Au fond du tonneau percé

**Journal intime dAurélie**

Dès lenfance, Aurélie savait quelle était belle. Tout le monde le lui répétait.

« Notre fille est si jolie, elle se distingue par sa beauté extraordinaire », disait fièrement sa mère à ses collègues et amis.

Et en effet, tous étaient daccord. Pourtant, une voisine restait sceptique :

« Tous les enfants sont mignons, mais en grandissant, certains perdent leur charme. Enfin, pas tous, bien sûr »

Aurélie grandit et, à la fin du lycée, elle était devenue une jeune femme élancée et gracieuse. Orgueilleuse et capricieuse, elle savait que les garçons exauceraient ses moindres désirs, la dévorant des yeux.

Après le bac, elle échoua à entrer à luniversité et dut se contenter dun BTS en commerce.

« Ma chérie, laisse-moi tembaucher au laboratoire de lusine, lui proposa sa mère. Ce nest pas un travail difficile, tu nauras pas à porter de charges lourdes. »

« Et mon diplôme de commerce ? »

« Oh, qui travaille encore dans son domaine ? Et puis, le commerce, ce nest pas pour toi. »

Aurélie devint donc laborantine. Plus belle que jamais, elle tomba amoureuse de Vincent, un ingénieur dun atelier voisin. Leur passion fut brûlante et brève. Vincent lui demanda sa main.

« Épouse-moi avant quon ne te vole à moi. »

« Oui », répondit-elle, rayonnante.

Ils se marièrent à la cantine de lusine, comme tout le monde à lépoque. Simplement, mais entourés.

Peu après, Aurélie annonça :

« Vincent, nous allons avoir un enfant. »

« Cest merveilleux », murmura-t-il en lembrassant.

Leur fille, Élodie, naît, aussi jolie quelle.

Les années passèrent. Élodie grandit, alla à la crèche, tandis quAurélie et Vincent travaillaient. Mais après son congé maternité, Aurélie changea. Pas physiquement, mais caractériellement. Elle se prit pour une reine, rabaissant Vincent sans cesse. Lui soccupait dÉlodie : il lamenait à la crèche, lui lisait des histoires le soir.

Aurélie, elle, rentrait tard, prétextant le travail, bien que Vincent sache quau laboratoire, personne ne faisait dheures supplémentaires. Il nosait rien dire, de peur des scènes.

« Vincent, ta femme a été vue avec le directeur au restaurant », chuchotaient les collègues.

« Pourquoi épouser une belle femme ? » lui demandaient ses amis. « Un gâteau trop beau, tout le monde en veut une part »

Aurélie fréquentait désormais Antoine, un haut fonctionnaire. Il la couvrait de bijoux et de cadeaux.

Vincent, lui, devint un mari effacé. Il gérait tout, surtout Élodie. Aurélie ne donnait que des ordres.

Puis vint la crise. Antoine fut arr

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Au fond du tonneau percé
Дети, охраняемые судьбой