– Maya, quel âge as-tu ? murmura son père. – J’ai l’impression que tu n’es pas en première année d’université mais en CP. Peu importe l’amour, il faut bien vivre quelque part et manger tous les jours ?

« Maëlys, tu as quel âge ? » demanda doucement le père. « Jai limpression que tu nes pas en première année à la fac, mais en CP. Peu importe lamour, il faut bien vivre quelque part, manger tous les jours, non ? Alors, pourquoi cette précipitation ? Vous voulez vraiment vous marier demain, cest si urgent ? Personne nest contre ton Oleg, quil vienne, on fera connaissance, on discutera, on rencontrera ses parents Je ne dis pas de bêtises, si ?

Théo, tu arrives bientôt ? » demanda Élodie en appelant son mari au travail.

Jai presque fini, répondit-il.

Dépêche-toi, alors. On a quelque chose à te dire, ajouta-t-elle dun ton inhabituel.

Il sest passé quelque chose ? sinquiéta Théo.

Disons que ce nest pas encore arrivé, mais il faut en parler. » Élodie semblait nerveuse, mais rien de grave ne sétait produit.

Quinze minutes plus tard, le chef de famille franchissait la porte de lappartement.

Quest-ce qui se passe ici ? demanda-t-il prudemment.

Change-toi, lave-toi les mains, inutile de tout abandonner pour sauver lunivers, dit-elle en lembrassant et le poussant vers la salle de bains.

Peu après, il revint dans le salon, vêtu plus confortablement.

Viens, murmura Élodie en lentraînant vers la chambre de leur fille. Maëlys était assise sur son lit, les yeux rougis.

Alors, quest-ce qui se passe ? demanda Théo, essayant de rester calme.

Demande à ta fille, rétorqua Élodie. Vas-y, dis à ton père ce que tu as décidé !

Maëlys se renfrogna, tournant le regard vers la fenêtre, refusant de parler.

Écoutez, les filles, dit Théo en tapant fermement sur la table. Soit vous mexpliquez calmement, sans drame, soit vous vous débrouillez seules, et je vais me reposer après le boulot !

On veut se marier, lança Élodie avec sarcasme. Tout de suite, sans attendre !

Comment ça ? sétonna Théo. Juste comme ça ? Avec qui, si ce nest pas un secret ?

Maëlys gardant le silence, Élodie reprit :

Oleg Lenoir, tu te souviens ? Il vient souvent ces temps-ci.

Ah Bon. Alors, ma chérie ?

Maëlys croisa les bras, butée.

Allez, assez joué. Tu veux que je fasse le clown pour avoir des réponses ? gronda le père.

On saime, Oleg et moi ! sécria Maëlys. Il est génial, et on va se marier !

Enfin une lueur de clarté, soupira Théo. Il est dans ta promo ?

Oui, dans le même groupe.

Première année murmura-t-il, résigné. Des gamins

On nest pas des gamins ! protesta Maëlys. On a dix-huit ans, on est majeurs !

Daccord. Si vous êtes majeurs, alors parlons comme des adultes.

Je ne veux pas parler ! Ça va encore être : «Vous êtes trop jeunes, attendez, construisez-vous, vérifiez vos sentiments», et tout ce baratin. Vous, les adultes, vous ne comprenez pas lamour !

Je ne veux rien détruire, ma fille, dit Théo, épuisé. Je veux juste comprendre. Donc, vous vous aimez, cest ça ? » Maëlys hocha la tête. « Tant mieux. Et vous voulez vous marier ? Tous les deux, ou juste toi ?

Papa, arrête de sous-entendre quOleg ne veut pas. Lui aussi veut quon se marie.

Bien. Vous avez lintention, alors. Où vivrez-vous ? Avec quel argent ? Vous y avez pensé ?

Ça na pas dimportance ! Si on saime, le reste ne compte pas !

Maëlys, tu as quel âge ? répéta doucement Théo. On dirait que tu es en CP, pas à la fac. Lamour, cest bien, mais il faut un toit, de quoi manger. Pourquoi cette précipitation ? Personne nest contre Oleg, quil vienne, on discutera avec ses parents Je dis pas de bêtises ?

Absolument, mon chéri. Mais il y a un détail Ils ont une raison de se presser.

Oleg est appelé sous les drapeaux ?

Non, pas Oleg. Maëlys. Tu ne dis rien, cest à moi dannoncer ?

Je ne me tais pas, grogna Maëlys. Oleg et moi, on va avoir un bébé.

Ah fit Théo, interloqué. Et vous comptez faire quoi ?

Nous marier ! Le garder ! Et ne tavise pas de me faire changer davis !

Calme-toi ! Personne ne te forcera à quoi que ce soit. Ses parents sont au courant ?

Il devait leur parler aujourdhui

Et alors ? Il a appelé ?

N-non

Bon, quand il le fera, tu me diras. En attendant, laissez-moi dîner, avant que vos histoires me coupent lappétit.

Ils passèrent à la cuisine, où Élodie réchauffa le dîner.

Quest-ce quon fait ? chuchota-t-elle.

Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Attendons de voir la réaction de ses parents.

Peu après, Oleg appela : ses parents sy opposaient farouchement, la discussion avait dégénéré.

Quinze minutes plus tard, Maëlys entra dans le salon, le téléphone à la main.

La mère dOleg. Elle veut parler à lun de vous

Élodie croisa les bras.

Mon chéri, parle-lui, je nen ai pas la force.

Théo prit lappareil, mit le haut-parleur et porta un doigt à ses lèvres.

Bonjour, je suis le père de Maëlys, Théo Dubois.

Laurence. La mère dOleg. Notre fils nous a annoncé sa relation avec votre fille. Et, visiblement, ils ont déjà franchi une étape. Avec de grands projets. Vous êtes au courant ?

Oui, on a parlé avec Maëlys.

Parfait. Sachez que nous sommes catégoriquement contre ces «grands projets». Notre fils doit étudier, se construire. Un mariage en première année, et un enfant, ce nest pas prévu.

Nous non plus, on ne prévoyait pas ça. Mais votre petit-fils va naître. Quen dites-vous ?

Désolée, mais cest votre problème. Dabord, je ne suis même pas sûre que ce soit le bébé dOleg. Ensuite, même si cest le cas, cette manœuvre se marier en vitesse ne prendra pas avec nous. Votre fille veut se caser, je comprends, Oleg vient dune bonne famille, mais nous ferons tout pour quil la laisse tranquille. Mon mari est du même avis. Oleg a accepté nos arguments. Quelle ne le contacte plus. Quelle fasse ce quelle veut. Au revoir.

La ligne se coupa. Théo regarda sa famille dun air sombre.

Vous avez entendu ? Bref, on assume. Le bébé na pas à payer pour son père. On vous soutiendra. Mais ces gens on réglera ça plus tard. Allez, séchez vos larmes. On sen sortira.

Il attira Élodie à lécart.

Reste avec Maëlys ce soir, pour la calmer. Je dormirai dans sa chambre.

Une heure plus tard, on sonna à la porte.

Qui est-ce à cette heure ? grommela Théo en allant ouvrir.

Il revint peu après avec un jeune homme.

Oleg ! sexclama Maëlys en se précipitant vers lui. Tu viens me chercher ?

Oui. Monsieur Dubois, Madame, je viens chercher Maëlys.

Où ça, exactement ?

On va louer un appart. On est majeurs, alors laissez-nous tranquilles. Tu viens avec moi ? demanda-t-il à Maëlys.

Bien sûr !

Attendez, dit Théo en levant la main. Question : ta mère a dit que toute la famille était contre, toi compris.

Pas exactement. Cest elle qui a décidé. Mon père suit. Moi, jai fait semblant daccepter. Puis jai pris mon portefeuille, mon passeport, ma carte, et me voilà.

Intéressant ! dit Théo, impressionné. Tu veux emmener Maëlys, louer un logement avec quel argent ?

Jai économisé. Je bosse le soir, jai un blog payant. Ça suffira pour quelques mois.

Pas mal. Alors, ma chérie, on laisse partir notre fille ? Ce garçon a lair sérieux.

Je ne sais pas, dit Élodie, inquiète. À cette heure

Justement, pas la nuit. Alors, vous vous mariez ?

Oui ! dirent-ils en chœur.

Et le bébé ?

Même réponse.

On vous soutiendra, à conditions. Un : tu essaies de te réconcilier avec tes parents, avec laide de Maëlys. Deux : Oleg reste ici ce soir. On te fera un lit dans le salon. Trois : pas dabandon des études ! Maëlys aura son congé maternité, puis elle rattrapera. On vous aidera financièrement, mais cest à vous de bosser. Le mariage sera discret pour linstant. Daccord ?

Oui, dit Oleg sans hésiter.

Moi, je voulais une grande noce bougonna Maëlys.

Pas maintenant ! coupa Oleg. On officialisera, et dans un an ou deux, on fêtera ça.

Daccord

Bien. Allez, au lit, demain est un jour chargé.

Plus tard, Élodie rejoignit Théo dans la cuisine.

Dis-moi, comment as-tu changé davis si vite ?

Après cet appel, jétais furieux. Puis ce garçon est arrivé. Jai cru que cétait un faible, mais il a tenu bon. Pour un homme comme ça, je peux donner ma fille.

Tu as toujours raison, mon amour. » Elle lembrassa et partagea les couchages.

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– Maya, quel âge as-tu ? murmura son père. – J’ai l’impression que tu n’es pas en première année d’université mais en CP. Peu importe l’amour, il faut bien vivre quelque part et manger tous les jours ?
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