alors jai appelé un médecin à domicile. Pas que je sois au plus mal, mais parler à quelquun me manquait cruellement.

Le médecin était nouvelle, jamais vue auparavantjeune, mince, les yeux rougis. De son sac dépassait un long concombre.

Entrez, ai-je dit en linvitant dans lappartement.

Gênée, elle posa son sac dans lentrée, ôta ses bottes et me suivit. En quarante ans, je navais jamais vu un médecin se déchausser chez un patient. Cela ma tout de suite touché.

Le cœur ? demanda-t-elle doucement en sasseyant près du lit où je métais allongée.

Oui, cette saleté, confirmai-je. Il cogne sans cesse. Dans les talons, les genoux, les oreilles et parfois à des endroits que je nose mentionner.

Elle sortit son stéthoscope et ausculta mon dos, ma poitrine, fronçant ses sourcils épilés et plissant son petit nez retroussé.

Les genoux aussi, suggérai-je. Écoutez donc, ça tambourine là-bas !

Elle secoua la tête, refusant net.

Arythmie, annonça-t-elle avant déclater en sanglots.

Cest si grave ? mexclamai-je, sentant mon cœur semballer comme un marteau-piqueur.

Pas vous moi, hoqueta-t-elle. Vous prendrez des médicaments et ça passera, mais moi moi

Là, mon cœur sest calmé dun coup. Enfin, une oreille attentive !

Un mari qui vous a fait du chagrin ? demandai-je en reboutonnant ma robe de chambre.

Je nai pas de mari ! pleura-t-elle encore plus fort. Cest bien là le problème

Un petit ami qui vous a quitté, alors.

Je vais vous prescrire des comprimés. Elle essuya ses larmes avec sa blouse et sortit une ordonnance froissée.

Laissez tomber les médicaments, larrêtai-je. Venez plutôt boire un thé.

Je suis en service, dit-elle en griffonnant.

Moi aussi, rétorquai-je en me dirigeant vers la cuisine.

Elle me suivit, morose, le stéthoscope encore coincé dans les oreilles.

Sortez-moi ça ! ordonnai-je en sortant confiture, biscuits et guimauves enrobées.

Elle obéit et recommença à pleurer.

Je réalisai alors à quel point elle était jeune. Des taches de rousseur, des mains rougies par le froid, et dans ses yeux, le désespoir absolu.

Allez, racontez, dis-je en minstallant à table.

Jai noté vos médicaments Ils sont très bons ! sanglota-t-elle.

Je men fiche des médicaments ! Parlez-moi plutôt de vos larmes.

Cest une allergie au froid, mentit-elle en buvant une g

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