Jeu avec le feu : Une passion dangereuse

**Journal de Maxime Le jeu dangereux**

« Tu déconnes ! » Éric éclata de rire, la tête renversée en arrière. « Tu lui as dit ça en face ? Devant tout le monde ? »

« Et quest-ce que tu voulais que je fasse ? » Maxime tambourinait nerveusement sur la table. « Je suis marié. Elle ne me lâche pas, elle devient insupportable. Tout le service commence à jaser. »

« Ah, mon pauvre, tu nes pas habitué à ce genre dassaut, » plaisanta son ami. « Un autre en profiterait, mais toi, tu joues les timides. »

« On na pas la même définition de la fidélité, » répliqua Maxime sans méchanceté, mais une lassitude passait dans son regard. « Au début, cétait juste des sous-entendus, je faisais semblant de ne pas remarquer. Je ne voulais pas être vulgaire. »

« Et cest là ton erreur, mon vieux, » dit Éric en levant un sourcil. « Ton silence la encouragée. Tu lui as donné de faux espoirs. »

« Mais quest-ce quelle me veut ? Il y a plein de célibataires ! »

« Pour une femme comme elle, lalliance au doigt nest pas un obstacle, mais un défi, » déclara Éric, philosophe. « La preuve que le produit est de qualité. »

Sophie avait fait son entrée dans leur service comme un coup de vent printanier. Elle nétait pas une beauté classique des traits trop anguleux, une voix basse, légèrement rauque. Mais quand elle souriait, le monde autour semblait changer. La responsable des RH avoua plus tard quelle sapprêtait à refuser Sophie, jusquà ce sourire qui fit tout basculer.

Au début, Maxime lappréciait sincèrement. Son énergie et son esprit vif étaient comme une bouffée dair frais dans la routine étouffante du bureau. Il laidait à sintégrer, partageait son expérience. Pour lui, cétait de la simple sympathie, sans arrière-pensée. Homme profondément attaché à sa famille, il la voyait comme une collègue talentueuse, presque une petite sœur.

Puis les limites commencèrent à seffacer. Ses plaisanteries devinrent équivoques, ses contacts trop fréquents. Maxime, introverti de nature, se sentit dépassé. Sa boussole intérieure, toujours si claire, vacilla. Il commença à léviter, à refuser les déjeuners communs. Mais sa retraite ne fit quattiser la chasseuse.

***

Maxime avait 35 ans, lallure dun homme qui maintient sa vie en ordre avec effort. Grand, légèrement voûté, comme sil cherchait à se faire plus petit. Des cheveux sombres, impeccables, déjà striés de gris aux tempes lhérédité, doublée dun sens aigu des responsabilités. Des yeux calmes, mais trahissant une fatigue intérieure. Il portait des lunettes fines quil ôtait pour frotter son nez lorsquil était tendu. Vêtu sobrement : chemises discrètes, pantalons classiques. Rien de clinquant.

Il fuyait les foules. Le flirt, les intrigues de bureau tout cela lui était étranger. Son élément : le silence, lordre, la concentration. Il redoutait les conflits, préférant se taire, reculer, pour éviter laffrontement.

Pourtant, en lui résidait une forteresse intérieure : son amour pour sa famille. Élodie et les enfants nétaient pas une partie de sa vie ils en étaient le sens. Sa fidélité nétait pas vertu, mais nécessité.

Sophie sétait entichée de lui dès le premier jour. Lui, seul, résistait à ses manœuvres. Le séduire devint une obsession. Pour elle, conquérir un homme marié était la preuve ultime de sa valeur. Son expérience lui soufflait quaucun « parfait père de famille » nétait sincère.

Deux semaines après son arrivée, elle confia à son amie Amélie, les yeux brillants :

« Encore un marié ? Sophie, arrête. Il a deux enfants. »

« Des détails ! Il est malheureux, je le sens. Prisonnier dune cage dorée. Élodie ne le comprend pas. Elle lui offre un confort matériel, mais son âme étouffe ! »

« Comment peux-tu savoir ? Tu las jamais vue ! »

« Je nai pas besoin de la voir ! Lui, je le vois. Il est trop parfait, trop contrôlé Ça cache quelque chose. Je veux laider à se libérer. »

« Sophie, tu parles comme lhéroïne dun mauvais roman. Tu ne veux pas laider tu le veux parce quil est inaccessible. Mais ce nest pas un jeu, cest une vraie vie ! »

« Tu ne comprends pas, Amélie. Cest mon destin ! Je sens quon est faits lun pour lautre. Sa famille « parfaite » je suis sûre quelle a des failles. Rien nest jamais aussi lisse. Et je le prouverai. »

***

Le déplacement à Lyon fut une épreuve. Sophie sétait portée volontaire pour laccompagner. Professionnelle devant les clients, Maxime se détendit. Jusquà ce quon frappe à sa porte, tard le soir.

« Il y a un courant dair chez moi, le radiateur est froid, » déclara Sophie, enveloppée dans un peignoir laissant deviner la soie de sa chemise de nuit.

Le cœur de Maxime lâcha. Une panique épaisse lui serra la gorge. Il pensa au visage dÉlodie, à ses yeux confiants.

« Attends, je vais te donner une couverture, » bredouilla-t-il en se détournant.

Sophie prit lobjet en bougonnant.

« Tu tes enfermé toi-même dans une cage et tu as perdu la clé, » lança-t-elle en partant. « Dommage. Il faudrait savoir se détendre. Je suis sûre quun autre homme se cache en toi. »

Maxime sadossa à la porte, le front contre le bois, sentant son pouls battre à ses tempes. Il éprouva un soulagement mêlé dune pitié étrange pour elle, pour lui, pour cette situation absurde.

De retour, Sophie sembla loublier. Maxime respira. Mais deux semaines plus tard, elle lui demanda de la raccompagner. Il refusa, mal à laise.

« Je te dégoûte à ce point ? »

« Tu es brillante, intéressante, » dit-il. « Mais jaime ma femme. Jai une famille »

« Cest juste ça ? » Une lueur dangereuse salluma dans son regard.

« Non » Il hésita, cherchant des mots, mais elle était déjà partie. Il regretta aussitôt sa maladresse. Et à raison.

Cette nuit-là, un coup sec dans lépaule le réveilla. La voix furieuse dÉlodie le transperça.

« Maxime, tu as perdu la tête ? Cest quoi ces photos quelle tenvoie à cette heure ? »

Il se redressa, le cœur battant. À lécran, Sophie, en lingerie provocante

« Élodie, ce nest pas ce que tu crois ! » Sa voix se brisa. Il lui raconta tout, sans rien cacher.

Long silence. Puis un soupir.

« Mon naïf petit ours, » dit-elle, colère et tendresse mêlées. « Daccord, je te crois. Parce que je sais que tu nes pas capable dune telle trahison. Mais préviens-la : si elle recommence, je viens au bureau et je fais un scandale à faire pâlir les feuilletons. »

Maxime acquiesça dans lobscurité. Le lendemain, il convoqua Sophie en salle de réunion. Elle entra, rayonnante, sattendant à une reddition.

« Sophie, tu as dépassé les limites, » commença-t-il dune voix ferme.

« Oh, arrête, » dit-elle en avançant, une main tendue vers sa joue. « Elle ne te mérite pas. Crois-moi. »

Il recula, la laissant en suspens.

« Quest-ce que tu insinues ? »

« Que ta vie parfaite est un mensonge, » murmura-t-elle, voix douce et venimeuse. « De lextérieur, tout semble idyllique : femme aimante, petite princesse, fils héritier »

« Tout va bien entre nous. »

« Réveille-toi, Maxime ! » Elle se pencha, triomphante. « Ton fils ne te ressemble pas ! Ta fille, si, mais Lucas rien de toi ! »

Un froid glaça Maxime. Il fixa ce visage altéré par la victoire, sentant ses derniers restes de pitié senvoler.

« Je peux le prouver, » ajouta-t-elle, jetant une feuille sur la table. « Regarde : «Probabilité de paternité : 0%». Utile, davoir des contacts partout. Alors, convaincu ? »

Il leva lentement les yeux. Une colère froide, longtemps contenue, éclata.

« Jai toléré tes avances. Mais mes enfants ne les touche pas. Lucas nest pas mon fils biologique. Cela ne regarde quÉlodie et moi. Puisque tu aimes fouiner dans les vies des autres, sache ceci : ses parents la sœur dÉlodie et son mari sont morts. Il est notre fils maintenant. Contente ? »

Elle pâlit. « Désolée, je ne savais pas. »

« Je ne sais pas encore comment tu as obtenu ce test. Mais une chose est claire : tu es dangereuse. Démissionne aujourdhui. Sinon, je porte plainte. Et si jamais tu approches mes enfants » Sa voix devint un murmure glaçant, « la police sera la dernière de tes inquiétudes. »

Sophie quitta lentreprise le jour même. Maxime rentra plus tôt, passa dans la chambre des enfants : Lucas, six ans, assemblant un puzzle ; Clara, huit ans, faisant ses devoirs. Il les serra longuement contre lui, respirant lodeur familière de leurs cheveux.

Le soir, une fois les enfants couchés, il sassit face à Élodie.

« Il faut leur dire la vérité. Que Lucas lentende de nous. »

Elle le regarda, les yeux brillants. « Jai peur. »

« Moi aussi. Mais on le fera ensemble. »

Une semaine plus tard, ils organisèrent une petite fête. Après le gâteau, Maxime prit la parole :

« Lucas, on a quelque chose dimportant à te dire. Sur lamour quon a pour toi. »

Il saccroupit à sa hauteur :

« Tu te souviens quon ta dit que la famille, cest le plus important ? Et quelle peut prendre plusieurs formes. Mon chéri, je ne suis pas ton père biologique. Tes premiers parents étaient la sœur de maman et son mari des gens merveilleux, mais ils ne sont plus là. Maman et moi, on ta choisi. Tu es notre fils par amour. »

Lucas réfléchit, puis les serra dans ses bras et demanda un autre morceau de gâteau. Le nuage qui pesait sur eux se dissipa. Dans ce moment simple miettes sur la table, rires tranquilles , il ny eut plus de place pour Sophie ni ses fantaisies toxiques.

Tout était en ordre.

**Leçon du jour** : Les frontières ne sont pas des faiblesses, mais des remparts. Et parfois, la plus grande force réside dans un simple «non».

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